Le 27 juillet dernier avait lieu à la salle de réunion de l'Hôtel Kempinski de N'Djaména la cérémonie de présentation et de dédicace de "La Main sur le cœur" le livre autobiographique de la Première Dame de la République publié aux éditions Continentales. "Le Tchad me fait rêver car mon pays est neuf" dit l'auteur, mais ce pays est aussi le berceau de l'humanité. Les découvertes paléontologiques récentes de Toumaï en attestent. |
Hinda Mahamat Abderahim Açyl, de son nom de jeune fille, est née le 2 avril 1980 à N'Djamena pendant la guerre civile de Mahamat et Mariam Abderahim Açyl. Son père était deuxième secrétaire à l'ambassade du Tchad à Washington et Secrétaire d'Etat à la santé publique, au travail et aux affaires sociales. Mme Hinda Déby Itno fait ses études primaires et secondaires successivement à l'école Béguinage et au Lycée du Sacré Cœur de N'Djamena. Le Bac D obtenu en 1999, elle rejoint sa tante en poste dans une organisation internationale à Lomé, au Togo, et s'inscrit à l'institut d'Administration et des Etudes Commerciales (IAEC). Elle en sort nantie d'un diplôme de technicien supérieur en finance et banque. Soucieuse de ses études, comme elle le dit, elle s'envole pour Rabat au Maroc et s'inscrit en finance et comptabilité à l'Institut du génie appliqué en 2003. Après plusieurs stages pratiques dans les institutions financières, notamment à la banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC) de N'Djamena, elle est employée comme chef comptable au projet de renforcement du système de santé et d'appui à la lutte contre le VIH/Sida et les maladies endémiques. Animée par le désir de continuer ses études, elle économise pour aller s'inscrire en 3e cycle à Paris.
C'est à ce moment-là que sa vie bascule. Un vendredi, raconte Hinda Déby Itno, sa tante mariée au frère aîné du président l'invite chez elle. Le président de la République se trouvait au salon. "Je me souviens que c'était une journée courte. Il s'agissait donc d'un vendredi. C'est le jour de la grande prière à laquelle toute ma vie, et quelles que soient les circonstances, j'attacherai une importance particulière. Ce jour est celui où j'offre à Dieu le témoignage de l'amour et du respect que je lui porte. Tout ce qui m'arrive un vendredi est chargé d'un caractère divin. Je sais qu'Allah est Tout-puissant et que les signes de son attention se manifesteront davantage ce jour-là." Le 29 septembre 2005, jour de la paie du personnel, le soir, s'organisent les fiançailles. Et le 2 octobre 2005, le mariage civil est célébré.
Devenue première Dame, sa vie change mais elle accomplit normalement son devoir d'épouse. C'est ainsi que chaque matin, écrit-elle, elle est aux petits soins pour son époux. Elle lui prépare personnellement le petit déjeuner, inspecte la paire de chaussettes à porter pour lui éviter ce qui était arrivé à un ancien président d'une grande institution financière du monde qui, obligé de se déchausser, a montré des chaussettes trouées ! Mais elle écrit avec franchise et honnêteté qu'elle ne sait pas nouer la cravate.
Nommée secrétaire particulière du président de la République, elle est une ambassadrice qui représente le chef de l'Etat en permanence. "J'ai eu le sentiment de changer complètement de monde ( ... ) Il n'est pas impossible de s'apercevoir que, du jour au lendemain, on ne s'appartient plus." A seulement 28 ans, Hinda Déby Itrio est la mère de la Nation: "Il ne faut pas oublier que j'étais beaucoup trop jeune pour exercer ce genre de responsabilité. Je l'écris en toute franchise. Mais la jeunesse est une qualité bien éphémère. Très tôt confrontée aux dures réalités de mon pays, j'ai vite compris qu'il n'y a en réalité qu'une réponse à la souffrance: l'action."
C'est ainsi qu'elle arbore le treillis aux cotés de son époux pour encourager les forces de l'ordre contre les attaques rebelles. "S'il le faut, je vais au front. Je sais où se trouve mon devoir," écrit-elle encore. Grâce à l'éducation musulmane reçue de ses parents et à celle inculquée durant son parcours scolaire dans les écoles catholiques, la Première Dame Hinda Déby Itno, est une altruiste inégalable. Elle n'hésite pas à partager avec les autres. Déjà à l'école maternelle, elle partageait son bout de pain et son bol de lait avec ses camarades qui en manquaient. Animée par cette envie d'agir, elle vient au secours des personnes vulnérables, des enfants en situation difficile et des démunis. "Car devant le malheur qui rôde en permanence, je suis d'abord remplie de tristesse. Je partage ensuite le chagrin de tous ceux qui souffrent", compatit-elle. Musulmane pratiquante, pendant le réveillon de Noël, elle va visiter les enfants avec des cadeaux et des mots encourageants. Ce souci d'agir face aux malheurs des autres l'a amenée à écrire au Roi d'Arabie Saoudite pour demander le financement d'un projet de complexe hospitalier de la mère et de l'enfant. Ce financement lui a été accordé et ledit complexe est en chantier. Le livre de la première Dame est un cri de révolte face à la vie quotidienne de ses compatriotes qui vivent dans un pays riche mais qui n'arrivent pas à tirer profit de cette richesse à cause de la situation politique qui dure depuis des décennies. Elle ajoute: "Il est difficile de trouver dans mon pays, une famille qui, durant cette période, n'a pas perdu un fils, un frère, un parent." Alors, elle écrit ce livre pour lancer un appel à la paix indispensable au développement. "Au nom de Dieu et pour l'amour du Tchad, je lance un appel solennel pour la paix. Il faut que le dialogue impose sa loi car notre pays ne peut continuer à vivre entre la guerre et la paix", écrit elle.
Le livre de la Première Dame est un appel au patriotisme et à la fierté nationale. A la cérémonie de présentation et dédicace, son auteur a précisé: "Ce n'est pas une œuvre politique mais une œuvre littéraire. Je veux ce livre, comme une interface, un véhicule de mon point de vue vers le citoyen, vers le lecteur."
"La main sur le cœur" est publié en français, en arabe et en anglais. Avec l'accord de l'éditeur, le livre se vend à 5000 F CFA pour le grand public et 3000 F CFA pour les élèves et étudiants. La Première Dame a déclaré lors de la cérémonie de dédicace que les recettes de la vente permettront de venir en aide aux enfants et aux personnes les plus vulnérables.
Propos recueillis
par Béguy Ramadji Angèle