Doris Kelanou Gangoué est d'origine congolaise (Congo-Brazzaville). Installée en France depuis un certain temps, elle travaille dans un aéroport de la région parisienne comme agent d'escale. Elle est mariée, mère d'une petite fille et elle écrit depuis l'âge de 13 ans. Ayant grandi dans un environnement de lecture, sinon de littérature sa mère, institutrice, veillait à la réussite de sa progéniture Doris s'est donc passionnée pour la lecture, puis s'est mise à écrire, d'où son premier livre édité chez Anibwê. Entretien. |
Quel genre de textes avez-vous rédigés jusqu'à présent ?
J'écris beaucoup sur la société, sur le quotidien. Mon premier roman parlait d'une vie de famille, tout comme le deuxième, le troisième et le quatrième qui vient d'être édité. Ce n'est peut-être pas ma vie à moi, ni celle des autres. C'est une inspiration spontanée, bien qu'elle vienne souvent de la réalité, de ce que je vois ici et là, de ce qui me tient à cœur. Partant de ces éléments, je fais mes notes.
Parlons de votre roman qui vient de paraître.
Il s'intitule "L'hôte indésirable" au sens figuré, le
Sida. En parlant du Sida, j'ai voulu nous conscientiser. J'utilise le "nous"
car nous sommes toutes concernées par ce fléau qui tue à une
vitesse de croisière inestimable, en Afrique et dans d'autres
continents. J'ai donc voulu faire passer ce message afin que nous puissions
peut-être changer nos comportements sexuels.
Mon roman commence avec monsieur Simon, un homme marié qui a une vie
de famille. Etant ouvrier, il se contente d'une femme, mais
dès qu'il sera promu dans son entreprise, il prend plusieurs
maîtresses. En ouvrant cette porte, la maladie va entrer dans son foyer.
Les personnages de ce roman sont plutôt des métaphores ; à
travers chacun d'eux, j'ai essayé de mettre un symbole.
Le personnage de Simon a le comportement typique de l'Africain. Il
veut le manifester à travers son mode de vie : il a des
maîtresses, découche et tout ce qui suit.
Pensez-vous qu'en Afrique les femmes sont à la merci des hommes friqués ?
Pas toutes les femmes, mais il y en a certaines qui se vendent et sont des provocatrices. Il y a trop de laisser-aller en Afrique, surtout chez les jeunes. Si nous sommes conscients que cette maladie existe et qu'elle tue, nous devons faire plus attention. Dans le livre, j'évoque les superstitions : on accuse souvent le sorcier ou un parent qui va voir le sorcier et on occulte le fait qu'on a eu des rapports avec X.
Publier est un chemin de croix, qu'en dites-vous ?
Depuis l'âge de 13 ans, j'écris. Aujourd'hui, je vais avoir 35 ans et mon premier livre paraît. J'ai pris contact avec plusieurs éditeurs, l'un d'eux a pris le manuscrit. Mais entre le dépôt et la parution s'est écoulé un temps considérable. Ce livre a été écrit courant 2005, déposé fin décembre 2005 et il est sorti en juin 2007, donc à vous de faire les analyses et commentaires.
A ceux qui sont encore dans l'ombre, qui veulent publier, avez-vous un conseil à leur endroit puisqu'on peut vous trouver dans les kiosques actuellement ?
De croire en ce qu'ils font, en ce qu'ils écrivent, parce que chaque fois qu'on a une réponse négative, ça décourage. Cependant, si celui-ci ne veut pas de mon travail, un autre l'appréciera plus facilement, ou ça cadrera mieux avec sa politique éditoriale. C'est vrai que les éditeurs déçoivent beaucoup, ce qui fait que beaucoup de talents meurent sans jamais éclore. Mais, je voudrais leur dire surtout de croire en ce qu'ils font et puis de persévérer, de ne pas baisser les bras.
Et vous, vous avez toujours cru jusqu'au bout ?
Ah oui! j'y ai cru. C'est vrai que j'ai eu des moments de déception, mais j'ai gardé mon sang-froid, et puis toujours la tête haute. J'y ai cru et si je n'y avais pas cru je n'aurais pas eu ce résultat.
Pourquoi avez-vous choisi "L'hôte indésirable" ?
Indésirable oui. Parce que le Sida est là et que personne ne le désire.
Quelles sont vos prochaines publications ?
C'est top secret, j'ai plusieurs travaux en instance.
Dans ce roman, quel est le message ?
Je le veux pédagogique, car tous, nous sommes concernés. Le Sida prend beaucoup de place dans nos sociétés, il laisse des orphelins détenteurs de la société africaine et de l'avenir de notre continent.
Peut-on dire que "ventre affamé n'a point d'oreilles", pour ne parler que des jeunes filles ?
Dans mon roman, j'ai parlé des "décoratrices de chapelle ardente" pour montrer qu'on est pas obligé d'user du sexe pour s'en sortir. Pourquoi vendre "son fruit maternel" ?
En Afrique, le virus du Sida n'est-t-il pas dû à la pauvreté ?
C'est un problème socio-politico-économique. Les Africains sont cruels, ils se servent de la vulnérabilité des autres pour s'enrichir. Ce livre, c'est une pierre que j'ai voulu apporter à l'édification de tous, les moyens qu'on apporte actuellement à la lutte contre le Sida. Lisez-le, vous comprendrez un certain nombre de choses...
Propos recueillis
par Gelisa Karlane B.