Anglaise d'origine nigériane vivant actuellement à Berlin, Helen Oyeyemi est une auteure prodige. Acclamé par la presse, son tout nouveau roman vient d'être récompensé par le prix Somerset Maugham. À 26 ans, Helen est aujourd'hui l'une des dix écrivaines qui comptent au Royaume Uni. |
Le blanc va aux sorcières est votre troisième roman, de quoi s'agit-il?
C'est l'histoire d'une maison hantée habitée par la famille de Miranda (le personnage principal) depuis quatre générations. Cette maison abrite un esprit, celui d'une femme décédée. Cet esprit n'aime pas que des personnes viennent s'y installer, malheureusement pour lui cette maison est devenue avec le temps, un hôtel où il y a beaucoup d'allers et venues d'étrangers. C'est devenu un lieu de passage.
Pourquoi ce titre?
C'est un symbolisme des couleurs. Derrière la maison il y a des arbres blancs, le blanc est ici associé à la mort C'est la couleur (les fantômes). Il y a également une connotation raciale, dans le sens ou le blanc, c'est le pouvoir, le pouvoir du peuple blanc. La maison est une institution qui contrôle. Je voulais parler du sentiment que ressent le personnage principal, qui n'a pas pu se remettre de la mort de sa mère. Je suis très intéressée par le style gothique du XVIII et XIXe siècles et j'ai voulu me tourner vers un thème gothique.
On compare souvent votre écriture avec celle d'Edgar Poe ou de Dorothy Parker. Avez vous des écrivaines pour modèles?
Oui, il est vrai que certains auteurs me fascinent, mais j'essaie toujours de garder un style qui m'est propre. Je voyage beaucoup et je prends des idées à travers mes voyages.
Comment vous est venue cette passion pour l'écriture?
J'ai commencé à écrire vers l'âge de 17 ans. J'ai envoyé les 20 premières pages de mon roman qui en faisait 100 à une maison d'édition. Ces pages ont plu, ils m'ont demandé d'envoyer la suite. L'écriture, je n'y réfléchis pas, j'écris tout simplement, c'est aussi simple que ça. Pour moi, c'est un besoin vital, c'est comme boire et manger.
Par rapport à votre culture nigériane, comment votre famille a-t-elle perçu votre métier d'auteur?
Comme tous les parents, les miens s'attendaient à ce que je sois médecin ou avocate. Raconter des histoires, dans la culture africaine, c'est plutôt une tradition orale et non écrite. Mes parents ont pensé qu'il s'agissait tout simplement de mettre sur papier une tradition orale . Cela leur paraît amusant que les gens puissent lire ce genre d'histoire dans des livres.
Avez vous des projets en tête?
Cet ouvrage est le troisième. Un quatrième sortira bientôt en Angleterre. Le précédent était plutôt un conte de fées. À chaque fois, je m'essaye à des styles complètement différents. Pour la suite on verra, je n'y ai pas encore réfléchi !
Propos recueillis
par Syrin Trad
Traduction Rosie Gankey
Contact: Galaade Editions - https://www.galaade.com/
Helen Oyeyemi. Le blanc va aux sorcières. Paris: Galaade Editions, 2011. Traduit de l'anglais par Guillaume Villeneuve.