Après son premier roman "L'Odeur du sang", la romancière qui est aussi la présidente du Réseau de la francophonie au Sud Kivu fait son entrée en grande pompe sur le marché scientifique avec son deuxième roman "Le père Auguy", une œuvre qui couronne sa lutte pour la femme. |
Pourquoi écrivez vous?
C'est d'abord une vocation, j'écris parce que je suis inspirée. Je ne m'attends pas être lue et reconnue dans la sphère des écrivains, mais je veux faire connaître la réalité de mon pays.
Que représente l'écriture pour vous?
Une vocation. Je n'ai pas en vue d'en faire commerce car le public congolais ne lit pas beaucoup et privilégie les romans. J'avais fait un article sur cet aspect et le constat était que les étudiants s'intéressent aux œuvres de leur domaine, pas aux auteurs romanesques, tandis que d'autres intellectuels se contentent de la télévision, voire de la musique.
Dans "Le Père Auguy" vous blâmez ce que vous appelez la "femme mineure éternelle". Quelles en sont les causes?
D'abord notre code de la famille qui y est pour beaucoup. Imaginez-vous que pour aller en justice, la femme doit avoir le feu vert marital, de même que pour ouvrir un compte en banque. Les coutumes et traditions ne font pas exception: toujours cette situation de l'homme, le coq, le décideur. Le même slogan: "La femme sous l'autorité de...!" Quoique les choses évoluent avec les desiderata de la femme qui doit participer davantage. Les dispositions de notre constitution sont en faveur de la femme, c'est déjà un pas de franchi.
Avez vous déjà vécu une situation de femme mineure éternelle?
Dans ma jeunesse, j'ai été une mineure éternelle, j'étais assujettie aux travaux ménagers et mes frères ne faisaient que se tourner les pouces. Souvent, ma mère me disait que c'était une façon de me préparer à ma vie d'épouse. Quand j'ai été mariée, je devais être sous l'autorité de mon mari. Avec les années les choses ont changé d'elles-mêmes. Malheureusement, ce n'est pas le cas pour certaines femmes qui, aujourd'hui, continuent à vivre totalement cette situation.
Quel genre de roman lisez vous?
Je lis tous les livres qui ont une intrigue. J'aime lire les romans classiques des grands écrivains français, russes et africains.
Pourquoi éditez vous à l'extérieur du pays?
Le problème des maisons d'éditions est un vrai casse tête. Il y en a très peu chez nous et pas de grande renommée. Mon premier livre, je l'ai édité au Pangolin en Europe et le deuxième en Europe aussi. Il y a des gens qui écrivent mais vu la rareté des maisons d'édition, leurs manuscrits restent dans le tiroir.
Vous êtes présidente du Réseau de la francophonie au Sud Kivu. Comment contribuez-vous à l'essor de la francophonie?
En tant que romancière, je donne à lire au public des œuvres écrites en français. Nous comptons prochainement organiser des concours avec des questions portant sur mes deux romans.
Propos recueillis
par Deo Cikuru
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