Femme d'écriture, la Française Dominique Aguessy est née à Cotonou, (Bénin) le 31 mars 1937. Elle a longtemps séjourné au Sénégal avant de s'installer à Bruxelles. Sociologue, poète, licenciée en lettres et littérature française, titulaire d'une maîtrise en gestion des entreprises, elle consacre la majeure partie de son temps à l'écriture. Elle a voulu partager ses motivations avec Amina. |
Quelle est, dans votre vie, la place du livre en général et de la littérature en particulier ? Avez-vous d'autres passions ?
La littérature a une grande place dans mon quotidien. Je suis aussi passionnée de musique, d'opéra et de musique baroque. Je vis à Bruxelles, où j'ai la chance d'avoir accès aux concerts de musique classique et à l'opéra La Monnaie. Pendant un temps, j'ai étudié le violon. J'appartiens à une famille de musiciens professionnels, essentiellement pianistes. Je m'intéresse à l'art contemporain et j'ai parfois l'occasion d'écrire un article sur une exposition.
Contes, nouvelles et essais, la presse écrite ou en ligne est toujours au rendez-vous à chacune de vos publications. Dans quelle mesure la critique littéraire a-t-elle été indispensable à votre travail d'écrivain ?
La critique littéraire a été d'un grand secours pour me faire connaître. Même aujourd'hui, elle est indispensable étant donné le grand nombre de livres qui paraissent. L'auteur espère toujours fidéliser les lecteurs qui s'intéressent à son travail d'écriture. C'est la raison pour laquelle, en tant que membre d'associations littéraires et membre du conseil d'administration de l'Association des écrivains belges de langue française (AEB), je publie dans les journaux littéraires, essentiellement en Belgique, des recensions de livres (histoire, sociologie, roman, poésie) de façon à démontrer mes compétences et mon intérêt pour la littérature.
On sait presque tout de vous en terme d'écriture. Mais peu de choses sur vos premières lectures d'adolescente...
Non, on ne sait pas 'presque tout' de moi en termes d'écriture car j'écris sous divers registres: essais, poésie, nouvelles, travaux de recherche en sociologie ainsi que de nombreux articles de presse qui sont aussi des travaux littéraires à prendre en considération. Mes premières lectures ont été influencées par la bibliothèque familiale, qui contenait essentiellement les grands classiques de la littérature française: Molière, Racine, Corneille, Balzac, Zola, Baudelaire. Je n'ai pas attendu d'aller à l'université pour les lire. Ensuite, étant angliciste, j'y ai rapidement ajouté Dickens, Shakespeare, William Woodworth et d'autres. Pratiquant aussi couramment l'espagnol, j'ai lu et, je continue à lire en version originale un grand nombre d'auteurs, de Pablo Neruda à Carlos Ruiz Zafón.
L'écriture est-elle un élément indispensable à votre épanouissement et/ou à votre émancipation en tant que femme ? Quelle est la femme de lettres qui vous inspire le plus ?
L'écriture est une nécessité et une passion. Je ne saurais citer une femme de lettres qui m'inspire plus que les autres. Chacune apporte quelque chose d'original. Et il faut souhaiter que des femmes de tous horizons soient entendues et publiées.
Peut-on traverser la vie de la même manière quand on est homme ou femme ?
Que l'on soit homme ou femme, l'expérience de vie est unique. Il faut se garder des généralisations au nom de classifications selon le genre. La réalité est plus complexe. Certes, je suis mère et grand-mère et la place de mes enfants et de mes petits-enfants ainsi que la place de l'homme avec lequel je partage ma vie depuis près de cinquante ans est importante. Je ne suis pas certaine que cela influence forcément mon inspiration. Je dirais qu'en dépit de tous les discours progressistes, il demeure très difficile de concilier vie familiale et vie professionnelle. Surtout quand on exerce des fonctions de cadre et des responsabilités professionnelles. La flexibilité des horaires, les nombreux voyages professionnels exigent beaucoup d'ingéniosité et de courage, et aussi de faire progresser le partage des tâches et des responsabilités.
Vous intéressez-vous à Internet ? Si oui, que pensez-vous de l'observation du Prix Nobel de littérature Doris Lessing pour qui l'usage abusif d'Internet fragmente la culture, en ce sens que les éléments de la culture sont séparés artificiellement ? Et que ceci est très préjudiciable et à la concentration et à la construction de l'esprit critique ?
Comme toute nouveauté en matière d'avancée technologique, Internet a de grands avantages et autant d'inconvénients. Ce qu'il faut éviter, c'est d'en devenir dépendant. Certes, Internet nous permet de communiquer rapidement à distance. Mais passer des heures chaque jour sur facebook ou tweeter, je ne le ferais pas. Internet ne peut pas être le seul vecteur de culture.
Avez-vous d'autres projets d'écriture pour ces prochaines années ?
Oui, certainement. Je viens de terminer un recueil de nouvelles et j'ai en chantier d'autres ouvrages que j'espère mener à bien cette année.
Propos recueillis
par Cikuru Batumike
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