Ecrivain, comédienne et danseuse, Marie Dô a une véritable âme d'artiste. Cette métisse est l'auteur de "Qu'importe la lune quand on a les étoiles". Un roman riche en émotions qui raconte l'histoire d'une amitié entre deux femmes aux origines différentes. |
Est-ce votre première œuvre ?
Non. J'ai écrit un premier livre intitulé "Fais danser la poussière". Il s'agit de l'histoire d'une petite métisse élevée par des Blancs qui ne comprennent pas d'où lui vient cette couleur caramel... C'est mon histoire. Elle va prochainement donner lieu à un téléfilm pour France télévision. Une aventure aussi exaltante qu'angoissante...
D'où vient votre titre "Qu'importe la lune quand on a les étoiles" ?
Il s'agit d'un proverbe oriental inversé car en réalité c'est "Qu'importe les étoiles quand on a la lune!". Les étoiles me fascinent, plus que l'astre de nuit. J'y vois les yeux de nos amis les défunts... Je traduirais mon titre ainsi: Qu'impote le superflu quand on a l'essentiel ! Les défauts de mes amis m'importent peu, seul compte leur amitié.
Vous portez le même prénom que l'un de vos personnages. Ce roman est-il autobiographique ?
En effet ce roman est l'expression de mon amitié pour Leila, une Tunisienne, sosie de mon personnage Salma qui est toujours restée en Tunisie. Dans la problématique du roman, Marie est le prénom chrétien, occidental par excellence. Mes vrais prénoms sont Marie-Dominique, Malika, Anna... Ma mère, catholique, m'a baptisée mais mon père est africain et musulman, et mes ancêtres étaient animistes avant d'être convertis à l'Islam. Quand une de nos amies va mal et qu'on ne peut rien faire pour l'aider, si on a la chance d'être artiste, on peint, on compose une musique, on écrit un roman, c'est un aveu d'impuissance matérialisé qui peut parfois faire des miracles.
Quelle est votre vision de l'amitié ?
Pour moi, l'amitié, c'est de l'amour sans sexe. C'est comprendre l'autre sans avoir besoin qu'il s'explique. C'est être là quand il en a besoin. C'est le frère ou la sœur de cœur qui nous accompagne un bout de chemin, parfois long, parfois pas. L'alchimie de l'amitié est complexe. Qu'est-ce qui fait qu'on se sent attirée par cette personne en particulier, et que l'on ressent des affinités avec elle? Souvent, elle répond à une part de soi-même qu'on n'ose regarder ou faire vivre. L'amie est le miroir auquel on se confronte avec confiance. Pour moi, l'amitié est d'autant plus précieuse que je n'ai pas beaucoup de famille. Mes amis sont ma mémoire, mes références. Je me sentirai vite abandonnée s'ils disparaissaient un jour. Je ne pourrais pas vivre sans amis, je me sentirais sèche. Hommes ou femmes, je les compte sur les doigts d'une seule main. Ils peuvent tout me demander, ils savent qu'ils seront toujours accueillis. Enfin, l'amitié comme l'amour sont des trésors dans ma vie.
Vous dédiez votre livre à Leila et Manou. Qui sont-elles ?
Leila, c'est la Salma du livre, mon amie d'adolescence qui vit toujours en Tunisie, tandis que Manou est ma meilleure amie adulte.
Mis à part l'écriture, quels sont vos loisirs ?
La pratique de mes deux métiers, la danse et l'écriture, me procurent des joies infinies. J'aime aussi l'astrologie, l'ésotérisme, la musique, la peinture. J'aime aussi bien regarder les œuvres dans les musées que barbouiller des tableaux le dimanche. J'ai une passion pour la nature, les fleurs, les plantes, les oiseaux. J'adore les maisons, les imaginer, les décorer, les faire vivre. Tout ce qui touche à l'art me passionne.
Comment voyez-vous l'avenir ?
Ma principale ambition est d'être une femme, une mère et une artiste accomplie. Je veux écrire de beaux romans qui touchent et font rêver. J'aimerais aussi écrire pour le cinéma, la télévision, même si la liberté de création n'est pas la même. Je suis actuellement co-scénariste de l'adaptation audio-visuelle de mon premier roman sorti en 2006, "Fais danser la poussière". Le film devrait être tourné l'année prochaine, avec la collaboration de France 2. J'assurerai la chorégraphie de la partie danse. Je veux être une mère à l'écoute, dynamique, solide, pour mes enfants puis pour les leurs. Je veux rester une amoureuse, et être toujours dans le désir de créer.
Avez-vous un message pour nos lectrices ?
Oui. Ne tournez pas le dos à vos rêves. Il n'est jamais trop tard pour les réaliser! Ne laissez personne les abîmer en vous décourageant. La vie est telle que nous la voyons, ce que nous attendons d'elle. Je crois qu'il est bon d'être gourmand, de lui donner et de lui demander beaucoup. L'amour est le moyen le plus sûr de ne pas la rater.
Propos recueillis
par Soumaya Doukhali