Scénariste, blogueuse et réalisatrice congolaise, Laura Guliamo Luyeye vient de publier en avril 2012 son premier roman aux éditions Edilivres. Dans « Seule face au destin », la jeune femme met en lumière les conséquences de la violence conjugale sur les enfants et la violence en milieu scolaire en Afrique. |
Pourquoi choisir ces thèmes pour un premier roman ?
Je voulais me libérer des souvenirs qui me hantaient depuis l'enfance, puis essayer de rappeler aux adultes les conséquences de toutes ces violences sur les enfants. Tout le monde est au courant de ces violences: les parents, les enseignants, les directeurs et même les autorités. Cependant, ils font la sourde oreille alors que ces violences ont des répercussions sur les notes des enfants, sur leur santé physique et mentale. A Kinshasa, ces mauvais traitements inligés aux enfants sont monnaie courante. Les enseignants vont jusqu'à instaurer une loi obligeant les élèves à leur ramener en guise de travail manuel à domicile, une somme d'argent qui varie selon leurs besoins. Et les élèves qui ne la ramènent pas, ils ont droit à quelques coups de fouet.
Parlez-nous de votre personnage principal ?
Dita est une petite fille de dix ans. Au début du roman, elle est écrasée par les mauvais traitements de son père et de son prof. Elle va même tenter de se suicider mais heureusement, elle va vite comprendre qu'elle n'a qu'une seule vie et qu'elle ne peut pas la détruire à cause de la méchanceté des autres. Du coup, elle décide de se battre pour avoir un jour un avenir meilleur. Vous savez, ce roman, je l'ai dédié à tous ces enfants maltraités qui se sont donné la mort car ils étaient incapables de supporter plus longtemps les mauvais traitements. Dans ce roman, je parle de mon enfance, de ma vie, des traitements que j'ai subi. Je n'ai jamais été « la nulle » ou « la bonne à rien » comme on me qualifiait.
Votre écriture est simple et pleine d'entrain.
A l'école, je racontais toujours des histoires drôles à mes camarades de classe. Je faisais un « one woman show » sans le savoir. Je suis accro à ce genre de spectacle. J'en regarde au moins un chaque jour. Du coup, j'ai décidé d'écrire mes romans comme des one woman show. Avec une écriture simple.
Depuis quand écrivez-vous ?
J'écris depuis l'âge de 12 ans. Ancienne élève du lycée Bosangani, c'est mon prof de français, le prof Kaziba, qui corrigeait mes manuscrits, et mes premières lectrices étaient mes camarades de classe. Je me mettais toujours au fond de la classe, malgré ma petite taille. Il suffisait que le prof dise une phrase et moi, à partir de cette phrase, j'avais toute une histoire dans ma tête. Alors, je sortais mon cahier, j'écrivais mon histoire et j'oubliais les cours.
Pourquoi écrire ?
C'était pour moi le seul moyen de me défouler, d'oublier les situations horribles dans lesquelles je me trouvais. Et puis, je prends énormément de plaisir à écrire. J'écris aussi pour laisser des traces...
Avez-vous des projets ?
Oui, j'aimerais bien adapter mon roman au cinéma... je suis déjà entrain d'écrire le deuxième. Et je viens de créer une association, « Un nouveau sourire » qui a pour but de rénover les hôpitaux pédiatriques d'Afrique centrale, de rendre les hôpitaux plus conviviaux et pratiques, de leur donner un nouveau souffle et d'apporter du réconfort et du bonheur aux enfants malades en améliorant la qualité de leur vie (espace salon, télé, aires de jeux).
Propos recueillis
par Nzamba Kutika Gaby
Contact: [email protected]
Blog: lauraguliamoluyeye