Modéliste de formation mais également pasteure, l'Ivoirienne Mêkéhi Léonie Gnegbo vient de signer un premier ouvrage « Sawouha s'unir pour nuire». A travers son expérience personnelle et celle de ses parents, elle témoigne de la nécessité de pardonner pour continuer à vivre. |
Comment est né ce livre ?
D'un constat. Régulièrement des femmes venaient se plaindre auprès de moi des situations difficiles qu'elles vivaient dans leur couple. Ayant moi-même vécu des expériences similaires, je les invitais à pardonner. J'ai souhaité montrer à ces femmes comment j'avais réussi à surmonter les épreuves et à avancer. J'ai mis l'accent sur le pardon car le pardon guérit à la fois celui qui est la source de tous vos problèmes et vous-même. Sans la pardon, on ne peut pas avancer. J'ai voulu que mon expérience serve au plus grand nombre.
De quoi parle cet ouvrage ?
De l'impact que nos actes peuvent avoir sur la vie d'une personne et de la déchirure ressentie quand l'entourage s'en mêle. J'ai parlé de mon expérience. Mon conjoint m'a abandonnée avec mes deux enfants. Il est aussi beaucoup question de mes parents notamment de mon père qui a quitté ma mère et qui est revenu sous le toit familial. J'ai montré qu'on pouvait vivre ensemble sans être ensemble. Vivre avec l'autre implique beaucoup d'efforts et d'amour. Mais l'amour pardonne tout, supporte tout.
Comment avez-vous fait cette démarche du pardon ?
Pardonner m'a pris du temps. L'église m'a beaucoup aidée dans cette démarche, qui n'est pas venue naturellement. J'ai réalisé que j'avais mal choisi mon conjoint. Ce n'était pas la bonne personne. J'ai décidé de me laisser du temps pour mieux connaître celle qui suivra. J'ai pardonné, même à ceux que je ne vois plus. Il fallait que je vive ces situations pour pouvoir rebondir et avancer.
Pourquoi ce titre "Sawouha, s'unir pour nuire" ?
Sawouha est mon deuxième prénom. Il signifie: "Quelle est ta valeur ?" Si j'ai donné ce litre à mon ouvrage, c'est que j'ai traversé des épreuves où les gens se sont ligués pour me nuire. En 2004, j'ai monté ma société de bâtiment, Sawouha BTP. Depuis plus d'un an je me bats pour obtenir l'agrément d'assurance décennale.
Ce livre est votre premier ouvrage, avez-vous consacré beaucoup de temps à l'écrire?
Ce qui m'a pris le plus de temps, c'est mon cheminement mais dès que j'ai décidé d'écrire, tout s'est vite enchaîné. En travaillant trois mois, nuit et jour, j'en suis venue à bout. Ensuite, je suis allée sur internet pour trouver un éditeur, j'ai envoyé mon manuscrit à plusieurs maisons. Finalement, les éditions Bénevent l'ont retenu.
Comment vos enfants ont-ils accueilli cette initiative ?
Ma fille aînée a lu le livre en entier quand elle est partie en vacances au Canada. Elle m'avait aidée à le taper sur mon ordinateur. Pour elle ce n'était pas une surprise. Cependant elle m'a dit avoir ressenti l'étrange impression de lire l'histoire d'une femme qui n'était pas sa mère. Quant à la cadette, elle ne l'a lu qu'à moitié. Mais je n'ai jamais caché ni à l'une ni à l'autre la situation: elles savent que leur père a voulu revenir vers moi, que je n'ai pas accepté, et que notre entourage a été néfaste à notre couple.
Verra-t-on d'autres livres signés de votre main ?
J'ai en projet trois livres sur des sujets très différents : la polygamie, l'exode et la détermination. Les deux premiers sont bien avancés. J'espère que l'un des trois sortira en 2010. A travers la polygamie, je compte évoquer la destruction de la famille, les femmes qui s'entre-déchirent, le mari qui a le beau rôle et les enfants qui se battent à la mort du père. J'ai choisi d'aborder ce sujet qui touche beaucoup de gens et, la plupart du temps, provoque dans la famille une déchirure que je n'arrive pas à supporter. Je veux être un pont entre toutes les femmes. En ce qui concerne l'exode, je vais montrer que cette forme de migration ne s'effectue pas seulement à l'étranger. Je compte partir de l'expérience de mon aïeul et expliquer comment se comporter quand on veut s'intégrer et se faire accepter de l'autre.
Vous avez une formation dans le modélisme, est-ce une activité que vous poursuivez?
J'envisage de lancer une ligne de vêtements à l'étranger avec ma fille aînée qui travaille chez Camaïeu. Mais pas au détriment de l'écriture. Je compte m'investir davantage dans ce domaine à partir du mois de juillet, et me lancer dans la musique. Je prépare un CD deux titres que je vais mettre en ligne. Il comprend une berceuse, l'amour de mon cœur, que je chantais à la naissance de mon aînée et un titre sur la délivrance, en lien direct avec mon livre.
Avec ma cadette, Aïchou B., je travaille la maquette de sa chanson. Elle y donne beaucoup de conseils sur la vie. Je suis persuadée qu'elle va faire parler d'elle.