Poétesse, écrivain, professeur de danse, chorégraphe, lauréate de plusieurs prix de poésie en 2007, Jeanne-Louise Djanga est née au Cameroun où elle a passé une jeunesse rythmée par la lecture, la musique et les voyages. Après un Deug de sciences économiques, elle intègre une école de danse, l'institut professionnel (Ipromed) où elle a passé quatre ans pour obtenir son diplôme de chorégraphe. Elle étudie en plus l'histoire de l'art, de la musique et de l'architecture. Elle nous présente ici son second ouvrage, "Eclats de vers de voix de rires", un recueil poétique, richement illustré par Joëlle Esso, qui nous invite à la ballade et nous initie aux plaisirs simples des sens. |
Comment vous est venue l'idée d'écrire ?
Les livres ont toujours fait partie de mon environnement et de ma vie. Mes parents avaient beaucoup de livres à la maison et à l'époque, la télévision n'était pas aussi envahissante qu'aujourd'hui. J'ai été nourrie par Françoise Sagan ("Bonjour tristesse.." ), François Mauriac ("Le noeud de vipères"), Alan Paton ("Pleure ô pays bien-aimé")... Bref, toute la littérature française, africaine et internationale. J'avais des lectures très éclectiques. Cet environnement littéraire a eu une influence sur ma façon d'envisager ma carrière littéraire d'aujourd'hui. Au lycée, j'ai commencé à écrire dans les fameux "cahiers de souvenirs", qui ont contribué à mon éveil littéraire.
Quand avez-vous écrit votre premier poème ?
Lorsque j'ai écrit - et illustré - mon premier "cahier de souvenirs", les textes prenaient de manière inconsciente une forme poétique. Je laissais libre cours à mon imagination, mais je n'ai gardé aucun document de l'époque. Mon premier poème "conscient", je l'ai écrit en 2006. Il s'intitule: "Ecrire" et figure dans mon premier ouvrage.
Qui vous a encouragée à écrire ?
Depuis la petite école, j'ai toujours eu une aisance littéraire et des aptitudes rédactionnelles qui ont été confortées par mon environnement familial. Mes parents, mes professeurs de français m'ont beaucoup encouragée... Mes enfants sont mes premiers lecteurs : ils ont un regard pur, je sais qu'ils ne vont pas me juger.
Comment étaient vos débuts avec la poésie ?
Mon premier recueil a été facile à rédiger. J'écrivais partout : dans le métro, le RER,... A vrai dire, je n'ai pas eu le syndrome de la page blanche, je me suis vraiment lâchée et j'ai exprimé toute la musicalité de mes émois. J'ai envoyé mon manuscrit et j'ai obtenu une réponse positive au bout de quelques semaines.
Pourquoi avez-vous choisi la poésie pour vous exprimer ?
J'ai fait fi de tous les tabous, de toutes les pressions. La poésie est marquée par l'oralité et la musicalité des vers. C'est un genre littéraire universel, un art majeur qui allie avec bonheur la conviction et l'action. La poésie est, à mon sens, la forme d'expression qui fait le plus ressortir mon moi intérieur. Elle exprime une certaine intériorité, une émotion, un ressenti, un choc immédiat. En tant que femme et maman, c'est une manière de m'affirmer et d'avoir une certaine indépendance et une liberté de penser. Le but est que chacun s'approprie mes écrits et s'y identifie. La poésie éveille et réveille les consciences. Ma poésie est d'abord destinée à être entendue puis elle peut être abordée par une lecture silencieuse et méditative. Si le mot "poétique" a, dans son acception quotidienne, le sens d'harmonieux et de sentimental, elle a aussi des vertus thérapeutiques, en ce sens qu'elle apaise les maux de l'âme. Orientée vers le "moi et le soi", elle permet de composer sa musique personnelle, avec des gammes propres à la vie de chacun.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie familiale ?
C'est le grand débat des femmes de ce siècle. Je ne considère pas l'écriture comme un métier. C'est une passion. C'est la plus belle chose qui me soit arrivée, après mes enfants... Combien de personnes ici-bas ont eu le privilège de vivre, d'accomplir et d'assurer leur destin ? Malgré les contraintes, les aléas et les sacrifices, il est crucial d'avoir une exigence intellectuelle et spirituelle sans laquelle tous les efforts seraient vains. Je suis face à une dualité perpétuelle, à deux mondes antinomiques, mon travail et ma passion, qui se complètent. Pensez-vous qu'un jour vous écrirez des romans ou des nouvelles ? J'ai déjà deux romans en attente et j'espère que d'ici la fin de l'année, le "Gâteau au foufou" se dégustera dans les chaumières. C'est un voyage touristique dans le Cameroun, un roman semi-autobiographique qui explore mon pays natal dans toute sa spécificité, son originalité et sa splendeur. Le second, dont je tais le titre pour le moment, est un fait de société, l'histoire d'une femme de 60 ans face à l'indifférence de son époux qu'elle n'aura de cesse que de reconquérir après 30 ans de mariage... Et de quelle façon !
Quels sont vos projets immédiats ?
Après le printemps des poètes durant le mois de mars, j'entame une "tournée poétique en France et à l'étranger pour des expositions, des séjours et des récitals poétiques.
Propos recueillis
par Anastasia Sabine
"Eclats de vers de voix de rire" est disponible aux éditions
Dagan-Distribution, en grande distribution (FNAC, en ligne, sur
Internet, librairies du quartier).