L'oeuvre abondante de Mme Chaold Kouly Pyabélo transporte plus loin que des souvenirs et une imagination nomade, elle traduit en concret des inquiétudes immatérielles. |
"C'est un acte de courage pour une femme africaine d'écrire. Mme Chaold Kouli Pyabélo mérite bien des félicitations de la part de tous ceux qui prétendent enrichir la littérature africaine."
Cet hommage est aussi un encouragement de M. Agbenowossi Koffi ancien ministre togolais de la Jeunesse, des Sports et de la Culture à l'une des rares togolaises pouvant se targuer d'être écrivain.
Née en 1943 à Pagouda, laborantine supérieure de formation, très bonne élève au collège moderne de Sokodé, deux fois prix d'honneur, Mademoiselle Kouli bénéficia d'une bourse, grâce à laquelle elle put poursuivre ses études en Allemagne fédérale, option Laboratoire et Cytologie.
"En 1961, comme toute nouvelle venue dans un pays étranger, j'étais bouleversée par les conditions sociales. J'essayais de m'adapter tant bien que mal à mon nouveau milieu. Après une formation de six ans, nous avons été (une soixantaine de camarades et moi) réparties dans les hôpitaux. Au cours de mes activités professionnelles j'ai pu faire mes preuves à la satisfaction de mes chefs, lesquels ont été plutôt émerveillés par le rendement d'une personne comme moi qui venait de si loin, et, dont ils avaient, jusqu'à présent, une autre idée. C'est également en Allemagne, poursuit Pyabélo que j'ai fait la connaissance de mon mari Chaold Agossou médecin gynécologue. Nous nous sommes mariés en 1969 et nous avons eu deux enfants Mawussi et Afi."
"Pour ce qui est de mes écrits, vous imaginez aisément, que le fait d'avoir vécu longtemps à l'extérieur m'a beaucoup inspirée et puis, j'aime bien les livres et la lecture qui sont mes principales sources d'inspiration". Le premier ouvrage de Mme Chaold s'intitule "Souvenirs de douze années passées en République Fédérale d'Allemagne" rédigé en deux éditions (première édition en 1975 - deuxième édition en 1978). Ce livre met en relief les prodiges de l'homme blanc, avec un constat de discrimination propre à certains milieux européens. Ce qui amène l'auteur à méditer sur une question posée par son fils "Maman ist Gott Weib oder Schwarz?" (Maman Dieu est-il blanc ou noir?) Agréablement surpris par la vie métropolitaine, le précoce Mawussi en vient à demander à sa mère la nature de Dieu; question à la fois pertinente et fort embarrassante à laquelle maman Chaold répond "Dieu n'est ni blanc ni noir, seulement les blancs ont une avance technologique sur les noirs, à preuve toutes les découvertes et inventions, les vaccins et sérums, les voitures et avions, etc; surtout les Allemands sont travailleurs, les gens qu'on a souvent tendance à considérer comme des racistes du fait de leur rapport assez vague avec l'Afrique, au contraire des Français et des Anglais qui eux, sont plus familiers avec le continent en raison des influences coloniales.
Ce sont les Allemands eux-mêmes qui ont édité ce manuel à deux mille exemplaires. Je suis sur le point d'en tirer encore deux mille autres exemplaires, parce que c'est très instructif".
Mon deuxième titre est "Brief einer Togolesin an ihre Bekannten und freunde in Deutschland" (Lettre d'une Togolaise à des Amis et connaissances en Allemagne.
"J'avoue que je suis plus à l'aise en Allemand qu'en Français, ce qui explique que la plupart de mes ouvrages sont écrits en Allemand avant d'être traduits en Français."
- Le "Missionnaire de Pessare Kouloum" édité le 23 septembre 1979, traite de la perversion des croyances.
- Le "Caneton Egaré" paru en juillet 1969, déplore les incartades de la jeunesse contemporaine dans sa conduite et propose qu'on lui inculque une éducation similaire à celle reçue par les "anciens".
- "Enfants à la ferme de Lama-Tessi" est un recueil de souvenirs d'enfance. Il s'agit d'une narration de la vie champêtre. Un garçon et une fille, Djidelé et Wédè sont chargés par leurs parents de chasser les oiseaux qui pillent les semences afin d'assurer une bonne récolte.
- "Fala le Redoutable" est un des livres qui a connu beaucoup de succès. C'est l'histoire d'un fils de chef de village, appelé Fala, qui s'amusait à nous taquiner quand, encore enfants nous allions chercher de l'eau dans la rivière Kara. Mme Chaold concilie parfaitement ses activités matrimoniales, professionnelles et littéraires. "Je m'en tire sans problème car vouloir c'est pouvoir, nous confie-t-elle en souriant. C'est une question d'organisation. Mais, pour écrire on a besoin de calme et de tranquillité, tout doit se faire loin de tout vacarme. J'écris de préférence tard le soir et au petit matin".
Cependant, remarque Mme Chaold, les frais d'imprimerie constituent un handicap. A chaque fois, il faut payer une avance à l'imprimeur avant l'édition. Or, en Europe on peut éditer un bouquin sans caution. J'ai plus d'une douzaine d'oeuvres à faire paraître, qui se trouvent ainsi bloquées faute de moyens. J'espère que grâce aux bons soins du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, et surtout grâce à Monsieur le Président de la République, qui accorde un intérêt capital à la promotion de la Culture, tous ces problèmes seront résolus. Pour l'instant, j'ai signé un contrat réconfortant avec les Nouvelles Editions Africaines (NEA) qui m'accordent des droits d'auteur.
Enfin "Boboutorou et le Hibou", la "Plus belle fête de Pâques", "Akla et Dicky", "Passely préfère le poisson fumé" sont actuellement en composition.
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