C'est par un témoignage poignant que cette auteure Congolaise âgée de 31 ans fait son entrée en littérature. «Mon labyrinthe» est le premier roman qu'elle signe en 2014 aux éditions Edilivre. Un récit autobiographique qui raconte les tribulations d'une jeune orpheline, sa lutte pour sa survie, sa persévérance dans l'adversité. L'écrivaine a bien voulu répondre à nos questions. |
Votre roman est inspiré d'une histoire vraie. Vous y confiez dans une narration saisissante des épisodes douloureux de votre vécu: l'absence d'un père que vous n'avez pas connu, la perte brutale de votre mère, l'errance fatale qui s'ensuivra, le désespoir et la persévérance aussi. Est-ce facile d'écrire sur soi?
J'ai toujours écrit de façon spontanée. J'ai commencé en classe de terminale, sans jamais imaginer que mes écrits seraient publiés. Pendant longtemps j'ai hésité à le faire, me demandant si l'idée de mettre à nu mon histoire était vraiment bonne, mais j'ai été encouragée dans ce sens... Ce n'est évidemment pas facile de parler de soi, puisque finalement, en écrivant, on parle de ce qu'on a vécu. Et quand les événements relatés sont douloureux, écrire s'avère bien plus difficile encore.
Écrire est une passion chez vous, une nécessité même puisque déjà très jeune, vous consigniez dans des journaux intimes vos joies et vos déboires. Peut-on dire que l'écriture a été un refuge dans les moments pénibles que vous avez eus à traverser?
J'ai toujours aimé lire. Et c'est la lecture qui m'a plus tard amenée à l'écriture. Quand je ne pouvais me confier à personne, l'écriture me servait d'exutoire.
Dans ce livre, vous faites la part belle à l'amitié . Tout au long des épreuves que vous avez à surmonter, des amis vous encouragent et vous entourent. Ecrire ce livre, était-ce également une façon de rendre hommage à toutes les personnes qui de quelque manière que ce soit, ont un jour, été là pour vous?
Oui, mes amis sont ce que j'ai de plus précieux. L'amitié aura toujours une valeur inestimable à mes yeux. Je rends particulièrement hommage à tous ceux qui ont partagé ma vie au Campus 2 et au Campus Impérial de l'université Marien Ngouabi à Brazzaville. Le livre «Mon Labyrinthe» leur est dédié.
L'héroïne du récit est une élève studieuse et brillante. D'autres jeunes filles confrontées aux mêmes difficultés, auraient peut-être songé à interrompre leur cursus scolaire. Ce n'est pas le cas de D. qui s'accroche à ses études comme à une planche de salut. L'école, c'est ce qui vous a permis de tenir et de ne pas sombrer?
En dépit des difficultés auxquelles j'étais confrontée, il est vrai qu'une sorte de ténacité, que je ne m'explique pas moi-même et que je dois certainement au ciel, m'animait. J'avais de l'ambition et je souhaitais réussir. Il n'était donc pas question pour moi d'abandonner. Les choses n'ont pas toujours été simples et il m'a fallu faire preuve de beaucoup de courage et d'abnégation pour continuer, mais j'ai tenu bon.
Dans ces pages, vous dressez brièvement le portrait d'une société congolaise gangrenée par une administration lente aux rouages complexes et arbitraires. Vous dénoncez à mots à peine voilés le clientélisme. On sent chez vous un besoin de changer les choses. Est-ce le cas?
Notre société est gangrenée par une corruption à grande échelle, cela n'est un secret pour personne. Évidemment que je voudrais comme nous tous que les choses changent, que de véritables actions soient menées pour hisser ce pays vers le haut. Je pense que tout le monde a son rôle à jouer: je milite activement aujourd'hui au sein de la JED Fondation (Jeunesse éducation et Développement) pour la promotion de «la culture du mérite» dans les écoles publiques du Congo Brazzaville. Je suis également membre du Fawe-Congo (forum des éducatrices africaines) qui œuvre en faveur de l'éducation des jeunes filles. Mon souhait est de voir des jeunes habités par un véritable élan patriotique et désireux de faire du Congo un endroit agréable à vivre, où chaque intellectuel n'a ni ethnie ni clan, mais plutôt un idéal qui fait de lui un fervent pédagogue enseignant l'unité, la paix et la justice.
Avez-vous d'autres projets littéraires? Prévoyez-vous d'écrire une suite de «Mon labyrinthe»?
J'ai d'autres projets, oui, dont un deuxième roman en cours d'édition. Il s'agit d'une autofiction et non plus de mon histoire personnelle. Plus tard, je souhaiterais écrire quelques biographies de personnes m'ayant marquée.
Actuellement, vous poursuivez en France une formation en aéronautique. Votre parcours est bluffant: partie de rien, vous voilà en train de réaliser pleinement vos rêves. Quel message pourriez-vous adresser aujourd'hui à tous ces jeunes gens qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes, qui doutent et s'interrogent sur leur avenir?
Aux jeunes, je leur demande de croire en Dieu et en eux-mêmes. Même si la saison est mauvaise, il faut oser. C'est déjà une chance d'être à l'école, alors il faut se battre et s'accrocher dans cette voie providentielle. Qu'ils retiennent que rien n'est définitif dans la vie.
Propos recueillis
par Ralphanie Mwana Kongo