A 32 ans, la Gabonaise Douka Zita signe son premier roman "Le cri de la liberté", l'histoire de deux adolescents qui œuvrent pour une vie meilleure et plus humaine, à travers "Le Cercle de l'espoir". Colombe et Myriade militent pour un rapprochement des peuples et sont amenés à parcourir les cinq continents afin de faire connaître leur philosophie. Où se terminera leur quête ? L'occasion pour cette jeune écrivaine, mère de famille, de montrer au lecteur que l'ouverture aux autres est toujours source d'enrichissement. |
Qu'est-ce qui vous a poussée vers l'écriture ?
Depuis mon jeune âge, j'écris des petits poèmes. J'ai toujours aimé la lecture, l'écriture. Ecrire revêt pour moi un caractère libérateur.
Ce n'est pas votre profession...
Non, en effet ! Je suis secrétaire médicale à Arcueil-Cachan. J'ai touché à tout... Après mon DEA en relations internationales, j'ai effectué un stage en journalisme à l'antenne parisienne d'Africa no1. J'ai également collaboré avec différents magazines panafricains.
Comment vous est venu le sujet du livre ?
Au cours de mes déplacements à l'étranger mon père est diplomate et il a été muté plusieurs fois en Belgique, au Maroc ... j'ai eu affaire à différentes sociétés, qu'elles soient occidentales ou africaines. Mon livre est le reflet de mon univers multiculturel. Je ne peux pas dire que je suis africaine à part entière car si je suis née en Afrique, j'ai grandi ailleurs. A travers "Le cri de la liberté", je me suis intéressée à la personne humaine: l'autre, celui avec qui on peut composer, avec qui on prend du plaisir à partager, au contact duquel on s'enrichit. Et non celui que l'on voit comme un étranger.
Pourquoi avoir choisi comme personnages principaux deux adolescents marginaux ?
C'était réfléchi et voulu. Je souhaitais montrer que mon livre ne s'adresse pas seulement aux adultes, mais aussi aux jeunes qui, à l'adolescence, se posent beaucoup de questions. Les problèmes que je mets en lumière concernent autant les jeunes que les plus vieux.
Pourquoi les avoir appelés Colombe et Myriade ? Ces deux prénoms ont-ils une valeur symbolique ?
Le choix des prénoms n'est que le fruit de mon imagination. Ils me sont venus naturellement. Myriade m'a tout de suite fait penser à quelque chose de beau, de mirifique. Quant à Colombe, on ne peut lui retirer sa symbolique de paix. Il rappelle qu'une cœxistence pacifique est nécessaire entre individus.
Pourquoi, dans le roman, les deux protagonistes ont-ils des parents absents ?
C'est le fruit du hasard, même si je souhaitais montrer le désengagement des parents vis-à-vis des enfants dans nos sociétés. Aujourd'hui, les parents ont abandonné l'éducation de leurs enfants car ils ont d'autres préoccupations qu'ils jugent plus importantes. Je pense qu'il n'est pas bon de laisser ses enfants dans la nature.
Colombe a un précepteur qui joue un rôle très important. Avez-vous, vous aussi, eu un maître à penser dans votre existence ?
Non, parce que mes parents étaient très présents, même si on se déplaçait beaucoup. Mon père était très autoritaire. J'ai parlé du précepteur par rapport à ce que je voyais autour de moi. J'ai eu des collègues qui se sentaient abandonnés par leurs parents. L'un d'entre eux s'est d'ailleurs suicidé.
"Le Cercle de l'espoir" auquel les adolescents appartiennent semble une communauté ouverte et pourtant vous dites de ceux qui n'en font pas partie qu'ils sont impurs.
"Le Cercle de l'Espoir" est une communauté ouverte qui n'a pas de préjugés. Si j'ai parlé de purs et d'impurs, c'est par rapport aux gens qui appartiennent au cercle et à ceux qui pourraient l'intégrer, changer leur vie. C'est très ouvert, la preuve en est que Colombe a entrepris de nombreux séjours partout dans le monde.
Votre "Cercle de l'espoir" représente un idéal de vie. N'est-il pas utopique ?
Je ne suis pas la seule à rechercher une société plus égalitaire, plus humaine, où les gens pourraient s'apprécier à leur juste valeur. Rousseau a évoqué ce type de société dans La nouvelle Eloïse en pensant qu'il pouvait être viable. Il ne s'agit pas d'une société où tout le monde serait beau et gentil. Les droits de l'homme ne sont pas des principes nés ex nihilo.
N'avez-vous pas peur que vos lecteurs perçoivent le cercle comme une secte ?
Non. Je pencherais davantage pour un groupe de réflexion, de penseurs.
La dernière partie du livre est très rapide. Après avoir fait des émules dans de nombreux pays, le noyau dur du "Cercle de l'Espoir" connaît un destin tragique.. Pourquoi ?
Si, tout le long du livre, il n'y avait que des pensées positives, on se serait vite ennuyé et les lecteurs auraient abandonné mon roman avant la fin. Et puis j'ai voulu éveiller les consciences. Nous vivons dans un monde où il y a trop de guerres, pas assez d'humanité, où on ne sait pas profiter de l'instant présent et de ceux qui nous entourent.
On espérait pourtant une petite lueur d'espoir !
Il y a une petite lueur d'espoir, mais qui n'est pas exprimée véritablement puisque on ne sait pas où se trouve le professeur Charles Antan. Le débat est ouvert.
Quels sont vos projets ?
J'ai un deuxième livre en cours, qui n'a rien à voir avec le premier même si la trame reste la même. Son titre est "Prisonnière d'un rêve". Il s'agit d'un roman. Il y est question de voyages, de philosophie. Il est davantage autobiographique.
Propos recueillis
par NB
"Le Cri de la liberté" est paru aux éditions Bénévent.