Les onze auteures de ce livre sont toutes originaires du Congo Brazzaville: Lydia Evoni, Assia Printemps Gibirila, Liss Kihindou, Binéka Danièle Lissouba, Evelyne Mankou, Pénélope Natacha Mavoungou Pemba, Marie Françoise Moulady Ibovi, Gilda Rosemonde Moutsara Gambou, Huguette Nganga Massanga, Jussie Nsana, Marie-Léontine Tsibinda. Elles résident, pour certaines, au Congo, et pour d'autres, en France ou au Canada. C'est la première fois, dans l'histoire de la littérature congolaise, que des femmes accordent leurs plumes pour écrire un livre collectif. Comme le déclare dans sa préface, Mme Arlette Chemain, Professeur émérite de l'Université de Nice Sophia-Antipolis, « ce recueil fera date ». Pour cette grande première, les écrivaines se sont intéressées à la sorcellerie, une pratique qui est tellement enracinée dans les mœurs africaines qu'elles ont trouvé utile de s'en emparer pour interpeller le lecteur sur ce qui constitue, parfois, un frein au développement de nos sociétés. La sortie du livre a été célébrée le 28 mars 2015 à l'Espace L'Harmattan. Retour sur cet ouvrage si particulier avec les trois coordinatrices du projet. |
PÉNÉLOPE NATACHA MAVOUNGOU-PEMBA
« Je tiens tout d'abord à remercier les femmes qui ont participé à cette aventure. Pour moi, c'est une joie réelle de savoir que le projet Sirène des sables a pu être célébré à travers diverses manifestations et ce, grâce à la collaboration de la quasi totalité des « Sirènes ». Je ne cesserai jamais de dire que la littérature fait partie des richesses congolaises. Il n'y a pas que le pétrole qui contribue au développement d'une nation. Il faut juste en prendre conscience et créer des structures afin de donner aux écrivains potentiels l'occasion de s'exprimer. L'Afrique regorge de proverbes, et celui que je choisirais pour Sirène des sables est: « Un seul doigt ne peut pas ramasser un caillou ». Il faut de l'endurance et l'esprit d'unité pour produire des œuvres collectives. »
« Ce magnifique projet consistant à réunir les écrivaines du Congo est né de mes multiples échanges "facebookiens" avec la doyenne Marie-Léontine Tsibinda. Puis, toutes les autres ont mis la main à la pâte pour donner naissance sans douleur à Sirène des sables. L'accueil qu'a reçu cet ouvrage collectif autant au Salon du livre de Paris qu'à l'Espace Harmattan nous a plus que jamais confortées dans l'idée que l'union fait décidément la force. Ainsi, loin de se reposer sur ses lauriers, le collectif des écrivaines du Congo Brazzaville travaille d'ores et déjà sur un autre projet littéraire qui, je l'espère, aura le même retentissement, le même charisme que Sirène des sables ».
« Moi, doyenne? C'est un bien grand mot! Disons que j'ai eu le bonheur de rencontrer des aînés qui m'ont encouragée et aidée à publier des textes aux éditions littéraires congolaises. Pour ce projet je n'ai eu aucun rôle particulier; car la création littéraire est un acte subjectif intime. Écrire est un profond dialogue intérieur et solitaire... L'explosion s'est faite quand j'ai parcouru les autoroutes des médias sociaux et découvert que les femmes du Congo Brazzaville affichaient de manière talentueuse leur présence dans le paysage littéraire actuel avec audace et élégance. J'ai alors salué la nouvelliste Marie-Françoise Moulady Ibovi qui venait de publier "Rue des histoires". Un long dialogue franc et sincère nous a donné "Sirène des sables". Le tout s'est concrétisé via Facebook avec la complicité de Pénélope-Natacha Mavoungou Mpemba. La participation au projet, libre et volontaire, a permis à onze femmes d'écrire un livre unique, étonnant. Le Professeur Arlette Chemain, critique littéraire de renom, a mis sa plume au service de la cause des femmes. Elle a écrit de nombreuses critiques sur la littérature congolaise et enseigné à l'université de Brazzaville. Elle a été également membre d'honneur du Rocado Zulu Théâtre, la troupe dirigée par Sony Labou Tansi. Aussi a-t-elle accepté sans hésitation de préfacer le recueil de nouvelles "Sirène des sables" quand je lui en ai fait la demande. Quelle trouve ici l'expression de notre sincère considération! »
Propos recueillis
par Liss Kihindou
Collectif. Sirènes des sables. Paris: L'Harmattan, 2014. 212 pages