Deux ans après la sortie de son document de référence intitulé "Le livre de la beauté noire" (Jean Claude Lattès), le médecin d'origine ivoirienne récidive et change cette fois de registre avec un roman érotique au titre volontairement provocateur. Interview. |
"Confidences érotiques des grandes noires et des petites blanches" Pourquoi tant de clichés pour un titre de roman?
C'est un titre un peu provocateur, mais il est aussi très ludique. Il fallait en trouver un qui colle parfaitement au livre. J'espère que les femmes blanches ne le prendront pas mal. C'est un livre sur l'amitié entre les peuples. Il s'adresse à toutes les femmes de toutes les tranches d'âge. Le personnage central est une femme d'âge mur. C'était plus simple pour moi que ce soit une femme mature de façon à ce que je puisse faire passer mes émotions personnelles. Elle est esthéticienne et autour d'elle gravitent des clientes de tous les âges : 20, 30, 40 ou 50 ans.
Une "globe-troteuse" sexuelle y révèle que tous les hommes sont logés à la même enseigne (Blancs, Noirs, Jaunes). Les Africains qui se croient particulièrement bien montés sont ainsi battus en brèche ?
J'ai consulté plusieurs ouvrages de sexologie au niveau de la dimension
pénienne, les sexologues américains ont effectué une
enquête au niveau de l'armée où ils ont des
échantillons de toutes les communautés (asiatiques, noirs et
blancs) ils n'ont pas démontré qu'il y avait une ethnie qui
serait supérieure à l'autre. Il existe une dimension moyenne dans
la population que certaines personnes peuvent dépasser ou pas. Cette
étude est formelle : les hommes noirs n'ont pas le trophée du
plus gros sexe.
Il faut aussi dissocier la longueur du pénis et les techniques d'amour.
On peut avoir un petit sexe et être un excellent partenaire sexuel. Ce
n'est pas sur la grandeur du sexe d'un homme qu'une femme juge sa
sexualité, c'est sur la manière dont il va lui faire l'amour.
Si les Noirs n'ont aucune qualité physique particulière pourquoi dit-on d'eux qu'ils sont des bêtes de sexes
Ils ont incontestablement plus d'endurance, ils sont moins éjaculateurs précoces.
Pourquoi cette association entre jargon de l'art culinaire et érotisme ?
Je n'aime pas cuisiner, mais j'aime m'exprimer en utilisant des expressions de
cuisine.
L'écriture du roman est très crue. Je ne recherche pas à
obtenir le prix Goncourt. Je me suis laissée aller en me disant, "il
doit rester simple". Beaucoup de conversations sont retranscrites sur le
langage oral.
Il y a aussi cette image marrante du préservatif que la femme cache sous son oreiller tout en faisant croire à son partenaire qu'il est resté au fond de son vagin avant de lui ordonner d'aller le chercher avec une lampe torche Coquine n'est-ce pas ?
C'est d'abord un livre pour rire (rires communicatifs). Il y a des personnages comme Béatrice qui cherche à se payer la peau d'un homme. En fait, elle se venge d'une histoire sentimentale qui s'est mal passée. C'est un personnage féminin meurtri dans son amour propre. Ce roman a un effet miroir, il montre comment se comportent les autres. J'ai voulu d'abord amuser les lectrices en utilisant toutes ses histoires qui tournent autour de la sexualité. j'ai voulu faire un petit appel du pied aux hommes pour leur dire : "Regardez un peu comment les femmes vous perçoivent". Montrer le décalage qui existe dans le domaine de la sexualité entre les femmes et les hommes. Les femmes sont espiègles. Elles ont acquis leur indépendance, grâce notamment à la pilule et au préservatif.
Pourquoi abordez-vous le problème de la simulation du plaisir dans les rapports sexuels en culpabilisant encore une fois les femmes ?
Il y a énormément de femmes qui simulent le plaisir. Je crois
même que toutes les femmes à un moment donné de leur vie
simulent l'acte sexuel pour rassurer l'homme. Le sexualité est
enseignée à la femme pour faire plaisir à l'homme. Il faut
aussi dire que le sexe de l'homme est extrêmement fragile. Les femmes
n'ont pas besoin de mettre un organe en mouvement pour pouvoir faire l'amour.
Les hommes ont besoin d'une érection et il faut qu'ils arrivent à
la maintenir. Les structures psychiques qui permettent l'érection sont
assez complexes.
Le problème de la simulation est qu'on s'installe dans un jeu dangereux.
A force de faire semblant, on finit par ne plus connaître son corps.
Il faut parler dans un couple afin d'obtenir une harmonie sexuelle. Cela fait
partie du ciment qui structure un couple. Il ne faut pas laisser des vies
sexuelles gâchées.
Pourquoi agissent-elles de la sorte ?
Elles ont des tabous. Elles ne vont jamais osé dire à leur mari: "tu me fais ceci, j'aime pas, tu vas trop vite, tu me caresses pas assez"... Elles n'ont jamais réussi à mener leurs partenaires à connaître leurs corps. Chaque femme a ses codes dans la sexualité. La femme peut avoir plusieurs orgasmes (clitoridien, vaginal, les deux se mélangent parfois) tout cela montre bien que ce n'est pas simple. Il y a aussi tout le sensoriel (les seins, les cuisses, les fesses), il faut qu'elle apprenne à l'homme avec lequel elle vit à la connaître. Il arrivera mieux à avoir une harmonie plutôt que de faire semblant. Lui, il va prendre son plaisir tout le temps au bout de quelques années, quand elle passera le cap, la relation s'arrêtera parce qu'il n' y a jamais eu d'harmonie.
Qu'est ce que l'alphabet fessier ?
Je me suis appuyée sur des anecdotes vraies de mes amis. J'ai une copine qui m'a confiée qu'elle forme par le jeu du bassin les prénoms de ses copains par le mouvement des fesses en faisant l'amour. J'ai trouvé cela génial. C'est pour cela que j'ai trouvé un terme approprié pour designer ces jeux de l'amour.
Propos recueillis par Florence Dini