Franco-ivoirienne, Jeannette Badouel est journaliste indépendante et présidente de l'association internationale Métissage. Créée en 1995, l'association a pour objectif de développer des actions de solidarité et d'échange entre les pays par la promotion du brassage culturel. Depuis novembre dernier, cette association bénéficie d'une subvention du Fonds social européen, le FSE. Mariée, Jeannette Badouel est mère de deux adorables petits métis. |
Votre association vient de bénéficier d'un financement du Fonds social européen ?
C'est la bonne nouvelle de cette rentrée. Le FSE a accepté de financer notre projet d'ateliers d'échanges pour l'intégration des femmes issues de l'immigration en prenant en charge les salaires de deux de nos animatrices. Jusqu'à présent, ces dernières travaillaient bénévolement dans des locaux gracieusement mis à notre disposition par la municipalité de Thorigné-Fouillard. Ces ateliers ont pour objectif de proposer aux femmes des outils pour mieux comprendre les codes et les spécificité de la société occidentale ainsi que les obligations et droits du monde du travail. Nous avons mis en place trois ateliers : activités ménagères (couture, cuisine), artisanat et musique. Les pièces confectionnées seront exposées et vendues. Ainsi, nous pourrons prétendre à un autofinancement.
Quelles sont les autres activités de l'association Métissage ?
Nous avons deux actions phares, à savoir une banque de matériels et un lycée agricole en Côte-d'Ivoire auxquelles viennent se greffer la création de pharmacies villageoises, de coopératives agricoles féminines et de centres de santé. La banque de matériel répond aux besoins exprimés par diverses collectivités africaines, les centres de santé et les écoles. Cinq containers ont pu ainsi être acheminés au cours des douze derniers mois vers le Cameroun, le Burkina-Faso, le Bénin, la Côte-d'Ivoire et le Maroc. Ce qui rend viable ce projet de solidarité internationale, c'est que les bénéficiaires participent aux frais de transport et de gestion de ces matériels. Nous n'avons pas la prétention de faire de l'assistanat. Quant au lycée agricole, il a été créé en 2000 à Logoualé, village situé dans l'ouest de la Côte-d'Ivoire. Malgré les problèmes que connaît le pays, le lycée compte environ 1 000 élèves. Nous avons l'enseignement général, de la 6e à la Terminale et le volet technique qui nous tient très à cœur. Car nous voulons former des personnes opérationnelles sur le terrain et non des hauts diplômés sans emploi. Le but de ce projet était de lutter contre l'exode rural. Le lycée dispose, en plus des locaux d'enseignement, d'un centre d'hébergement pour les élèves, d'une cantine, d'un centre médico-social et d'un terrain d'expérimentation de 10 hectares. Dieu merci, le lycée fonctionne bien aujourd'hui. Ce n'était pas évident. Et je m'en suis rendu compte en 2002 lorsque j'ai été bloquée pendant neuf mois en zone rebelle.
Et vous racontez dans un livre ce que vous avez vécu...
Dans ce livre intitulé "Une caméra dans la tourmente, au cœur de la rébellion ivoirienne (1), je livre mon témoignage sur la crise ivoirienne. Alors que j'étais partie pour préparer la rentrée de mon lycée agricole, je me suis retrouvée embarquée dans une situation absurde et dangereuse. Un matin, le village a été investi par des rebelles venus du Libéria et de la Sierra Leone. Le projet initial étant brisé, j'ai profité de l'opportunité qui m'étais offerte pour faire mon travail de journaliste en créant la chaîne d'information "Grand Ouest TV". C'est cette expérience unique que je livre dans ce livre.
Contact: Association Métissage Maison des Associations, 3, rue du Bocage - 35235 Thorigné-Fouillard. www.multimania.com/assometissage.
(1) Jeannette Badouel, Une caméra dans la tourmente, au cœur de la rébellion ivoirienne, Editions Cultures croisées, www.ed-cultures-croisees.org