Miryl Nadia Eteno est née à Lambaréné et elle se souvient avec nostalgie des vacances au village, entourée de grands-parents aimants. Elle nous invite aujourd'hui à un retour au monde de l'enfance avec de son troisème ouvrage, un recueil de contes intitulé "Les doux murmures de mon enfance". Son écriture est attachante et pleine de sensibilité. Les lecteurs se laisseront porter par la curiosité de ses personnages et la douceur des relations filiales. Rencontre. |
Vous nous proposez une première œuvre destinée à la jeunesse. Les mots pour l'écrire vous sont-ils venus spontanément ?
« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. » (rires). J'entends encore mes professeurs de lycée et collège marteler ces paroles de Boileau. Oui, les mots sont venus spontanément. Je crois qu'on garde toujours en nous une part d'enfant qui ne demande qu'à vivre de temps en temps. C'est donc dans l'enfant que je suis que j'ai puisé ces mots.
Les doux murmures de mon enfance revient sur les moments de complicité entre grands-parents et petits-enfants. Quel souvenir gardez-vous de ces moments-là ?
Avec mes grands-parents, j'ai vécu des moments d'affection, de rire et de réprimandes, mais également d'enseignements. Que de beaux souvenirs ! Ils étaient là pour nous, nous donnant l'impression que nous étions ceux qui les maintenaient en vie. A la saison sèche, ils attendaient avec impatience notre venue au village. Nous courions ici et là et il y avait comme une volonté de toujours faire bien et vite pour eux, sans animosité aucune entre nous. Nous cherchions chacun à être le plus proche possible d'eux.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux lecteurs à travers ces contes ?
Je souhaite juste partager des joies qui existent dans une famille, faire vivre ces moments à ceux qui ne connaîtront peut être jamais le plaisir de s'entendre conter des histoires, le soir autour du feu. C'est pour moi comme un devoir de mémoire, un hommage à des personnes qui nous ont transmis des valeurs nobles.
Quels sont les conteurs qui vous ont marquée ?
Seuls mes grands-parents m'ont conté des histoires. Par contre, dans mon enfance, j'ai lu et relu les contes de Grimm, de Perrault et d'Andersen. Ils étaient si bien écrits que je pouvais sans effort imaginer les lieux et les scènes, et les vivre.
Vous parlez dans votre œuvre des attentes de vos grands-parents vis-à-vis de vous toutes. Elles devaient écouter comme vous et observez vos grands-parents dans leurs rôles de conteurs. Se sont-elles prises au jeu ? Sont-elles devenues des gardiennes de mémoire ? Pensez-vous que la transmission des savoirs est assurée pour la génération suivante ?
Hélas non, le relais ne s'est pas fait. Mes jeunes frères en allant à Atadie (mon village) n'entendent plus la voix du conteur le soir. La télévision règne en maître maintenant. Je ne sais pas si la génération qui doit assurer la transmission des savoirs s'intéresse à ces « choses ». Pourtant, mon souhait est de voir ces savoirs perdurer.
Propos recueillis
par Merey Edna
Miryl Eteno. Les doux murmures de mon enfance. Saint-Maur-des-Fossés: Jets d'encre, 2012. ISBN: 978-2-35485-319-8.