« Je souhaiterais que ceux qui liront cet ouvrage viennent un jour au Cameroun découvrir la nature profonde de ce pays » |
Pourquoi ce livre et dans quel contexte le situer ?
Il est des vies qui ne s'effacent pas dans les mémoires, surtout si elles représentent des baobabs, célèbres ou non. Un homme a marqué sa famille, il a écrit l'histoire de son pays à sa manière. Sa plume était sa manière d'être, de servir son pays, d'éduquer ses enfants, ses neveux et d'autres jeunes issus des familles autres que la sienne, sans distinction de tribu, d'ethnie... Les témoignages sont nombreux. Il a marqué les siens, ses compatriotes, et d'une manière particulière, ses petits-enfants. Un administrateur civil digne de ce nom a écrit en lettres d'or son nom dans le livre d'or de son pays, avant et après l'indépendance de son pays. Son nom reste gravé dans les cœurs, et un cœur parle, un cœur d'un enfant ébloui, d'un citoyen formé et encadré par cet homme, un cœur multiforme qui exprime certes une passion d'enfant mais d'adulte aussi. Il faut donc lire cet ouvrage et découvrir un homme qui hier et aujourd'hui encore apporte sa contribution à l'édification de son pays. Demain sera fait de ce qu'il fait toujours et toujours.
Comment décrire la nature de l'intrigue ?
Cette œuvre obéit au souci de restituer les valeurs d'une éducation telle que vécue dans une famille africaine en général, et particulièrement camerounaise, dans laquelle la cellule familiale ne se limite pas seulement aux enfants et parents biologiques. Il s'agit d'une famille africaine traditionnelle typique. Ce roman qui se veut réaliste voudrait aussi montrer la voie à suivre aux jeunes élèves qui entrent dans le secondaire et aux parents qui ont tendance à penser que le jeune garçon doit être prioritairement scolarisé au détriment de la jeune fille qui n'aurait sa place qu'auprès de sa maman dans la cuisine. D'aucuns pourraient parler d'une contribution particulière à la promotion de la femme ... Pourquoi pas.
L'éducation familiale en Afrique en général et au Cameroun en particulier a-t-elle perdu ses repères traditionnels ?
Pas à ce que je sache, cependant, dans le contexte de la mondialisation, il serait bon que l'Africain en général et le Camerounais en particulier rattrape très vite ses repères traditionnels qui risquent de lui échapper bientôt s'il ne se réveille pas. L'Africain à mon avis ne peut pas devenir autre chose que ce qu'il est à l'origine. Sorti de ce cadre, il n'existe plus. Un Camerouno-français, un Camerouno-anglais, un Camerouno-italien doit d'abord se définir comme un Camerounais puis adopter de l'autre ce qui le grandit. Il s'agit de puiser chez l'autre ce qui grandit l'homme. Il ne faut surtout pas se renier, c'est la pire des choses. Je souhaiterais que ceux qui liront cet ouvrage viennent un jour au Cameroun découvrir la nature profonde de ce pays. Peut être que l'humanité comprendra que le mal vient du fait qu'on veut se substituer ou transformer l'autre sans le connaître d'abord. L'Africain s'imposera s'il impose aux autres continents le respect qu'on lui doit. Césaire ne nous démentirait pas, Senghor non plus ... encore moins l'Europe, l'Amérique ou l'Océanie.
Pourquoi, dans l'œuvre, l'héroïne substitue-t-elle son papa par son pépé ?
Pépé, c'est le nom de baptême que donne les petits enfants à leur grand-père. Le premier petit enfant qui l'appela ainsi imposa à tous ce nom. C'est la petite-fille ou donc le petit-fils qui parle de son grand-père mais qui se confond avec son père ou sa mère, c'est-à-dire au fils ou à la fille de l'homme-baobab. Il s'agit de continuité, de lignée. Et cela a une signification. Il ressemble, elle ressemble à son père, à sa mère, à son grand-père et donc à pépé. Mais c'est la vie. Un nom affectueux mais un nom pour marquer l'admiration des siens envers une sagesse indéniable. &Oelig;uvre imaginaire certes mais où la conscience de l'héroïne nous invite à vivre dans un monde réel qu'il faut découvrir.
Pourquoi une telle identification entre l'héroïne et son pépé ?
Lorsqu'on a été éduqué par quelqu'un, on est marqué à vie, on vit de la vie que l'on vous a donnée. C'est ce que vit l'héroïne.
Y aurait-il une forme de limite ?
Il ne me semble pas que faire du bien ait des limites. Pourquoi se sent-on obligé de faire traverser la flamme olympique par des continents entiers pour que les Jeux Olympiques se déroulent ? Les Jeux Olympiques s'identifient quelque peu à d'autres et aucun obstacle n'y peut rien.
Quelles sont les équivoques à lever dans cette œuvre ?
Il ne s'agit pas d'une œuvre autobiographique même si la vérité est là, encore moins de personnages irréels même s'ils n'existent pas en tant que tels. Il ne s'agit pas de l'expression de quelque mélancolie. Ce qu'il faut, c'est « rester debout même après une mission bien accomplie ». En conclusion, je laisse libre cours au lecteur et l'invite à se faire sa propre opinion de l'oeuvre et à tirer les conclusions qui lui semblent pertinentes.
Propos recueillis
par HN