Mannequin, chanteuse et écrivain, la Bénino-Nigériane Domenica Zinsou, Nika Mahouse de son nom d'artiste, a plusieurs cordes à son arc. Elle signe "Les Voleurs de lumière", un premier roman, où se côtoient trois Afriques : la traditionnelle, la religieuse et la moderne. Une sorte de comte qui oppose les forces du mal au bien. |
Quelle est la part d'autobiographie dans votre livre ?
Il y a des similitudes entre l'héroïne et moi-même, mais ce ne sont que des coïncidences. J'ai voyagé comme Éve, j'ai été à l'école dans le Massif Central. J'ai été hébergée par une famille d'accueil, mais toutes ces ressemblances ne signifient pas pour autant que c'est ma vie que je raconte. Et puis ce roman est en quelque sorte une histoire légendaire, c'est pour cette raison que j'ai appelé l'héroïne Éve.
D'où tenez-vous votre inspiration ?
J'écris mes textes guidée par l'esprit bienfaiteur. On ne fait jamais rien seul. Il y a des êtres qui sont là pour nous aider, nous simplifier la tâche. Je remercie mes ancêtres bienveillants.
Combien de temps avez-vous mis pour l'écrire ?
J'ai mis deux ans pour l'écrire et le corriger.
Qu'avez-vous souhaité montrer à travers ce premier livre ?
Ce livre est dédié à l'Afrique et à la France. Il retrace les réalités africaines et parisiennes. Je voudrais qu'il soit un message d'espoir et d'amour envers son prochain, aussi petit qu'il soit, car personne n'est à sous-estimer.
Le roman se termine de façon positive puisque Éve finit par triompher de Cloporte qui la persécute indirectement.
Clopotte incarne le mal, la cruauté et l'avidité. Heureusement, elle ne remporte pas la victoire. À travers mes personnages, je voulais montrer que dans le monde il y a toujours une dualité entre le bien et le mal. C'est un livre d'espoir même si c'est révoltant de voir comment certaines personnes peuvent abuser de leur pouvoir.
Éve ne rencontre que des soucis, on a l'impression que jamais elle ne trouvera le bonheur. Pourquoi avoir accumulé les fardeaux sur ses épaules ?
Je voulais montrer comment les difficultés créées par Clopotte arrivaient à faire mûrir et grandir Éve. Elles lui permettent d'avoir une certaine crainte de la vie et de la nature. Cette expérience est porteuse de leçons : il ne faut pas répondre au mal par le mal. Il faut essayer de faire preuve d'intelligence et s'en remettre à Dieu, pour ceux qui ont la foi.
Dans votre ouvrage, il est question de couple mixte. Tous les Blancs qui croisent le chemin d'Éve finissent par être désagréables avec elle. Pensez-vous qu'il soit difficile pour une Africaine et un Européen de cohabiter ensemble ?
La culture africaine et la culture française sont très différentes, c'est pourquoi il est difficile pour un Français n'ayant pas vécu en Afrique de comprendre notre culture. Cependant, quand on la connaît, on ne peut que l'aimer. Je pense pour ma part que c'est une chance d'avoir deux cultures et qu'il faut prendre le positif dans chacune d'elles, cela fait de nous quelqu'un de fort avec un esprit ouvert. Je suis favorable au métissage culturel.
Comment votre livre est-il accueilli pour l'instant ?
C'est un peu trop tôt pour en parler puisqu'il vient de sortir. On peut le trouver chez L'Harmattan, et Présence africaine, mais je suis à la recherche d'un nouveau diffuseur. Un grand merci à M Jacques Floch et son graphiste qui se sont donné beaucoup de mal.
Peut-on le trouver en Afrique ?
J'ai un agent en Côte d'Ivoire intéressé par mon roman. Il devrait promouvoir le livre sur place.
Pourquoi avoir choisi comme nom d'artiste "Nika Mahouse" ? Cela a-t-il une signification particulière ?
Nika est le nom que j'ai toujours utilisé dans ma carrière artistique. Quant à Mahouse, cela signifie dans ma langue "Gloire à Dieu". Chaque jour de notre vie, il est bon de remercier Dieu.
Vous êtes aussi poète. D'ailleurs deux de vos poésies sont parues dans un recueil, sorti en 2002.
J'écris des poèmes depuis plus de vingt ans. J'y exprime mes états d'âme, mes sentiments. Dans ce premier recueil, sorti en 2002, figuraient en effet deux de mes poèmes dont un dédié à Maïakovski, un poète russe que j'aime particulièrement. Je prépare à présent un autre recueil qui devrait contenir une cinquantaine de mes poèmes sur des thèmes variés, dont la ville de Chicago.
Qu'est-ce qui vous a séduite dans cette ville ?
J'aime beaucoup l'état d'esprit des habitants. Tout me plaît dans Chicago, notamment l'American dream qui fait que tout est possible.
Vous chantez du gospel et vous avez d'ailleurs un projet d'album...
Oui, depuis l'année dernière, je chante dans une chorale. L'inspiration est arrivée dans ma vie, il y a cinq ans. Depuis j'écris mes textes, je compose et espère prochainement sortir un CD avec Emilincot. J'ai suffisamment de morceaux pour faire un album. Je suis à la recherche d'un producteur.
Continuez-vous de défiler ?
Je ne défile plus, mais je garde de bons souvenirs de cette époque. Il est très difficile de vivre de cette activité. Très peu y arrivent. J'ai défilé pour Xuly Bet, mais aussi pour la marque de jeans Loïs et, pour plusieurs couturiers italiens car ces derniers font défiler beaucoup de Noires. J'ai également participé à Miss Nigeria, lors de la Coupe du monde de football.
Avez-vous un site internet ?
Il est en cours de réalisation. Pour le moment il est possible de me contacter sur le mail de mon photographe, Jacques Florsch.
Un souhait pour l'avenir ?
J'aimerais que tous les enfants aient accès au savoir. Je suis toujours attristée quand je voyage en Afrique, berceau de l'humanité, de voir des enfants qui ne vont pas à l'école.