Agée de 19 ans, Pélagie Nabolé a déjà un roman à son actif. Son titre : « Le Péril », publié en juin 2012, à Ouagadougou. Cette œuvre engagée dénonce le maux qui menacent la société et prône la solidarité. Dans cet entretien, Pélagie Nabolé évoque sa création littéraire, sa vision de l'avenir du continent et ses projets. |
Pourquoi écrivez-vous ?
Je tiens tout d'abord à vous remercier pour cette tribune qui m'est offerte pour me faire connaître davantage. Pour répondre à votre question, disons que ce grand amour pour la littérature a commencé au cours de mon enfance. Je m'essayais à la poésie, aux contes et aux nouvelles. L'écriture, plus qu'une passion, est un moyen d'expression que je n'ai pas hésité à utiliser pour transmettre un message, un cri du cœur, dénoncer le chaos qui menace la société et montrer les chemins de l'amélioration de l'espèce humaine. Ecrire, c'est un moment de liberté, et aussi prendre plaisir à découvrir l'univers de l'autre.
Quelles valeurs dont peuvent s'inspirer les filles et femmes africaines aujourd'hui véhiculent Le Péril ?
Plus qu'un roman d'évasion, Le Péril instruit et construit. Cultiver la solidarité au détriment de l'individualisme, l'amour du prochain, l'amour du travail bien fait, le respect des mœurs et de la liberté des autres, la loyauté, le pardon, la paix, l'honnêteté sont entre autres les valeurs que véhiculent Le Péril.
Votre héroïne Myra est très ambitieuse et sait ce qu'elle se veut ! C'est un clin d'œil aux jeunes Africaines ?
A travers Myra Traoré, personnage principal du roman, je m'adresse à toutes les jeunes filles africaines. Sachez que vous devez chercher la lumière pour être une bougie pour toute la communauté africaine. Ce qui veut dire qu'il faudra se battre et donner le meilleur de soi-même pour exceller. Aussi, ce que vous amorcez à ce stade de votre vie façonnera votre avenir. Mettez de l'ordre et du sérieux dans tout ce que vous entreprenez. Battez-vous pour vos idéaux. Ne limitez pas vos défis mais défiez plutôt vos limites et marchez toujours dans l'esprit d'un jour nouveau.
Pourquoi avoir choisi le genre romanesque ?
De manière générale, on considère le genre romanesque comme un récit de taille très variable, mais assez long, qui a pour objet la relation de situations et de faits présentés comme relevant de l'invention, même si l'auteur recherche souvent un effet de réalité, ce qui le distingue du simple récit-transcription. Le choix donc de ce genre littéraire m'a permis de traiter d'un sujet unique retraçant la vie de plusieurs personnes, liées d'une manière ou d'une autre, du début à la fin de leurs longues aventures. Ainsi le message est passé en totalité et il devient plus impactant.
On dit souvent que les Africains lisent peu. Comment corriger ce déficit et que peut apporter la littérature au continent ?
Un grand homme déclara une fois que: « La meilleure façon de cacher quelque chose à un Noir, c'est de la mettre dans un livre ». Les Africains lisent peu, ce qui limite leur champ de connaissances. Pour corriger ce déficit, il faut inculquer aux enfants, dès leur bas âge, l'amour pour la lecture en équipant les écoles primaires de bibliothèques. En plus, les enseignants doivent référer les élèves et les étudiants à des ouvrages pour compléter les cours dispensés. Toute chose qui les obligera à lire. La littérature permettrait aux Africains de découvrir un savoir inestimable et indispensable pour comprendre certains mystères de la nature, pour remédier à certains maux qui minent notre continent, de même que les solutions au sous-développement et effacer un tant soit peu cette étiquette d'ignorants qui nous colle à la peau.
Quels sont vos projets ?
J'ai trois projets: le premier est de placer le roman dans les librairies, les bibliothèques et les centres de documentation et de recherche de la place avec le soutien de toutes les bonnes volontés et le concours de tous les acteurs de l'éducation, cela pour le mettre à la disposition des jeunes et des parents. Ensuite, je continuerai à écrire pour transmettre les cris de cœur de la jeunesse. Le troisième projet est de faire une adaptation cinématographique de cette œuvre.
Un dernier mot ?
Ce n'est pas mon dernier mot parce que je ne suis pas à la fin de ma vie... mais j'ai compris qu'il s'agit de conclure. J'inviterai donc les parents et les enfants à se procurer mon livre à la librairie jeunesse d'Afrique (au Burkina Faso, ndlr). Ils y trouveront les solutions aux problèmes qui les opposent les uns aux autres. A tous les parents, sachez que malgré leur jeune âge, les enfants ont parfois des choses intéressantes à raconter. Prenez donc le temps de les écouter. A tous les jeunes, n'oubliez pas que vous constituez l'avenir du continent. L'Afrique vous appartient et vous devez mettre tout en œuvre pour la sortir du sous-développement.
Propos recueillis
par Tiego Tiemtoré
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