«Magnifique, couleurs!» (aux Editions Edilivre) est le deuxième roman de Clothilde Jean-Baptiste. Passionnée depuis sa plus tendre enfance par l'écriture et les belles lettres, l'auteure y aborde le thème de la famille, riche en problématiques et cher à son cœur. |
J'ai obtenu mon baccalauréat en Sciences technique sanitaire et social. Ensuite, j'ai entamé une formation d'éducatrice spécialisée que je viens de finir avec l'obtention du diplôme. Actuellement, j'effectue un service civique de défense des droits auprès des enfants. Je suis une sorte d'ambassadrice. J'avais envie de bénéficier d'une année de réflexion et d'avoir davantage d'expérience avant de commencer à travailler.
Pourquoi avoir choisi d'évoquer l'univers de la famille et sa complexité?
La famille est pour moi un univers fascinant, et sa complexité le rend riche. En effet, c'est le premier groupe auquel est attaché un individu. La famille est une base solide qui permet à une personne d'avoir une identité. De plus, il est intéressant de voir comment s'inscrit le groupe familial dans la société. Chaque membre d'une famille a sa propre personnalité et s'en dissocie d'une manière ou d'une autre. Les enfants cherchent petit à petit à se détacher de leurs parents pour s'inscrire eux mêmes dans leur propre groupe. L'image qu'un enfant a de son père et de sa mère change: alors qu'il ne voyait en eux que des êtres parfaits, il découvre qu'ils peuvent eux aussi avoir des défauts. Il en est de même pour les parents qui durant la grossesse ont pu idéaliser et tout miser sur l'enfant tant attendu. De ce fait, de nombreux sujets peuvent être traités en relation avec la famille, qu'il s'agisse de non-dit, de déception, de secrets ou bien encore de solidarité, de l'acceptation de l'autre, quelle que soit sa personnalité.
Nous vivons dans une société qui évolue à la vitesse de la lumière... Les temps changent, la famille et l'éducation aussi, qu'en pensez-vous?
Il est vrai que la société évolue vite, et la famille évolue aussi avec ses changements. Cependant, je dois admettre que ma réponse est influencée par mes différentes origines. Mes parents, du fait de leurs origines différentes n'ont pas eu la même éducation et ont leurs propres traditions familiales. En France, il y a de plus en plus de couples issus de différentes cultures. Chacun va donc apporter ses valeurs familiales et sa vision de l'éducation.
On dit souvent qu'être parent est le plus dur métier du monde, comment ressentez-vous cette affirmation?
Bien que je ne sois pas encore mère, j'ai pu observer des personnes qui le sont, lire des livres et des articles, et cela m'a toujours intriguée et fascinée. Il est vrai que beaucoup de parents s'inquiètent constamment pour leur enfant et mettent tout en œuvre pour les voir un jour réussir sa vie. Cependant, avant d'être le métier le plus dur du monde, il me semble qu'il est avant tout le métier le plus gratifiant et le plus beau.
Pourquoi avoir décidé de mettre en lumière deux familles aux origines distinctes?
Je ne pouvais pas m'imaginer faire autrement. Il y a de nombreuses personnes qui, comme moi, vivent en France et ont des origines étrangères. Il était important de mettre en avant la différence entre la culture et l'éducation d'une famille vivant sur sa terre d'accueil et celle d'une famille vivant sur sa terre natale. Cependant, dans mon roman je m'intéresse surtout aux enfants issus de l'immigration qui vivent sur la terre d'accueil de leurs parents. Il y a comme un décalage entre les enfants et leurs parents. Ils ne se comprennent pas parce qu'ils ne pensent pas de la même façon. Les enfants peuvent se sentir français et être en même temps fiers de leurs origines. Ils peuvent vivre cette richesse comme un atout ou, au contraire, oublier d'où ils viennent et confondre intégration avec acculturation.
Propos recueillis
par Marine Rebut