EIle a fait ses études au Congo puis en France où elle a obtenu une Maîtrise et un DEA de Lettres Modernes. Aujourd'hui enseignante, Liss, originaire du Congo-Brazzaville, est venue nous parler de son recueil de nouvelles intitulé "J'espère", publié aux Editions Amalthée. |
Pourquoi avoir écrit un recueil de nouvelles et non un roman ?
En fait, je n'avais pas projeté d'écrire un recueil. Toutes les nouvelles n'ont pas été écrites d'un trait mais dans des circonstances différentes les unes des autres. Souvent c'est parce que j'avais été marquée par une situation, un événement, que je prenais la plume pour exprimer les sentiments éprouvés à ce moment-là. Seule la nouvelle ou la poésie, qui pour moi allient brièveté et intensité, pouvaient répondre à ce besoin : Besoin de rendre non le vécu d'un personnage, mais un moment précis, un tournant dans la vie de ce personnage. Puis est venue l'idée de réunir toutes ces nouvelles dans un recueil.
Parlez-nous de votre livre...
Dans mon recueil, je propose au lecteur d'entrer dans la vie de divers personnages au moment où ils vivent une expérience pénible. Dans "J'espère", la nouvelle qui a donné son titre au recueil, un jeune homme apprend qu'il est séropositif alors qu'il a réussi à obtenir le consentement de ses parents pour se marier avec une fille d'une autre ethnie. "Vilouka" montre une jeune femme qui essaie de vivre après le départ de son compagnon qui est parti étudier en France et qui lui a promis amour éternel et retour. Dans "Prise au piège", une jeune fille décide d'avoir un petit ami, non pas parce qu'elle en a vraiment envie mais seulement pour "faire comme tout le monde", pour ne pas paraître bizarre aux yeux des autres. Il y a aussi la nouvelle de ce jeune homme qui paye très cher sa gentillesse et bien d'autres histoire...
Vos nouvelles sont plutôt tristes, tragiques même. Vous n'aimez pas les gens heureux ?
Ecrire uniquement sur le bonheur ou seulement sur le malheur serait travestir la réalité. J'ai voulu peindre un tableau de la vie avec ce qu'elle comporte de hauts et de bas, de joie et de tristesse, de positif et de négatif. La vie n'est pas toujours tendre, elle peut être cruelle. Mais face à toutes les difficultés que nous pouvons rencontrer, nous ne devons pas nous laisser abattre, nous devons aller de l'avant, garder espoir, d'où le titre "J'espère". Et l'humour et l'amour sont là pour nous aider à franchir les caps difficiles de la vie. Par exemple l'histoire de la jeune fille surprise par la diarrhée en pleine route est plutôt comique, même si l'expérience qu'elle vit n'est pas agréable.
Quand on vous lit, on a l'impression de se reconnaître, de reconnaître quelqu'un...
Oui, si chacun pouvait se sentir interpellé, pour moi l'objectif serait atteint. Les histoires se déroulent en Afrique, mais partout dans le monde règnent l'égoïsme, l'ingratitude humaine ; partout on a l'impression que le sort s'acharne sur nous. L'actualité est là qui en témoigne, par exemple les multiples incendies, ici, à Paris, les inondations meurtrières aux Etats-Unis. Personne n'est épargné par le caractère impitoyable de la vie...
Vos nouvelles se terminent souvent en queue de poisson...
C'est que je voudrais que le lecteur participe à la construction du récit, qu'il se l'approprie. L'auteur commence le travail, mais c'est au lecteur de l'achever afin que tous deux se rejoignent sur ce pont qu'ils auront bâti ensemble.
Ce pseudonyme de Liss, pourquoi l'avez-vous choisi ?
Il s'agit en fait de mes initiales : je suis née Lounda Inès Stella Sandrine. Non seulement, je trouve que Liss est un nom d'auteur court et facile à retenir mais, surtout, il m'évite de choisir entre mon nom de famille, mon nom d'épouse (Khindou) et aussi entre les trois prénoms que je porte.
Des projets ...
Je continue d'écrire des nouvelles, j'affectionne vraiment ce genre mais je voudrais aussi me lancer dans le roman. Peut-être l'accueil fait à cette première œuvre aura-t-il une certaine influence sur mon avenir littéraire.
Propos recueillis
par Dicka Vanesse
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