Géraldine Bakima, originaire du Congo-Brazzaville, nous raconte sa venue en Guinée dans un roman intitulé "Expatriées en Guinée Conakry", un ouvrage résumant l'histoire d'une femme qui s'est battue pour vivre en avec son mari, expert dans un pays étranger où il n'y a ni eau, ni électricité, ni téléphone. |
Votre sens de l'analyse m'a frappée alors que vous n'êtes qu'étrangère ?
Certes, je suis une étrangère en Guinée, mais comme j'ai vécu dans ce pays pendant dix ans, je m'identifie sans complexe à sa population. J'ai connu ma vie de femme et élevé mes trois filles ici. Pour moi, après le Congo-Brazzaville et la France, la Guinée est mon troisième pays.
Vous semblez avoir beaucoup de recul et un sens de l'humour décapant qui tourne en dérision les pires moments...
Face aux situations difficiles, il faut prendre du recul. J'évite de m'emballer. J'observe, je réfléchis et j'agis. J'ai toujours eu un tempérament calme. Mes proches pourront le confirmer.
Pendant un temps, vous étiez larguée et c'est presque la pire chose qui pouvait vous arriver dans cette aventure. Pouvez vous nous en dire plus ?
Effectivement, à un moment donné je me suis retrouvée presque seule à gérer le quotidien avec toutes les difficultés et les contraintes que cela comportait. Mon mari avait tellement de travail ! J'estime avoir fait face.
Vous dénoncez le niveau désastreux de l'enseignement en Guinée. Avez-vous un intérêt spécial pour ce domaine ?
En tant que femme, mère, je ne peux rester indifférente à l'éducation de la jeunesse. Cette jeunesse a besoin d'un enseignement de grande qualité. La Guinée subit encore les conséquences de la politique menée dans le cadre de l'éducation par la première République.
Qu'est-ce qui vous a le plus choquée durant cette période en Guinée ?
J'ai été choquée et marquée à vie par le niveau de pauvreté. C'est pourquoi j'ai assuré l'habillement d'une dizaine d'enfants, pendant neuf ans, dans le quartier de Ratoma Plateau.
La Guinée était récemment sous le feu des projecteurs, qu'en dites-vous ?
J'ai été très attentive et j'ai participé avec les éditions L'Harmattan aux conférences et débats organisés à ce sujet. Par ailleurs mon mari et moi téléphonions régulièrement à nos amis et parents restés en Guinée.
Ne craignez-vous pas que votre livre fasse de vous une persona non grata ?
Je ne le souhaite pas. J'ai voulu faire un récit réel de ma vie en Guinée avec ma famille et toutes les personnes que nous avons rencontrées, dans le but de rappeler à mes filles qu'elles ont vécu une partie de leur vie en Guinée Conakry; et, si elles le souhaitent, repartir.
Comment conciliez-vous votre activité professionnelle avec l'écriture ?
Je suis une femme très organisée. Pour continuer à écrire, je troque souvent ma voiture contre les transports en commun et j'écris quelques lignes pendant le trajet. J'ai toujours dans mon sac un bloc de sténo et un crayon.
Comment définissez-vous votre rôle d'écrivain ?
Ecrivain, c'est un grand mot pour moi. Dans ce livre, j'informe les lecteurs sur les merveilles de la Guinée et je partage avec eux mes moments de joie et de peine.
Quels sont vos projets ?
J'aimerais repartir en Guinée avec les éditions L'Harmattan pour la Semaine du livre et terminer la seconde partie du livre "Expatriées en Guinée Conakry" consacrée au retour en France.
Propos recueillis
par Kadiatou Diallo