L'avocate sénégalaise Mame Bassine Niang est décédée le 27 septembre dernier des suites d'une très longue maladie. Elle a été inhumée dans la ville sainte de Touba, au centre du pays, à 194 km de Dakar. Lors de la levée du corps à Dakar, une foule nombreuse est venue la saluer une dernière fois. A cette occasion, le président de la République du Sénégal, Macky Sall, a rendu hommage à une militante et une combattante constante des libertés et des droits de l'homme. Il a ainsi regretté « la perte d'une militante infatigable des libertés et des droits de l'homme qui a beaucoup œuvré pour la construction de l'édifice national ». C'est, dira-t-il, « une grande perte pour la nation tout entière ». Le Président de la République sénégalaise était en compagnie du Premier ministre Aminata Touré, de ministres et de députés sénégalais. Le Bâtonnier de l'Ordre des avocats sénégalais, Me Ameth Bâ, a également souligné la perte d'un modèle d'éloquence et d'une technicienne chevronnée du droit. « Elle reste une fierté pour tous ses confrères », dira-t-il. Le Président de la Ligue sénégalaise des Droits de l'Homme, Me Assane Dioma Ndiaye, retient d'elle « une icône des Droits de l'Homme, une figure emblématique, une pionnière qui a osé défendre la veuve et l'orphelin dans un contexte de pensée unique ».
Me Mame Bassine Niang qui s'est éteinte à l'âge de soixante-deux ans a été la première femme noire avocate au Barreau de Dakar.
Lycéenne douée, elle obtient son baccalauréat en classe de première et fera ses études notamment à Aix en Provence. C'est en 1975 qu'elle est admise au Barreau de Dakar après ses études de Droit. Avant sa carrière de juriste, Mame Bassine Niang a été professeur de Lettres et de Langues.
Elle est membre fondateur de l'Association des juristes sénégalais. Elle a été la vice-présidente de l'Association sénégalaise d'études et de recherches juridiques (ASERJ) et la vice-présidente de la Fondation internationale des femmes juristes (FIDA). Maître Mame Bassine Niang a été la première présidente de l'Organisation nationale des Droits de l'Homme (ONDH) et c'est l'actuel Ministre de la justice, le Garde des Sceaux Maître Sidiki Kaba, qui la remplacera. Au titre de cette organisation, elle jouera un rôle important dans les médiations politiques au Sénégal et en Afrique au cours des années 80 et 90. Cette militante de la parité verra son travail couronné quelques années avant son décès. Farouchement engagée en faveur du leadership féminin, elle tiendra d'ailleurs ces propos à l'endroit des femmes sénégalaises: « La femme doit assumer toutes les missions qui s'offrent à elle. Pour cela, il lui faut beaucoup de détermination et de la rigueur pour juguler les préjugés négatifs qui veulent faire d'elle un être mineur ».
Et elle ne fut pas sans influence au sujet de cette loi sur la parité promulguée durant le magistère de Abdoulaye Wade qu'elle a accompagné à la tête du Haut-Commissariat aux Droits de l'Homme au Sénégal.
Maître Mame Bassine Niang laisse aussi derrière elle un récit autobiographique « Mémoires pour mon père ». Elle y relate une partie de sa trajectoire tout en traçant les contours de sa filiation. Elle avait promis d'autres écrits lors de la présentation de son ouvrage à la télévision nationale sénégalaise. L'usure de la maladie ne lui en a pas laissé la latitude ».
Alain Barry
Mame Bassine Niang. Mémoires pour mon père. Dakar: Les Nouvelles éditions Africaines du Sénégal, 1997. (222p.). ISBN: 2-7236-1113-2. Biographie.