Mariam Koné est une comédienne, conteuse burkinabè résidant à Ouagadougou. Directrice de la Compagnie de théâtre Mun Nana, elle anime parfois des ateliers sur les contes et vient de publier un premier livre intitulé "Landolo et le Grand Caïlcédrat". |
Pouvez-vous résumer ce recueil de contes ?
"Landolo et la Grand Caïlcédrat" comprend sept contes inspirés du terroir san (ethnie du nord-ouest du Burkina-Faso) qui dénoncent la méchanceté, la jalousie démesurée dans le ménage, l'égoïsme et l'aveuglement que peut susciter le pouvoir. On trouve cet ouvrage dans les boutiques des Editions de l'Harmattan et dans d'autres librairies.
Pourquoi avez-vous écrit cet ouvrage ?
Par souci de sauvegarder et de valoriser les contes africains. Les générations futures, en lisant ces textes, découvriront une facette de notre culture. Comme j'aimais beaucoup les émissions de contes qui passaient sur les chaînes de radio et de télé, j'ai décidé, un jour, de répertorier les histoires que nous racontaient souvent mes parents. Mais je me suis vite rendue compte que j'en avais oublié une bonne partie. J'ai compris alors qu'il fallait sauvegarder le peu qui nous restait.
Comment êtes-vous venue à l'écriture ?
Quand j'ai décidé de faire éditer mes contes, d'écrire une pièce de théâtre et des scenarios de films.
Entretenez-vous des relations avec des auteurs burkinabè et hors de votre pays ?
Oui, avec Sophie H. Kam et Aristide Tarnagda. Ce sont de jeunes auteurs burkinabè que j'admire beaucoup. Et aussi Lamoussa T. Kafando, dans le milieu artistique ici même à Ouagadougou. A l'avenir, j'irai vers d'autres auteurs du Burkina pour m'inspirer de leur expérience.
Quels conseils prodiguez-vous aux femmes qui veulent suivre votre exemple ?
Je leur demande de s'armer de courage, de lire beaucoup pour s'instruire davantage, de faire des recherches pour mieux se cultiver et maîtriser leur domaine, de ne pas fléchir face à certaines pesanteurs socio-culturelles.
Qui sont vos auteurs préférés ?
Ah ça ! ils sont très nombreux. Des auteurs burkinabè comme le Pr Ki-Zerbo, Nazi Boni, Jacques Guégané, Me Pacéré, Monique Ilboudo, Daniel Zongo, Lazoumou Séni. En Europe : Shakespeare, Molière, la Fontaine, Maupassant, Marie-Louise Fisher, et quelques Africains comme Léopold S. Senghor, Birago Diop, Adam Bâ Konaré, Tanella Boni, Alfred Dogbè, Abib Dembélé.
Avez-vous eu des difficultés pour éditer votre recueil ?
Des difficultés financières pour le préparer. Maintenant j'en rencontre d'autres, parce que l'auteur doit aussi œuvrer pour la distribution de son ouvrage. Il me faut donc trouver des circuits de distribution.
La littérature se porte-t-elle bien au Faso ?
Je ne sais pas. Mais nos écrivains, à mon avis, manquent de moyens techniques et financiers qui leur permettraient d'améliorer la qualité des livres et les circuits de distribution. Le ministère de l'Enseignement pourrait aider en achetant les ouvrages des écrivains burkinabè.
Etes-vous attachée à certaines valeurs ?
Les valeurs universelles telles que le sens du pardon, du respect, de l'honneur; la dignité, l'intégrité morale, le courage, l'hospitalité, la solidarité, le partage équitable des biens de la société. Chaque fois qu'une société s'éloigne de ces valeurs, elle s'éloigne aussi de la paix.
Votre époux vous aide-t-il ?
Oui ! Mon conjoint joue un rôle très important dans mes activités. D'abord, il m'aide activement pour tout ce qui est lié à l'administration. Ensuite, il ne me pose pas les questions du genre : "Où étais-tu ? Pourquoi tu rentres à une heure si tardive ? Pourquoi as-tu regardé un homme dans la rue ?", etc. Il respecte mon métier d'artiste, il me respecte en tant que personne qui a des droits. Il ne m'enlève pas l'envie de vivre avec un homme et je le remercie pour cela.
Avez-vous des projets ?
Je prépare la deuxième édition de mon festival "Anséko" (le Festival international de l'oralité et des Arts), et je cherche les voies et moyens pour promouvoir les deux spectacles de contes que j'ai créés avec le groupe de conteuses. J'aimerais également faire éditer d'autres récits.
Quelles sont vos distractions ?
Quand je suis libre, je lis, je vais voir un spectacle ou bien je voyage.
Avez-vous un dernier mot pour conclure cet entretien ?
Je remercie l'Harmattan qui a bien voulu éditer mon livre et tous ceux qui m'ont aidée : Paul Zoumbara, Achille Somé, Madame Tamini, Cnostance, Alima et Bougoum sans oublier les amis artistes qui m'ont encouragée au début de ma carrière de conteuse : Albert Bilgo, Hubert Kagambèga, Ildevert Méda, Abacar Abaye, Ali Diallo et tous les amis de la presse, qui ont promu cet ouvrage.
Propos recueillis
par Oumar Ouédraogo
Email: [email protected]
Site web: www.mun-nana.net