Catherine Samali Kavuma est née à Nkokonjeru, Ouganda. A
l'âge de huit ans, elle part, avec sa famille, pour le Royaume Uni
où travaille son père, employé du Bureau Ougandais pour la
Promotion du Café (Uganda Coffee Marketing Board). Durant les
années 70, sa famille quitte le Royaume Uni pour l'Ethiopie. Catherine
fréquente Loreto Couvent Msongari, à Nairobi, au Kenya, où
elle obtient son diplôme d'études secondaires. Plus tard, elle
repart pour le Royaume Uni poursuivre ses études au Couvent de St.
François de sales en Hertfordshire. Au milieu des années 80, Catherine déménage aux Etats-Unis pour continuer ses études universitaires. Elle fréquente l'Université de l'Etat de New York (SUNY) à Cortland où elle obtient une licence en anthropologie avec pour spécialité l'archéologie. Durant son passage à SUNY, elle fonde le « Culture Club », une association anthropologique qui sollicite des fonds pour organiser la visite à l'université d'éminentes personnalités et spécialistes du domaine. Parmi eux, en 1983, le Dr. Richard Leaky, un éminent archéologue du Kenya. Au milieu des années 80, Catherine rejoint Washington, D.C., pour travailler, comme assistante personnelle de la Princesse Elizabeth Bagaya, ambassadrice de l'Ouganda, nouvellement accréditée auprès des Etats-Unis. Elle travaille ensuite brièvement à l'Ambassade du Canada, à Washington, D. C. De là, elle obtient un emploi à la Banque mondiale, comme assistante de projet dans le bureau du directeur exécutif pour l'Afrique. Elle y travaille encore. Amina l'a rencontrée, accompagnée de ses deux enfants, Nadia et Philippe. |
Qu'est-ce qui vous a poussée à écrire Malita ?
N'ayant pas grandi dans mon pays, l'Ouganda, mes parents ont fait de leur mieux pour que mes frères et soeurs et moi connaissions notre langue maternelle, nos moeurs et les histoires traditionnelles. Je me suis décidée à faire de même pour mes deux enfants. Je suis même allée plus loin en décidant de documenter les récits que je leur racontais.
Est-ce une autobiographie ?
Mon ouvrage n'est pas une autobiographie, mais un livre de récits rempli d'importantes informations sur la culture de Kiganda. Toutes les histoires sont des fictions et essaient d'éduquer ceux qui voudraient en savoir plus sur 1a culture et la population de Buganda. J'ai fait beaucoup de recherches sur les dieux de Buganda, et sur la société de Kiganda en général. Un grand nombre de noms de personnages proviennent de ma propre famille (grands parents, frères, soeurs, tantes, M.).
Katonde (Dieu) Walumbe (la mort) apparaissent beaucoup dans cet ouvrage, Y-a-t-il une raison ?
Baganda croit fermement aux ancêtres, au Créateur (Katonda) et en la mort (Walumbe). On invoque les ancêtres pour consultation et parfois même on les implore.
La peur de la mort existe dans nombre de cultures et Walumbe apparaît dans un tas d'histoires. Le Créateur est, bien sûr, le plus grand esprit auquel Baganda se réfère. Il est le plus grand médiateur et celui qui peut toujours vaincre la mort, c'est pourquoi on l'invoque régulièrement et il est toujours présent dans tous les aspects de la vie.
Quel est votre personnage favori, Malita, je présume?
Pour moi, Malita représente la femme africaine forte et résistante. Elle est le genre de femme que chaque Africaine se doit de connaître. Malita est une femme et une épouse; elle est bienveillante et forte. Elle enseigne à ses garçons que l'homme n'a pas besoin d'être impoli et abusif pour être reconnu comme un vrai homme, et à sa fille qu'elle peut réussir dans tout ce qu'elle entreprend sans être sous-estimée car elle a autant de valeur qu'un homme. Malita est disposée à aller à l'encontre de la tradition en quittant son mari abusif (rappelez-vous qu'au Buganda, une femme ne quitte pas un mariage abusif parce que le prix de la mariée a été versé. Et s'il faut retourner chez ses parents, cela est embarrassant et est considéré comme une malédiction pour toute sa famille) et partir avec ses enfants (dans la culture Kiganda, une femme porte ses enfants pour le mari, et non pas pour elle - ainsi, les enfants appartiennent-ils au mari).
Est-ce que "Malita et autres histoires" auront des soeurs? Est-ce qu'il y a d'autres ouvrages à venir ?
Actuellement je caresse l'idée de continuer l'histoire de Malita ou, au moins, de sa fille. Beaucoup de mes lecteurs m'ont affirmé qu'ils aimeraient en lire davantage à propos de Malita.
Quel est votre objectif en publiant ce recueil de nouvelles ?
Au départ, je voulais faire découvrir ma culture, mais je ne connaissais pas le meilleur moyen d'y parvenir. Je pensais à un ouvrage d'histoire mais je me disais que ce serait trop vaste pour les lecteurs parce qu'il y avait trop d'aspects de ma culture dont je voulais parler. La meilleure méthode, pour moi, a été celle des récits succincts. Par cette méthode, dans chaque histoire, je peux aborder de nouveaux sujets, transmettre de nouveaux messages.
Quel serait votre conseil pour les femmes qui aimeraient suivre votre parcours ?
Quiconque souhaite écrire un ouvrage doit au préalable commencer par mettre par écrit ses idées. Parfois ce que vous écrivez peut vous paraître stupide, mais pour d'autres cela constitue un trésor. On ne doit jamais avoir honte de ce que l'on écrit parce que l'écriture est différente d'une personnalité à une autre. Ce qui est nécessaire, c'est de faire passer son message à une audience choisie. Par la suite, les idées se bousculent dans la tête et tout se déroule normalement.
Propos recueillis
par Asmaou Diallo