Plume féminine des écrivains béninois
Etre une femme-écrivain au Bénin n'est pas fréquent. Pourtant, Hortense Mayaba vient d'inscrire "L'Univers infernal", son premier roman, au Palmarès des écrivains béninois. |
Comment êtes-vous parvenue à éditer ce roman?
Pendant plus de quinze ans, j'ai gardé mes manuscrits au fond d'un tiroir, dans l'attente d'un éditeur. En fait, j'avais pris contact avec une maison d'édition. L'édition étant une affaire de gros sous, je n'ai pas pû atteindre mes objectifs. J'ai ensuite rencontré Henri Hessou des éditions Aziza. Après avoir lu le manuscrit, il a accepté d'éditer l'ouvrage.
Ce n'est pas évident pour une femme d'être éditée au Bénin!
Pendant longtemps, les quelques rares femmes béninoises qui ont pu émerger s'orientaient vers l'Administration. Très peu d'entre elles s'adonnaient à d'autres métiers tels que le barreau, l'art ou la littérature. Aujourd'hui, c'est le contraire.
La parité homme-femme est-elle nécessaire?
La parité n'est pas une simple nécessité, c'est un droit. De nos jours, lorsqu'on parle de parité, on ne pense qu'à l'occupation équitable des fonctions politiques et administratives par les hommes et les femmes. Vu sous cet angle, des aspects essentiels de la parité nous échappent. Il faut veiller à l'instruction de la petite fille, surtout au niveau rural. Nous pourrons réclamer plus tard la parité.
Pourquoi avez-vous donné ce titre à votre roman?
Lorsque vous vous retrouvez confronté à un problème qui vous dépasse, il y a forcément quelque chose qui vous bouleverse. Imaginez qu'au plus fort d'une maladie qui martyrise votre enfant, quelqu'un vous dise que votre épouse est sorcière et se trouve à l'origine de ce qui arrive à votre enfant. Vous vous retrouverez, de ce fait, dans un monde où tout deviendra infernal et insupportable pour vous. Ce déchirement dont est victime l'acteur principal de ce roman justifie le titre "L'Univers infernal", que j'ai choisi.
Vous avez rejeté le charlatanisme comme solution aux problèmes des hommes
Quand on croit en Dieu, le charlatanisme n'est pas la meilleure solution contre les difficultés. A chacun ses croyances. Je ne rejette pas en bloc le charlatanisme comme moyen de "défense" ou de "protection". Je déplore simplement la pratique selon laquelle le moindre malaise conduit certaines personnes vers un "liseur de sort".
Vous êtes pourtant née dans un milieu traditionnel?
Je suis née en milieu animiste. J'y ai grandi. Ceci ne m'amène pas à partager aveuglément tout ce qui s'y pratique. J'ai assisté dans mon jeune âge à des événements dramatiques qui m'amènent aujourd'hui à souligner les méfaits des accusations de bien des devins.
Dans votre dédicace, vous avez écrit "A ma sur Maï, afin qu'elle ne croit plus aux crapauds qui déciment sa vessie". Vous n'êtes pas superstitieuse?
Je ne doute pas de l'existence des forces occultes. Je sais qu'on peut re envoûté et possédé. Ce que je déplore, c'est que beaucoup de gens aujourd'hui s'improvisent charlatans et induisent leurs clients en erreur.
Comment le public a-t-il accueilli votre roman?
L'accueil a été favorable. Les hommes de plume de mon pays que je redoutais quelque peu, m'ont accueillie à bras ouverts.
Quels sont vos projets?
J'ai sous la main des manuscrits de genres différents que j'espère éditer plus tard. Dans l'immédiat, c'est une pièce de théâtre et un recueil de contes de chez nous que je m'apprête à porter à l'attention du lectorat béninois et étranger.
Contact: BP 395 - Tél. (229) 36.00.12 - Abomey-Calvai - Bénin.