Après avoir publié Les travaux du quotidien en 2005, l'écrivain d'origine camerounaise Germaine Ewodo revient avec Eding, le garçon handicapé qui sauva sa belle mère. Dans ce second ouvrage, elle prouve sa polyvalence en présentant un récit et une seconde partie dédiée à la poésie. |
Quel est votre parcours ?
J'ai fait un bac D puis la faculté de Sciences naturelles car je rêvais de faire médecine pour faire plaisir à mon père, mais cela ne s'est pas fait. De plus, je sais qu'il affectionnait l'écriture lui aussi. Je suis autodidacte. J'aime les défis et la flexibilité, je n'aime pas ce qui est trop codifié. Chaque chose de la vie a besoin de se construire elle-même.
Continent avez-vous commencé à écrire ?
L'écriture remonte à très loin, bien avant que mon premier livre ne paraisse. J'ai dû refouler ma passion, la garder enfouie en moi car lorsque j'étais jeune, dans ma famille, il était difficile de dire que l'on voulait se consacrer à l'écriture car ce métier n'était pas jugé sérieux. Ma passion pour les contes me vient de ma mère qui avait l'habitude d'user du charme de ses histoires et de ma curiosité pour me canaliser. Elle me captivait et je restais tranquille jusqu'à la fin de la narration. Quant à l'écriture, elle me vient de mon père. J'ai voulu laisser une trace de mes parents, et cette trace c'est les livres que j'écris.
Que préfériez-vous le plus entre les poèmes et les récits ?
Je mets les deux au même niveau, même s'ils ne sont pas comparables. J'ai écrit plus d'une quarantaine de contes mais la poésie, c'est spécial. Si on prend, par exemple, mon poème "Nostalgie", il montre une influence, une cohérence et une continuité. La poésie exprime des sentiments profonds. Il est quelquefois bénéfique d'éliminer le superflu et de se polariser sur l'essentiel. C'est pour cela que j'ai différents poèmes qui se composent de très peu de vers. On voit de cette façon la force des mots.
Si l'on prend mon conte "Eding", on s'aperçoit qu'il y a un message, celui de l'enfant roi, le garçon, la place qu'il occupe dans la société.
Que vous apporte l'écriture ?
Pour moi, l'écriture fait partie des travaux du quotidien. C'est ma raison de vivre, c'est une chose fondamentale qui fait partie de moi.
Quels sont les auteurs, les œuvres qui vous ont marquée ?
J'aime beaucoup Jean-Jacques Rousseau, Guy Tirolien avec sa Prière d'un petit enfant nègre et Victor Hugo avec Demain, dès l'aube. Quand on lit Hugo, on ressent la puissance de ses mots. Il a une œuvre très dense. Dans la littérature africaine, j'apprécie Senghor, Amadou Lamine Sall, le poète sénégalais contemporain, Fernando d'Almeida, poète et journaliste camerounais, Cheikh Anta Diop et l'écrivain anthropologue Séverin Cécile Abega.
Quels sont vos projets ?
J'ai réalisé une intervention à une manifestation le 6 mars dernier où j'ai lu une de mes œuvres, "L'homme riche et le collier de diamant". J'espère encore publier car j'ai des projets concernant des romans et de la poésie.
Propos recueillis
par A. Diallo