Première femme romancière de Bukavu (RDC), Mme Astrid Mujinga est née à Likasi dans la province du Katanga en 1955. Elle est journaliste à la Radio Onusienne Okapi et présidente du Réseau des associations de la Francophonie au Sud Kivu. Astrid Mujinga a une licence en pédagogie appliquée, option Français linguistique africaine, obtenue à l'Institut supérieur pédagogique. Elle a enseigné le français au Collège Alfajiri pendant 20 ans. "L'odeur du sang" est sa première œuvre romanesque. |
Faites-nous un résumé de votre roman...
Il s'agit d'un jeune homme, le héros du livre, du nom de Ben, qui a été enrôlé avec beaucoup d'autres jeunes garçons dans l'armée, comme enfant soldat. Le livre retrace toutes les péripéties de sa vie jusqu'au moment où, nommé officier des Forces Armées Congolaises, il participe au combat qui s'est déroulé à Pueto dans le Katanga. Un combat où il est grièvement blessé. Je peins la société congolaise à travers les personnages du roman: la misère, le chômage, la pandémie du Sida avec ses ravages, la corruption qui bat son plein. Un écrivain est toujours le photographe de son temps.
Pourquoi ce titre?
Ce titre est tiré d'une phrase d'un personnage du roman qui raconte comment il a échappé aux massacres des officiers, à Kavumu, lors de l'entrée du Congolais pour la Démocratie à Bukavu. C'est aussi pour symboliser tout la sang qui a coulé pendant toutes ces guerres dites à tort ou à raison "guerres de libération".
Quelles sont vos sources d'inspirations?
J'ai de proches parents qui ont été enrôlés comme enfants soldats. Je me suis inspirée de leurs récits. Je suis journaliste. Je suis observatrice de tout ce qui se passe dans notre société.
Pourquoi le genre romanesque?
Le roman est souvent considéré comme le genre noble. Et je dirai, le plus difficile par rapport aux autres genres. C'est donc pour répondre à ma vocation d'écrivaine que j'ai préféré ce genre.
Quand préférez-vous écrire?
Je préfère écrire au moment où je me repose, où je n'ai aucun travail à faire. Il m'arrive par exemple de me réveiller au milieu de la nuit, quand tout le monde dort, pour noter une idée.
Les femmes ne sont pas nombreuses en écriture. Quelles en sont les raisons?
Ecrire est une vocation. Il faut être inspiré pour écrire. Est-ce que les femmes n'ont pas cette vocation-là, je ne le dirai pas, parce que même pour les hommes, dans notre province, il y a un très faible pourcentage d'écrivains. Il faut disposer de temps et de moyens. Or la majorité des femmes n'ont ni l'un ni l'autre.
A quand votre prochain livre?
Mon prochain roman est pour bientôt. Il me faut le relire et le corriger avant de le soumettre aux éditeurs.
Propos recueillis
par Deo Cikuru