Née à Libreville au Gabon, Muetse-Destinée Mboga y a fait ses études avant de s'envoler pour la France après l'obtention de son baccalauréat en 2004. Elle prépare actuellement un doctorat en Droit international humanitaire à l'Université d'Aix-Marseille. Son prénom 'Muetse' signifie 'le clair de lune' et sa poésie, fine et intelligente, se nourrit savamment de ses expériences et du temps qui passe et laisse des traces heureuses ou douloureuses. Ses mots, empreints d'émotions et de couleurs, nous incitent au voyage, à la réflexion. |
Quel chemin vous a menée à l'écriture ?
Je ne sais pas si j'ai suivi un chemin... disons que j'ai découvert l'écriture ou plutôt qu'elle était en moi, je ne sais pas... J'avais onze ans quand j'ai commencé à griffonner mes cahiers, j'écrivais des petites histoires, des contes, des poèmes... J'étais une enfant solitaire, un paradoxe car je suis issue d'une famille nombreuse. J'avais l'impression d'être « l'enfant incomprise » et mal dans sa peau, alors quand je me sentais mal, j'ouvrais la porte de « ma cachette » l'écriture et je m'y réfugiais. Je n'ai cependant jamais vraiment eu le désir de publier. J'écrivais surtout pour moi; j'ai d'ailleurs perdu tous mes vieux cahiers, et par conséquent, tous mes anciens poèmes. Mais avec le temps et suite aux encouragements de mes proches, je me suis dit qu'il fallait que je me lance.
Pourquoi commencer par une œuvre poétique ? Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Au départ je me disais que c'était pour rendre hommage à l'enfance et à la poésie qui a éveillé mon amour pour l'écriture... Mais parfois je me fais la réflexion que c'est davantage par crainte. Avant de me lancer dans de grandes choses, je veux me tester, voir si je peux aller jusqu'au bout de ce que j'ai entrepris. Comme mon ordinateur était rempli de poème, j'en ai sélectionné une partie et je me suis dit « Essayons ça » sur une impulsion, pour éviter de perdre courage. Sinon mes sources d'inspiration sont multiples et diverses. Ma famille, ma terre et mes émotions sont des sujets récurrents... Ce recueil est très personnel, c'est une sorte de « Journal intime ». Je le voulais ainsi pour commencer mais maintenant je n'écris plus pour moi seule.
Quel message souhaitez-vous que l'on tire de votre recueil ?
L'idée principale est que le cœur recherche avant tout l'amour: l'amour des siens, l'amour d'un être, l'amour de sa terre, de son pays... l'amour sous toutes ses formes. En somme l'amour est la destination finale pour un cœur, mais tout au long du voyage, on se découvre tel que l'on est et on découvre aussi les autres. Lorsqu'on a fait cette découverte, on recherche ensuite ses origines, ses racines, on les valorise, on se les approprie ou réapproprie... Et ce n'est qu'après ça qu'on aime, ou qu'on arrive à aimer. Après, chaque poème a son message, mais l'idée de base est celle-là. J'essaie de traduire des émotions que chacun de nous peut ressentir mais qu'on a parfois du mal à exprimer.
Quel est votre auteur préféré ?
J'aime les œuvres plus que leurs auteurs. Mais si je devais en retenir un, je dirais l'auteur gabonais Maurice Okoumba Nkoghé. J'ai aimé toutes ses œuvres. Après j'aime la littérature africaine, gabonaise en particulier, mais aussi la littérature en général. Je fais un petit clin d'œil à Ronsard et à Mallarmé, mes poètes préférés.
Comment vivez-vous cette première expérience ? Rassurée ?
Rassurée, bien sûr d'y être enfin « arrivée ». Angoissée aussi, oui, comme toute personne qui produit quelque chose. Je m'angoisse à l'idée que cela ne plaise pas. Mais je me dis que ce n'est qu'un début, et si ce n'est pas la grande réussite, je pourrai faire mieux. Parfois je suis tout de même émerveillée. J'ai du mal à croire que c'est moi qui ai écrit cela. Je n'avais jamais osé y croire et petit à petit je sens un peu de fierté poindre dans mon coeur. Et je dis: « Merci Seigneur. »
Votre entourage est-il heureux pour vous ?
Oui. Mes frères et sœurs et mes amis qui connaissent ma passion et savaient que j'avais ce projet sont heureux pour moi. Mon oncle est fier. Quant à ma mère et mes aînées au Gabon, elles n'en savent encore rien. Pour ce qui est de mon papa, il n'aura pas la chance de le voir. Dommage !
Avez-vous une pensée particulière pour quelqu'un maintenant que votre livre est paru ?
Je dédie ce livre à ma mère. Je sais ça fait « déjà vu », mais une mère, c'est le début de toute chose, c'est aussi la première à nous bénir... Alors oui, à Maman, même si le recueil est plein de poèmes pour mon défunt père. Le rêve de voir de la fierté dans ses yeux...
Quels conseils donneriez-vous à un personne qui se passionne pour l'écriture et voudrait en faire son métier ?
Je ne me sens pas vraiment « compétente » pour conseiller des gens. Lancez-vous, c'est le seul conseil qui me vient à l'esprit. Vivre son rêve n'a pas de prix et on ne peut pas savoir si on n'a pas essayé... Le deuxième conseil, c'est d'être soi-même. Toute œuvre de l'esprit brille d'abord par son authenticité. S'il est vrai que vous pouvez apprendre beaucoup des autres, il est important de garder son originalité, d'assumer ses particularités. En littérature comme dans la vie réelle. On ne peut pas plaire à tout le monde.
Que nous réservez-vous dans un avenir proche ?
J'écris. Attendez-vous à beaucoup de romans et de nouvelles, un autre recueil de poèmes peut-être bien plus tard. En ce moment je suis sur deux romans que je termine. S'il plaît à Dieu, je sortirai mon premier roman pour mon prochain anniversaire en janvier 2013. J'ai hâte que les lecteurs découvrent une autre facette de moi !
Propos recueillis
par Merey Edna
Muetse-Destinée Mboga. Muendu Murime le voyage du cœur. Saint-Maur-des-Fossés: Jets d'encre, 2012. ISBN: 978-2-35485-324-2.