Avec "Hoa ou les portes de la vie", cette étudiante sénégalaise (elle prépare en effet une Maîtrise de Sociologie de la culture à l'Université de Rouen et un Diplôme d'Anthropologie de la transmission orale à l'École des Hautes Études en Sciences sociales) ne réalise pas seulement son rêve à l'instar de Hoa, son héroïne, transportée dans une forêt imaginaire par la magie du rêve. Elle met surtout à la disposition de ses futurs lecteurs, un excellent conte initiatique. Interview. |
La première impression qui se dégage en décourvrant votre ouvrage est votre fascination pour le sacré. Est-ce exact ?
Je suis avant tout attirée par la culture et la littérature africaines injustement critiquées. Leur préservation est une nécessité absolue. L'animisme est un aspect important de la culture africaine. De toutes manières, en Afrique ou ailleurs, le profane et la sacré se côtoient en permanence.
Il y a également la symbolique des mots qui constitue (selon votre ouvrage) les six portes de la vie - amour, liberté, illusion, univers, feu, vie - ce qui confère à votre récit le caractère d'une véritable initiation à la vie. Partagez-vous cette analyse ?
Quand on me demande qu'elle est ma musique préférée, je réponds : le silence. Je sais que de temps en temps, j'ai besoin de calme. Je lisais dans un ouvrage récemment la citation suivant : "Quand on ne sait pas faire une belle chanson, il vaut mieux faire silence..."
La forêt dans laquelle est transportée votre héroïne par la magie du rêve peut-elle être assimilée à la jungle que sont nos sociétés actuelles en mal d'imagination, face aux multiples besoins des jeunes ?
Dans un village africain, on abat quelques arbres afin de créer une clairière sur laquelle se construisent des cases habitables. Mais la forêt sauvage n'est jamais loin. Elle se trouve juste à l'extérieur du village qui représente la vie en société. Quand Hoa rentre dans la forêt, elle a besoin d'éducation à la vie sauvage. En ressortant, elle a appris plein de choses qui vont peut-être lui permettre de réintégrer la vie en société.
Auriez-vous écrit ce conte au Sénégal ?
Je ne le pense pas. Le voyage y a certainement beaucoup contribué. J'ai toujours eu une fascination pour la culture orale et la manière de s'exprimer des adultes, partulièrement celle des maîtres de la parole que sont les griots. Je me suis servie de certaines valeurs de chez nous. Dans la communication traditionnelle africaine, tout n'est pas expliqué. Le jeune est invité à apprendre, à écouter dans le silence. Ce n'est que lorsque les adultes vont l'observer et constater qu'il est intéressé par quelque chose de particulier, qu'ils vont commencer à lui apporter les réponses aux questions correspondant à ses besoins spécifiques.
Parlons un instant de votre style d'écriture. Celui-ci se traduit par un mélange habile de la culture française et sénégalaise. De ces deux cultures, laquelle est la plus proche de vous ?
La culture africaine, parce qu'on y pense d'abord avec des images. Un conte, pour moi, est une succession d'images.
Propos recueillis
par Florence Dini
Hoa ou les portes de la vie. (Paris: Editions les 3 Orangers - [13 avenue de Saint-Mandé 75012 Paris. Tel. 01.43.46.64.72] - 2001, 91p.)