Sandra Pierrette Kanzié auteur des
"Tombes qui pleurent"
Ce recueil de vers d'une jeune Burkinabé de 21 ans a connu quelques problèmes pour être édité, les parents de la jeune fille le trouvant trop osé. |
Les Burkinabés n'aiment pas trop la poésie qui est une forme particulière de communication. Tous les sentiments ne sont pas traduisibles par n'importe quel genre littéraire. Si mon ouvrage ne connaissait pas de succès parce que c'est une oeuvre poétique, il faudrait s'inquiéter. On ne saurait condamner la poésie parce que c'est de la poésie. Il importe de pénétrer le message.
Pourquoi la poésie pour vos premiers pas dans la littérature?
Je n'ai pas fait de choix. L'inspiration poétique s'est imposée à moi. En classe, mes professeurs me reprochaient mes dissertations poétiques.
Etes-vous tentée par d'autres genres littéraires (roman, nouvelle théâtre)?
Oui, mais je m'y engagerai, après le baccalauréat.
Les "Tombes qui pleurent" est le titre de votre ouvrage. Pourquoi un titre si triste?
J'ai constaté que la vie est souvent triste. Nous naissons dans la joie et mourons dans la tristesse. Certains meurent dans des conditions dramatiques et horribles. Cela fait naître une angoisse existentielle car nous sentons peser sur nous l'implacable malédiction de la mort. Et pourtant l'homme aime vivre. Le titre "Les tombes qui pleurent" est la traduction abrégée de l'inassouvissement de la vie.
Vos poèmes ont-ils un rapport direct avec votre vie?
J'interprète à ma façon les joies, les pleurs et ce qui fait l'objet de notre souci majeur. Etant moi-même de ce monde, mes thèmes pourront avoir une filiation avec ma vie. Mais je n'écris pas directement sur ma propre vie.
La préface de votre ouvrage est signée par Me Pacéré. A-t-il contribué à son édition?
Il a été demandé â Me Pacéré de me soutenir et il a accepté. Quand je lui ai apporté mon manuscrit, il était un peu surpris. Il constata par la suite que j'étais en partie inspirée de ses oeuvres poétiques. Il m'encouragea à ce niveau. Je lui demandai de m'en faire la préface, car cela était aussi nécessaire, étant donné que c'était ma première oeuvre.
Vos projets d'avenir?
Réussir dans mes études et acquérir plus de connaissances et les transmettre à mon public.
Qu'est-ce que la poésie pour vous?
La poésie est l'expression enthousiaste du coeur, suivie d'un sens et d'une cadence. C'est l'art du coeur et du langage de l'ineffable. A l'école primaire, j'aimais beaucoup les récitations. Toute petite je pris conscience de certaines réalités et je sentis petit à petit que j'étais inspirée. Cela se manifesta un jour quand je pris la plume et que j'écrivis quelques vers. C'était deux ans après les émeutes de Soweto. A l'école, nous dissertions sur le sort tragique que connurent ces enfants qui avaient à peu près le même âge que nous. On voyait cela à la télévision, c'était réellement pitoyable. Cela a inspiré mon premier poème que je présentai à mon frère. Il le prit et me dit qu'il le ferait publier dans "Ivoire dimanche". Ce poème était intitulé "Mon frère noir". Je déchirai tous les autres poèmes. Pourtant à partir de la 4ème, je commençai à les garder. La littérature burkinabé a de l'avenir car la plupart des auteurs sont jeunes.
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