Franco-malienne (peule par son père et normande par sa mère), Julia Channel a grandi en Seine-Saint-Denis. A 34 ans, après une carrière icône du cinéma pour adultes (à partir de 1990), elle a fait de la musique en qualité de chanteuse et des interviews de joueurs de football en Angleterre. Elle parle de son livre autobiographique où elle raconte l'histoire de sa vie, sans non-dit ni tabou. Portrait. |
Qu'est-ce qui vous a poussée à écrire ce livre ?
C'est une idée que j'avais depuis très longtemps, mais je ne me sentais pas tout à fait prête pour me lancer. C'est avec la naissance de ma fille, il y a quatre ans maintenant, que j'ai commencé à repenser à ce projet, à y travailler, et petit à petit les choses se sont mises en forme. C' est vraiment l'arrivée de ma fille qui a servi de déclencheur. Je me suis dit que ce serait un beau cadeau pour plus tard, quand elle serait assez grande pour connaître ma vie. Ce serait plus facile. Je voulais écrire un livre sur ma vie, et j'ai trouvé qu'il y avait assez de contenu, suffisamment de matière pour pouvoir faire une autobiographie.
Vous êtes à présent journaliste sportive pour le "Live night and day", un quotidien anglais, animatrice télé sur MCM et chanteuse. Doit-on parler de reconversion bien que vous continuiez à vous produire sur des scènes internationales pour des strip-teases ?
En effet, c'est quelque chose de ponctuel. Je suis partagée entre la France et l'Angleterre pour réaliser des interviews. La télé, j'en ai fait il y a quelques années mais je n'en fais plus maintenant car je me consacre d'abord à la musique et aux interviews. Je pense qu'on peut parler de reconversion dans la mesure où on fait autre chose ; ma reconversion à moi a commencé il y a plus de dix ans. C'est vrai que ce n'est pas une chose facile, mais elle se fait.
Quelle leçon tirez-vous de toutes ces expériences ?
Tout ce qui a pu m'arriver, je le prends de façon positive. Même les expériences qui n'ont pas été les plus heureuses, je les ai transformées en quelque chose de positif pour avancer. Je n'ai pas de regret dans mes choix; j'ai pris les choses telles qu'elles sont venues, et je les prends telles qu'elles viennent et je fais avec. Ce que j'en retiens, c'est que j'ai vécu beaucoup de choses très différentes et j'en suis contente. Si c'était à refaire, je referais tout de la même façon, à peu de choses près.
Quel est votre état d'esprit aujourd'hui ?
Je suis sereine, tranquille, calme. Je me prends beaucoup moins la tête qu'avant; je laisse faire les choses. Ce livre m'a permis d'exprimer certaines choses; je me sens apaisée.
Votre livre s'intitule "L'Enfer vu du ciel". Pourquoi ce titre ?
Je voulais quelque chose d'assez poétique et joli, que l'on comprenne tout de suite. "L'enfer" résume un peu les mauvaises choses qui se sont passées et "vu du ciel" c'est pour montrer la distance que j'ai eu à prendre par rapport à tous les événements un peu difficiles de la vie. C'était donc une image que je tenais à présenter.
La préface est signée de votre meilleure amie, Laurence Lorenzo.
J'ai été très touchée et très émue, car c'est une belle préface. Le fait que ce soit mon amie d'enfance - une amie de trente ans - qui l'ait écrite, est vraiment quelque chose d'important pour moi; je pense qu'elle est la seule personne qui me connaisse aussi bien.
Ce livre se compose de plusieurs thèmes. Dites nous-en un peu plus ?
Les photos étaient importantes car c'est toujours mieux d'avoir un livre avec des illustrations. Cela permet aux gens de voir les personnages dont on parle dans le livre. Dans ce dernier, le livret photo suit la chronologie de mon histoire. Pour le reste, il y a deux parties sur moi, en rapport avec mon vrai nom et mon pseudonyme ; la vie de Julia Sow de 0 à 17 ans et celle de Julia Channel de 17 ans à aujourd'hui. Les vies de ces deux femmes sont complètement différentes.
Où vous voyez-vous dans quelques années ?
Je ne sais pas trop, vu que je ne me projette pas trop dans le futur. Mais je me vois sans doute aux Etats-Unis. C'est là-bas que je me sens le mieux pour plein de raisons; je m'y sens beaucoup plus libre et je connais ce continent depuis mes dix-huit ans. J'ai donc eu le temps de me faire à l'idée d'y vivre et de savoir si je m'y plaisais ou pas. C'est vraiment là-bas que je me sens le mieux.
Un dernier mot ?
Pour en revenir au bouquin, ça a été une très bonne expérience et j'ai été agréablement surprise des réactions par rapport au livre. Il a surpris beaucoup de gens, notamment la presse. Au final, ce que j'en retiens de très positif, c'est que le regard des gens sur moi a beaucoup changé, ce qui est plutôt bien. C'était quelque part ce que je voulais et ça a marché!
Propos recueillis
par Chuchana Kristelle Ndongo
Julia Channel et Corinne Rousset. L'Enfer vu du ciel. Paris. Editions Blanche, 2008. 224p. ISBN 9782846281911. Autobiographie.