Les trahisons, les humiliations dont elle a été l'objet l'ayant conduite à la dépression et même au bord du suicide, Kiesse Nzambi décide de publier un témoignage sur sa vie de couple et sur la force que lui a procuré la foi. Elle se propose d'aider les lecteurs à éviter les erreurs et les pièges dans lesquels elle est tombée. Déceler par exemple que l'autre ne veut se mettre avec nous que pour obtenir des papiers, avoir la nationalité française, et contracter facilement des crédits... |
Kiesse Nzambi, la première question qui vient à l'esprit quand on lit votre livre, c'est celle-ci: Un homme fidèle à sa compagne, est-ce que cela existe? Est-ce qu'on peut en trouver un, ou est-ce une utopie?
Je pense qu'il y en a, sans doute, mais alors c'est un homme qui craint Dieu et qui a à cœur de ne pas faire de mal à son prochain. Je ne parle pas des hommes qui vont tous les jours à l'église, car cela n'implique pas qu'ils respectent forcément les recommandations de Dieu. Mais il y a des hommes qui, sans aller à l'église, ou même sans être croyants, ont des valeurs dans lesquelles ils croient et la fidélité constitue l'une d'elles.
Que conseilleriez-vous aux femmes qui découvrent que leur mari ou leur compagnon les a trompées?
La première chose, c'est d'abord de se calmer pour ne pas risquer de faire des bêtises ou prendre des décisions à la hâte car, sous le coup de la colère, on est capable de faire beaucoup de choses que l'on regrette par la suite. Je sais que ce n'est pas facile, mais il faut vraiment prendre sur soi et demeurer calme. Ensuite, il faut chercher la présence de Dieu, sa sagesse, pour savoir ce qu'il faut faire. Moi, c'est ce qui m'a aidée. Ne pas écouter l'extérieur qui va nous donner plein d'avis contradictoires, mais se tourner vers Dieu pour trouver le calme nécessaire, sinon c'est difficile à supporter, on peut facilement craquer.
Le titre de votre livre, justement, en dit long sur ce qui vous a permis de surmonter cette période difficile de votre vie. Face aux déboires conjugaux, la foi est-elle la seule issue, la seule thérapie? Beaucoup de personnes ne croient pas en Dieu, ne sont pas croyantes, vous ne pourriez pas les aider alors?
Il n'est pas nécessaire d'employer des termes religieux. On peut faire comprendre à une personne non croyante qu'il y a une sagesse supérieure à la nôtre qui peut nous éclairer sur le chemin à suivre, sur la décision à prendre, sur les moyens de se sortir du mauvais pas dans lequel on se trouve. Par exemple, si j'ai une voiture Toyota et qu'elle tombe en panne, pour remplacer la pièce défaillante, je ne vais pas aller chez Nissan, je vais plutôt aller chez Toyota qui est le mieux placé pour réparer ma voiture puisque c'est lui qui l'a créée. Pour l'homme ou la femme, c'est la même chose. Nous avons un créateur qui sait ce qui est bon pour nous. Il nous fera comprendre que les épreuves sont là pour nous faire grandir, pour que nous soyons plus forts.
Dans l'introduction de votre livre, on peut lire: « Mon témoignage est pour tous, mais il s'adresse en particulier aux célibataires qui souhaitent se marier et aux couples qui chavirent au milieu de la tempête ». Quel est le premier conseil que vous donneriez à ceux qui se préparent à se marier?
Je leur conseillerai de ne surtout pas aller vite, car au début chacun ne montre que ce qu'il veut bien montrer, chacun essaie de se conformer aux attentes de l'autre pour l'abuser. Il faut donc se donner le temps de s'assurer que le visage que l'on nous montre corrrespond au vrai visage de la personne. Et il faut commencer par soi même: se demander pourquoi on veut se marier, est-ce par amour ou plutôt pour obtenir quelque chose? Si on se rend compte que notre décision est motivée par l'intérêt, ce n'est même pas la peine, il faut laisser tomber, car on en paiera le prix. Par ailleurs le mariage est une institution divine, je veux dire que c'est quelque chose de sacré. Mariage religieux ou mairie, c'est pareil. Donc il faut se marier avec une personne qui considérera aussi que le mariage est sacré et donc qui saura qu'on ne peut pas faire n'importe quoi dans le mariage.
Vos premiers compagnons étaient tous des Congolais et vous vous demandez dans votre livre s'il n'y a pas « une malédiction sur un certain type d'hommes ». Que répondez-vous aujourd'hui, avec le recul?
Il est vrai que j'ai plus côtoyé des Africains (des Congolais des deux rives, des Ivoiriens, etc.), et j'ai remarqué que les Noirs ont davantage tendance à cacher leurs vrais sentiments, à ne pas révéler leurs motivations. Tandis que les Blancs, s'ils ne veulent plus continuer une relation, vont dire à leur compagne qu'ils ont trouvé quelqu'un d'autre. Je parle des personnes que je connais, de mon expérience. Je ne dis pas que tous les Africains sont menteurs ni que tous les Blancs sont sincères. Mais je ne peux parler que de ce que j'ai vu, de ce que j'ai vécu. Lorsque, me transformant en détective, j'ai eu a certitude que le père de mon enfant me trompait, je lui ai malgré tout permis d'avoir ses papiers. Lui de son côté est parti vivre avec une autre femme qui, finalement, l'a mis à la porte. Et maintenant, il est sans domicile fixe. N'est-ce pas comme une malédiction que de rester dans une situation précaire alors qu'on a eu la chance de connaître la stabilité?
Propos recueillis
par Liss Kihindou