Elle rêvait de devenir mécanicienne, mais l'écriture l'a rattrapée. Avec la sortie, le 2 décembre 2014, de son premier roman, « La Couleur du Vent », édité par la Librairie 15/21, Aïchetou Mint Ahmedou a définitivement rangé ses envies de moteurs et boîtes de vitesses. Rencontre avec une belle plume qui est aussi directrice des études au lycée Tevragh-Zeina. |
Comment peut-on vous présenter?
Je suis Mauritanienne, originaire de Boutilimit (ville située à 50 km à l'Est de Nouakchott, ndlr). Scolarité bilingue (français et arabe), une formation scientifique et professeur de Sciences naturelles. J'adore lire et écrire. J'ai commencé très tôt à écrire de la poésie, des articles, des contes et des nouvelles. Au début des années 90, j'ai commencé l'écriture de « La Couleur du Vent » . A l'origine, c'était pour assouvir une envie, une passion, mais sous la pression de mes proches, j'ai décidé de le publier. Après un véritable parcours du combattant, il a fini par être édité.
La jeune fille qui voulait être mécanicienne est finalement devenue une plume réputée et respectée, êtes-vous fière de vous?
Oui, je suis surtout très fière d'avoir réussi à écrire quelque chose que les autres aiment Je n'arrive pas à y croire parfois, c'est comme si je vivais un rêve. Je suis heureuse aussi d'avoir enfin réussi à le publier à un moment où je commençais à baisser les bras. Mais je n'ai jamais oublié mon rêve d'être mécanicienne, j'y repense quelquefois avec beaucoup de nostalgie pour la mécanique et pour cette jeune fille-là.
Comment êtes-vous passée de la craie du professeur à la plume de l'écrivaine?
Je dirais plutôt, comment suis je passée de la plume de l'écrivaine à la craie du professeur? (Éclats de rires). Parce que j'ai été écrivaine, même si je ne le faisais que pour moi-même, avant d'être professeur. J'ai étudié pour être professeur parce que je voulais faire des études supérieures tout en restant dans mon pays. J'étais trop jeune et trop fragile pour affronter les aléas de la vie à l'étranger.
Dans « La Couleur du Vent », vous abordez le thème de l'amour dans une société tiraillée entre modernité et tradition, tel est le regard que vous portez sur la société mauritanienne?
Je crois que c'est aussi le regard qu'on devrait porter sur toutes les sociétés africaines, parce que quelque part, toutes les Africaines sont des Taala (femmes d'honneur, ndlr).
Comment votre livre a-t-il été accueilli par le public et la critique?
Ils sont tous élogieux et enthousiastes. Que du bonheur! Mais, il faut noter aussi que chez nous, l'éloge est partie intrinsèque du comportement général...
La Mauritanie de demain, comment la voyez-vous?
Propre, paisible, prospère et réconciliée. Mais il y a encore beaucoup de travail, parce que la population est bédouine dans le sang et a besoin d'être éduquée civiquement pour que l'intérêt général prime sur l'intérêt particulier, pour qu'il y ait un véritable dialogue entre les différentes communautés qui souffrent d'un manque de communication et de connaissance de l'autre.
Quel genre de difficultés se dressent devant les écrivains mauritaniens?
Tous les problèmes techniques inhérents à l'édition, notamment la distribution et la promotion. Moi, par exemple, j'ai beaucoup souffert avant de publier mon livre. Et après sa publication, il n'a bénéficié ni de distribution, ni de promotion. C'est moi qui m'en occupe de façon artisanale, essentiellement sur facebook.
Propos recueillis
par Camara Mamady
Aïchetou Mint Ahmedou. La couleur du vent. Nouakchott: Editions de la Librairie 15/21, 2011.