Originaire du Congo Brazzaville, Marie Françoise Ibovi fait son entrée en littérature avec « Rue des Histoires », un recueil de nouvelles qui promène le lecteur à travers diverses villes du Congo, avant de le conduire en France et au Sénégal. Cette entrée en littérature est plutôt un retour aux sources car Marie Françoise a été très tôt initiée à la magie des Lettres, à l'enchantement que peut provoquer une histoire bien racontée. Elle a voulu offrir un peu de cette magie aux lecteurs. Ses talents ne se limitent pas à l'écriture. Journaliste de formation, elle est actuellement Chroniqueuse Santé pour l'émission « Couleurs Matinales » sur Télé Congo. |
Vingt nouvelles composent votre recueil, et la première se détache des autres en ce qu'elle explique comment vous est venu le goût de la lecture en fréquentant la bibliothèque de votre père. Quel est le meilleur souvenir de lecture que vous avez gardé de cette époque?
C'est sans hésiter la superbe collection de livres pour enfants, la bibliothèque rose! J'aimais particulièrement Le Club des 5, d'Enid Blyton. Les aventures de Claudine, François, Mick, Annie et Dagobert, le chien, ont particulièrement marqué mon enfance. Je les ai tous lus et relus, et bien des années après, j'ai racheté toute la collection pour la faire connaître à mes enfants (Kody, Kaïna et Kora).
Est-ce un hommage que vous avez voulu rendre à votre père à travers ce livre, en le mettant ainsi au premier plan dons votre recueil?
Oui, en effet. La nouvelle "La bibliothèque de mon père" est née de mon goût pour la bibliothèque paternelle. Mon père, qui a façonné toute mon enfance, est le pilier de mon aventure littéraire. J'ai donc voulu, à travers cette nouvelle, rendre hommage à cet homme féru de livres qui a su me transmettre sa passion.
La lecture a fini par vous conduire à l'écriture, dites-vous, pourtant tous les grands lecteurs ne sont pas des écrivains. Qu'est ce qui a fait la différence, pour vous? Y a-t-il eu un déclic à un moment donné ou bien avez-vous toujours senti que vous seriez habitée par l'écriture?
Disons que mon père m'obligeait à lui faire des comptes-rendus écrits de mes lectures. Ça lui permettait ainsi de s'assurer que j'avais bel et bien lu le livre et surtout que j'avais bien compris l'histoire. Cet exercice m'a conduit peu à peu vers l'écriture.
Parmi les thèmes abordés, l'amour figure en bonne place, est-ce un choix délibéré?
Non, ce n'était pas un choix délibéré. C'est venu tout seul. En effet, l'amour est une magie qui m'habite et qui m'entoure. Disons que cela a fini par déteindre sur mes écrits sans que je ne le veuille.
Les situations décrites dans votre livre sont tantôt familières, comme l'infidélité conjugale, tantôt étranges, comme la rencontre d'une personne disparue. Quel message voulez-vous adresser au lecteur à travers ces récits qui le mettent face au surnaturel?
Il était important pour moi de parler du surnaturel, de nos croyances ancestrales et de les partager avec les lecteurs; ceux qui, comme moi, ont grandi entourés des histoires mystiques que nous racontaient les parents pour nous effrayer.
Y a-t-il un ou des auteurs qui vous ont particulièrement inspirée?
Henri Lopes a été l'écrivain qui m'a fait découvrir le style de la nouvelle et qui me l'a fait adopter par la suite.
Pouvez vous citer quelques titres de votre bibliothèque que vous conseilleriez aux lecteurs?
Il y en a tellement! Je citerais entre autres Le pleurer rire d'Henri Lopes, La Nouvelle Anthologie de la littérature congolaise de Jean Baptiste Tati Loutard, L'homme d'affaires de Florent Sogni Zaou, Le triomphe de Magalie de Calissa Ikama, Les poésies de Grâce de Capitani, La Reine d'Abo Ngakala, Une si longue lettre de Mariama Bâ, Verre cassé d'Alain Mabanckou, Les Soleils des indépendances d'Ahmadou Kourouma, Une vie de boy de Ferdinand Oyono...
C'est votre première œuvre littéraire, pouvez-vous nous parler de vos projets futurs: d'autres nouvelles? un roman? une pièce de théâtre?
J'ai plusieurs projets en cours, entre autres la publication d'un autre recueil de nouvelles ainsi qu'une pièce de théâtre en janvier 2013.
Un dernier mot?
Éteignez votre télé; écartez de vous toutes les autres distractions puis sautez à pieds joints dans la lecture de mon livre. Il vous fera découvrir ou redécouvrir, à travers de courtes nouvelles, les traditions et légendes d'Afrique.
Propos recueillis
par Liss Kihindou
Contact: https://lissdanslavalleedeslivres.blogspot.com