Fatoumata Kane Ki-Zerbo est africaine, mariée et mère de trois enfants. Auteure de quatre ouvrages, son dernier roman "Disgrâce" dénonce la corruption et les abus de pouvoir dans certaines sociétés africaines. Rencontre. |
Depuis quand écrivez-vous et à quel genre littéraire estimez-vous appartenir ?
J'écris depuis toujours. C'est une véritable passion. Je ne me classe pas dans un genre particulier. J'écris des nouvelles, des romans, des poèmes et je suis actuellement en train d'écrire un essai. C'est comme pour la lecture, je lis de tout.
Pouvez-vous nous parler du livre Disgrâce pourquoi ce titre ? Ou avez-vous trouvé l'inspiration ?
Disgrâce est mon dernier roman. Il parle de certains phénomènes sociopolitiques que l'on constate avec effarement dans certains pays en Afrique. Il dénonce la corruption, le clientélisme, les raccourcis, l'arrogance, l'arrivisme, les coups bas, la politique de l'autruche et les répressions honteuses. Je peux dire que c'est un livre politique romancé. J'ai choisi le titre en rapport avec la trame de l'histoire, celle d'un homme, qui brusquement se trouve en Disgrâce, rejeté par ceux d'en haut dont il ne fait plus l'affaire et honni à cause de la rumeur savamment distillée par ses détracteurs... vous trouverez la suite dans le livre qui est passionnant. Il est en vente dans les librairies et sur Internet (voir le site Amazon), les versions électroniques PDF et Kindle sont également disponibles.
Pourquoi êtes-vous devenue écrivain auto-éditeur. Parlez-nous de votre maison d'édition ?
Je ne sais pas pourquoi je suis devenue écrivain. Je sais simplement que j'ai la passion des mots, celle de la lecture et de l'écriture. J'ai créé la maison d'édition Lakalita en 2010, parce que c'est un outil de travail fabuleux dans lequel je fonde beaucoup d'espoir. Les nouvelles techniques de communication nous permettent de travailler à distance et c'est une véritable avancée pour ceux qui, comme moi, voyagent beaucoup.
Relisez-vous souvent les livres que vous avez aimés ?
Il m'arrive bien évidemment de relire des livres que j'avais appréciés. Certains livres vous marquent et vous collent aux tripes. Avec mon époux, nous avons une bibliothèque bien dotée qui s'enrichit régulièrement. Nous en sommes très fiers.
Avez-vous une devise, une ligne de conduite ou de pensée ?
Carpe Diem. Il faut non seulement profiter de l'instant présent mais il faut le rendre précieux à travers un esprit bienheureux, aimer la vie, s'aimer, aimer les autres, faire éclore le talent qui est en nous. Il faut se réjouir de toutes les grâces du ciel, comme la beauté de la nature, les enfants qui grandissent et s'épanouissent, les parents qui se portent bien, nos propres exploits. Il faut avoir la capacité de se détacher de la frénésie quasi hystérique qui régit le monde. A Carpe Diem j'ajoute, Foi, Respect et Travail.
Qu'est-ce qui vous a amené vers l'écriture ?
J'ai bien envie de vous dire mon père, et ce ne serait pas faux, même si votre question n'est pas "Qui" est-ce qui vous a amené à écrire. C'est lui qui m'a donné très jeune, dès le primaire, le goût de la lecture et qui a encouragé mes premières tentatives d'écriture; qui m'a abonnée à des magazines, inscrite à la bibliothèque. A son décès, nous avons d'ailleurs trouvé dans ses affaires des poèmes écrits par moi lorsque j'étais au collège et qu'il avait précieusement gardés. Quant à ma mère, elle m'a fait lire à Alger, lorsque j'avais dix ans, un fabuleux roman d'Amadou Hampaté Ba, L'étrange destin de Wangrin. Ce fut pour moi une découverte inoubliable, ce livre est un chef-d'œuvre. J'ai grandi au milieu des livres et des journaux. Il y a aussi des professeurs, particulièrement un professeur de français au lycée Van Vollenhoven de Dakar, madame Renaudeau, qui était souvent séduite par mes dissertations et qui m'a non seulement beaucoup appris, mais aussi donné confiance dans ma capacité à écrire.
Le trait principal de votre caractère ?
C'est très difficile de se définir soi-même. Je sais que je suis très généreuse et je me demande souvent si c'est une qualité ou un défaut (rires). J'ai comme on dit, le cœur sur la main et dans le monde actuel ça peut être un handicap, mais on ne se refait pas.
Avez-vous des projets ?
Heureusement que j'ai des projets. J'espère que j'en aurais encore longtemps. J'ai mes projets d'écriture, je continue à me former dans les domaines qui m'intéressent ce qui m'apporte une grande satisfaction. Si Dieu me prête vie, je pense et espère continuer ainsi.
Une dernière question pour finir. Selon vous, qu'est-ce qu'un bon livre ?
Définir un livre comme étant bien et un autre mauvais est souvent subjectif. Un bon livre est celui qui a su vous séduire, vous toucher et vous apprendre des choses que vous jugez importantes ou intéressantes. C'est de l'ordre du ressenti, je parle là du fond, il y a aussi le style. Je sais qu'il y a des écrivains célèbres dont je n'arrive pas à terminer le livre, et d'autres quasiment inconnus que je relis avec plaisir. Chacun a son public, ses admirateurs et c'est très bien ainsi.
Propos recueillis
par
Anastasia Sabine