Cathy Guetta est une femme issue de la diversité. Née à Dakar, elle est la fille d'un militaire camerounais marié à une Française. Femme d'affaires avertie, elle est également l'épouse du célèbre DJ David Guetta et mère de deux enfants. En 2008, elle publie, aux éditions Fayard, "Bains de nuit", un livre relatant son parcours de "reine de la nuit". Depuis le 5 juillet, elle a pris et tenu le pari d'organiser le plus grand dancefloor du monde en réunissant cinq des plus grands DJs dans une soirée placée sous l'appellation de "Unighted" au Stade de France. Rencontre avec cette femme que les défis n'effraient pas et qui n'a qu'un seul mot d'ordre: innover par le travail. |
Vous venez de vivre une année riche en événements et en projets. Comment avez-vous trouvé le temps de tout gérer ?
Il est vrai que le rythme de cette année a été très soutenu. Les six premiers mois de l'année, je les ai passés à travailler sur le projet "Stade de France" Bien que cela fait deux ans que cet événement est programmé, ces six derniers mois ont été très denses. De plus, avec mon mari, nous avons également repris la saison de nos soirées "Fuck me I'm Famous", à Ibiza, où nous avons organisé cet été quelque dix-neuf soirées entre juillet et septembre. Plus qu'une simple soirée, "Fuck me I'm Famous", est une réelle marque qui demande un vrai travail de merchandising et de publicité.
Lorsque vous vous lancez sur un projet, vous aimez y être totalement investie ?
Je considère que lorsque je prête mon image à une marque, ou mon nom à un projet, il doit y avoir une vraie légitimité en amont. Je n'aime pas faire les choses sans raison et, bien que je trouve cela sympa d'avoir de l'argent, je ne me lance pas dans les projets en pensant au bénéfice. Je pense surtout à la manière dont mon talent va être exploité.
Comment fait-on pour assumer une vie de femme tout en portant toutes les casquettes que l'on vous connaît ?
Il est vrai que je joue plusieurs rôles. Celui de la femme d'affaires, bien sûr, mais aussi et surtout ceux de mère de famille et d'épouse. Jouer tous ces rôles qui, bien évidemment, me comblent ne me permet pas toujours d'être une femme qui prend du temps pour elle. Cependant je dirais tout de même que mon vrai moment à part celui où je me fais plaisir est une thérapie appelée shopping. Quand je déambule sur les avenues dans mes boutiques préférées, c'est mon moment à moi.
Quel est votre rapport avec vos fans, qui disent souvent vous considérer comme une diva de la nuit ?
J'aime particulièrement faire rêver les gens et m'ouvrir aux autres par le biais de mes soirées. Je ne fais pas de soirées pour moi, je les fais parce que j'aime voir des sourires sur des visages joyeux. C'est pourquoi, quand j'ai des retours positifs de personnes satisfaites, je suis ravie. Je pense que le public s'identifie à moi bien que je sois une mère qui s'occupe de ses enfants tout en arrivant en robe Dior au Stade de France. Parce que je suis avant tout une battante et qu'il sait que je n'ai pas démérité pour en arriver là. Je ne viens pas d'un milieu privilégié mais j'aime me battre pour mes idées, j'aime innover; à Ibiza nous étions avec mon mari les premiers Français et ce fut la même chose pour le stade.
Qu'avez-vous ressenti au moment où votre hélicoptère survolait le Stade de France ?
Vous m'en parlez et j'ai des frissons. L'hélicoptère n'était pas vraiment mon idée mais les gens du stade trouvaient que cela faisait partie du rêve alors j'ai signé pour. Ce que j'ai ressenti au moment où j'étais dans l'hélicoptère à mon arrivée sur la plate-forme du stade, ce fut quelque chose d'immense. J'avais une pression incroyable car je savais que les gens venaient surtout voir les DJs mais lorsque je suis arrivée face au public, j'ai entendu scander mon prénom et ça m'a vraiment portée. Les mots de mon discours sont ensuite venus naturellement, rien n'était écrit à l'avance. L'émotion est arrivée spontanément car tout cela était l'achèvement de deux ans de travail, et la continuité de vingt ans dans le monde de la nuit.
Pour cette soirée, vos fans sont venus des quatre coins du globe. Cette notoriété internationale doit être satisfaisante, non ?
En effet elle l'est. Bien que je sois parfaitement consciente du fait qu'aujourd'hui le nom Guetta soit associé à un milieu de la nuit glamour et qui fait rêver en grande partie grâce à mon mari. Je suis une femme comblée par mon style de vie et cette notoriété, je ne l'aurais jamais imaginé. Mon parcours est long et plein de combats, donc je suis plutôt fière.
L'idée du livre est arrivée pour témoigner de cette fierté ?
A dire vrai, cette idée n'était pas la mienne au départ. Je suis une personne très fermée. En règle générale, j'aide davantage les autres que l'on ne m'aide. Je suis un pilier dans ma famille et aime écouter et conseiller. Pendant des années, j'ai fait un travail sur moi-même en me créant une carapace, me disant que moins je me plaignais, mieux je me portais. Mais voilà, il y a de cela deux ans, je déjeunais avec une amie et une éditrice était également présente. Elle a été très intéressée par mon parcours mais, de mon côté j'étais plutôt réticente, lui avouant que mon mari était généralement mon seul et unique confident. Mais lorsqu'elle m'a présenté Clara Dupont Monod, le projet m'a séduite. Cette jeune femme est une romancière très talentueuse, qui écrit généralement des romans historiques. Je l'aime beaucoup pour avoir fait un véritable travail d'investigation me permettant d'aller chercher au plus profond de moi-même les éléments pour me livrer. De plus, ce livre est arrivé au bon moment puisque, ayant vendu tous mes établissements, je sentais qu'un cycle de ma vie s'arrêtait et que je commençais une nouvelle page. Je reprenais ma liberté et m'ouvrais à de nouvelles expériences.
En tant que femme métisse, en tant que fruit de la diversité, pensez-vous que la couleur de peau s'oublie avec le succès ?
Moi, je n'ai jamais vraiment vécu le racisme de manière directe. Bien sur, quand j'étais enfant, il y avait des remarques mais je pense que la différence intrigue et je ne considère pas ça comme du racisme. Ensuite, en tant qu'adolescente, je n'ai jamais été vraiment draguée par les garçons mais j'étais la bonne copine Cathy et ça m'allait parfaitement. Le vrai racisme, je l'ai connu à travers la souffrance de ma mère qui subissait les attaques qu'engendrait le fait qu'elle soit une femme blanche et blonde mariée à un homme noir. Mais mon père était très travailleur et il m'a appris à ne pas me cacher derrière le racisme. Alors j'ai travaillé et j'ai trouvé ma place dans le milieu de la nuit où les préjugés raciaux étaient nuls. Les jeunes doivent retenir que le plus important dans la vie c'est le travail et que les compétences sont ce qui reste au final.
Bien que votre année ait été chargée, vous avez encore bien des choses à préparer. Que nous réservez-vous pour la suite ?
Je travaille sur les prochaines éditions de la soirée au Stade de France mais je pense aussi à m'exporter à l'étranger. Je me concentre, bien sûr, sur le merchandising de la marque "Fuck me I'm Famous" et sur celui des parfums Guetta. J'ai également signé un partenariat avec Warner Bros pour lancer une marque avec un personnage de Warner Bros et moi-même. Et puis je continue à voyager, à prendre soin de mes enfants, de mon époux, du reste de ma famille et de moi-même.
Propos recueillis
par Assanatti Gama