Recontre avec la jeune poétesse sénégalaise
Kiné Kirama Fall
"Pour moi c'est l'âme africaine qui chante le monde,
et je chante pour toutes les filles et femmes d'Afrique."
Femme et Poète, voilà Kiné Kirama Fall telle que je l'ai trouvée au cours de quelques entretiens que j'ai eus avec elle. Sensible, elle l'est. Sait-elle seulement qu'on admire son talent? Je lui ai remis une lettre d'un admirateur de Pointe-Noire, cela n'avait pas l'air de la troubler. Elle n'aime pas les interviews, m'a-t-elle dit, mais elle a bien voulu cependant répondre à mes questions. |
Comment dans votre vie en êtes-vous venue à la poésie?
Je crois que je ne suis pas allée à la poésie, c'est la poésie qui s'est toujours installée en moi. Mes poèmes sont presque tous des chants. Pour moi, c'est l'âme africaine qui chante le monde, et je chante pour toutes les filles et femmes d'Afrique. Je chante la terre, la mer, le ciel, le vent, le soleil, toute la nature. Mais par-dessus tout, je chante Dieu que j'aime.
J'ai toujours été une solitaire. Ce n'est pas que je n'aime pas les autres, je les aime bien, même trop, mais seule je réfléchis beaucoup pour évoluer parce que l'évolution c'est d'abord l'esprit, et dans ces méditations je suis de plus en plus pénétrée de vérité. Et l'être ne se connaît que s'il engage un dialogue avec lui-même, et il faut se connaître d'abord avant de pouvoir connaître les autres et les comprendre, parfois on engage une lutte avec soi, c'est le plus dur des combats et il faut se vaincre, après on peut se dire qu'on existe et on plane.
Qu'est-ce que l'art pour vous? Est-ce quelque chose de théorique ou quelque chose de pratique?
L'Art c'est l'action concrète dans la création. Tout le monde peut se retrouver dans mes chants. Tout ce qui doit être dit sur nos joies et nos douleurs d'hommes a été dit par les anciens. Ce que je veux, c'est aller à l'Universel, chanter l'Universel. Je pense que j'ai quelque chose à dire et je le dis. Mon plus grand désir est de communier avec mes soeurs et mes frères. Je suis Sénégalaise bien sûr, de coeur, mais avant tout je suis Africaine par l'âme.
Quand avez-vous commencé à faire de la poésie?
J'ai toujours écrit, mais je ne savais pas que je faisais de la poésie. Et c'est tout-à-fait par hasard qu'on me l'a dit, et on n'a cessé de me répéter que c'était formidable. Puis on m'a proposé de m'amener voir Birago DIOP, mais je n'aime pas les intermédiaires, et j'y suis allée toute seule sans le connaître. J'ai pris quelques poèmes, j'en ai enregistré d'autres sur une cassette et je les lui ai portés. Deux jours plus tard quand j'ai pénétré dans son bureau, il m'a dit: je suis fier de vous. Depuis il me suit de très près et m'encourage.
A ce propos, j'aime aussi dire mes poèmes.
Je suis également encouragée par ces grands qui rayonnent sur l'Afrique et beaucoup de mes frères de haute culture qui tous oeuvrent pour notre marche vers l'Universel. Je suis heureuse de voir que je suis adoptée par presque tous les écrivains et poètes du Sénégal qui m'ont dédicacé leurs livres, je reçois des lettres d'un peu partout.
J'ai eu l'honneur d'être encouragée par le Président Senghor. Il est comme un père qui veille sur son enfant, et malgré ses multiples préoccupations trouve le temps de m'honorer de ses conseils et de ses encouragements. Cela me touche très profondément, venant du Grand Poète et de mon Président. Et cela est très important pour moi.
Mais voyez-vous tout ce soutien me dit que maintenant plus que jamais je dois toujours mieux travailler pour évoluer, et mériter plus encore leur estime et leur sympathie. Je m'efforcerai toujours de ne pas les décevoir.
Un receuil de mes poèmes sortira bientôt.
Avec-vous des thèmes préférés?
Je ne choisis pas de thèmes, ce sont les thèmes qui me prennent entièrement. Je peux être au milieu des gens, me retirer en moi-même et me sentir seule et écrire un poème. J'écris n'importe où. J'aime beaucoup mon père et tout le monde aime le poème que je lui ai dédié. J'ai fait un poème que je lui ai dédié. J'ai fait un poème pour m'interroger moi-même, cela commence par "Toi qui es une autre moi qui es-tu".
Qu'aimez-vous faire à part la poésie?
J'aime lire beaucoup. Je lis des poètes, mais on m'a conseillé de ne pas me laisser influencer. Ce que je fais est nouveau et je tiens à rester un poète populaire, j'écris comme je parle. J'aime la musique, la nature, le cinéma, mais je déteste les films de guerre. J'aime surtout le calme et le silence. Je suis née à Rufisque au bord de la mer et je la chante beaucoup. Quant au soleil, je considère que nous Africains nous sommes les enfants du Soleil, et qui dit soleil dit chaleur. Mais par-dessus tout j'adore Dieu et c'est ce qu'il y a de principal, je l'aime autant que je le crains et après Lui je ne crains plus rien. Je crois que tout commence par Lui et finit en Lui. J'ai tellement foi en Lui que tout le reste ne peut plus me déranger essentiellement. Je chante Dieu tout le temps, mais je le prie à ma façon sans le montrer aux gens.
Avec la poésie, même si on rencontre des difficultés, on peut s'élever au-dessus en partant au-delà et quand on revient sur terre c'est avec calme et sérénité et on reprend sa marche d'un pas assuré.
Kiné Kirama Fall a travaillé aux actualités Sénégalaises, et maintenant elle est à la Télévision. Elle me raconte comment elle aime bien discuter d'Art avec ses soeurs Artistes. Et elle n'oublie pas de me remettre quelques poèmes. C'est sûr, Kiné Kirama Fall a de l'avenir.
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