Céline Kula Kim vient de créer avec son équipe la revue EFA. Cet ouvrage confirme si besoin était son engagement en faveur de la femme africaine. Intellectuelle et militante, elle mène de front diverses activités, tant dans le domaine associatif (Colombes d'Afrique, Cap International Press) que dans l'animation des conférences et séminaires sur la femme africaine. Cette femme plurielle trouve en outre le temps d'animer depuis 2003 à Radio RTU (Radio Trait d'Union Lyon) 89.8, l'émission "Femmes et Sociétés". Rencontre. |
Votre parcours ?
Arrivée en France dans les années 1980 après des études secondaires et un premier cycle universitaire à Kinshasa, je me suis inscrite en 2e cycle à L'Université Lyon Il en Sciences de l'Education, puis en 3e cycle à Nancy (Santé Publique) et à Paris (VII et VIII). Ces études m'ont permis de devenir ce que je suis aujourd'hui: sociologue, auteurs, chercheuse et directrice de publication de EFA.
Pourquoi avoir créé EFA ?
Le projet de mettre sur pied une revue de ce type date de 1999. L'idée m'est venue face à la demande sans cesse croissante de travaux de recherches universitaires sur la femme, la culture et la famille africaine. Cette revue apporte un plus grand éclairage sur l'Africaine et ses réalités. EFA est née effectivement en 2005, et le premier numéro a été bien accueilli. Cette revue vise tous les publics, notamment les personnes soucieuses de culture. EFA est un carrefour de réflexions sur la promotion et la condition de la femme africaine. Elle s'est donné la mission de permettre aux femmes diplômées ou chercheuses de diffuser leurs travaux. Elle est en outre une ressource pour les chercheurs et les travailleurs sociaux dans leurs actions et missions sur la famille africaine. Il convient de souligner que EFA est ouverte aux chercheurs de toutes origines travaillant sur les thèmes liés à l'Africaine.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la mise en route ? Où trouve-t-on la revue ? Quels sont vos financements ? Vos partenaires ?
Les difficultés sont diverses et termes d'investissement humains, financiers et de temps. En gros, ce sont tous les soucis inhérents à la création de ce type de structure. La revue EFA est disponible en librairie et sur internet sur notre site (numéro ISBN). Nous sommes soutenus et financés par le Centre National du Livre et le FASILD. L'équipe d'EFA est composée pour le moment de femmes universitaires et nous incitions vivement les femmes à nous soumettre et à faire connaître leurs travaux et réflexions. Par ailleurs, nous travaillons en partenariat avec les éditeurs et les libraires.
Comment déifiniriez-vous EFA ? Pensez-vous qu'elle vient remplir un vide dans la presse africaine ?
EFA est une revue scientifique et sociologique. C'est un ouvrage publié sous forme de livre et composé d'articles et de sujets d'auteurs. Parlant de la presse africaine, je voudrais souligner qu'un nombre de plus en plus important de magazines et de journaux existent déjà; cependant les revues scientifiques et/ou universitaires francophones sont encore peu nombreuses, surtout dans le domaine qui nous intéresse. Par ailleurs les femmes diplômées constituent encore malheureusement une minorité oubliée et très souvent en détresse, contrairement à ce que l'on peut penser.
Des publications ? Vos projets ?
J'ai publié déjà quatre ouvrages chez l'Harmattan et Aurore Univers. En ce moment, en plus de ma recherche en cours, je suis mobilisée par un projet humanitaire. Je souhaite organiser en 2007 un concours de bourses avec le soutien de EFA pour inciter les jeunes africaines à entreprendre des études universitaires et faire de la recherche, ce qui est susceptible de modifier l'image que l'on continue à avoir de la femme africaine qui doit devenir plus visible, entreprenante, se faire entendre, se forger un chemin et participer de façon plus citoyenne à la politique et à l'économie de son pays.
Votre avis sur les problèmes dits d'intégration en France ?
Les femmes africaines sont en permanence en butte aux préjugés, et ce, quel que soit leur statut social en France. Il faut que ça change. Il est absolument urgent de comprendre comment se faire accepter, se faire respecter dans sa société d'accueil en adoptant des comportements et des fonctionnements adaptés. La plupart sont en équilibre entre la France d'en haut par leurs études et/ou leurs activités et la France d'en bas par leurs origines. L'intégration est un long processus et je préfère d'ailleurs parler de réussite de l'immigration. Les relations inter-culturelles ou inter-ethniques favorisent l'ouverture, la tolérance et l'acceptation de l'autre. Nous avons l'obligation d'aller vers la culture française tout en gardant le meilleur de nous, c'est essentiel pour instaurer plus d'harmonie. L'africaine doit militer, bouger, côtoyer les élus et les politiques, voter, être plus visible, en gros se battre... C'est de cette manière qu'on affronte les discriminations et que nous faisons bouger les choses. Nous avons malheureusement encore bien du mal à émerger; c'est un gros handicap. Par ailleurs, il faut cesser de ne voir que la réussite purement matérielle que nous avons tendance à privilégier. En nous distinguant par des actions plus gratifiantes, nous aurons dans l'avenir un plus grand nombre de personnes à des postes visibles et respectés dans la société française.
Propos recueillis
par Mano M. Akam
Contacts: e-mail [email protected] - asso [email protected] Site: www.efarevue.com
Revue EFA : Editions Univers, 149, avenue du Maine - Paris 14e