De petite taille, le regard pétillant, Salma Khalil Alio fait partie des jeunes sur qui l'on peut compter pour l'avenir. Cette jeune journaliste et caricaturiste vient de publier un recueil de poèmes intitulé "La Passion de la pensée". Elle fait ainsi son entrée dans le terrain vierge de l'écriture féminine au Tchad, rejoignant la première écrivaine, Marie-Christine Koundja, auteur de "Al isthifack ou l'Idylle de mes amis". Etudiante en sciences naturelles, elle a interrompu ses études pour travailler. Caricaturiste et poétesse, elle a choisi par amour un métier dont la gent féminine est absente. |
Pouvez-vous nous brosser votre parcours ?
Mon parcours était divisé entre l'Allemagne (Marburg) où mon père étudiait, le Nigeria (Maiduguri) où il était en poste et le Tchad (N'Djaména). Après mon baccalauréat scientifique obtenu en 1999, je suis inscrite à la faculté des sciences exactes et appliquées de Farcha (quartier Nord de N'Djaména) où j'ai étudié pendant 2 ans. De 1995 à 1998, j'ai appris la technique de la réalisation de la bande dessinée avec Gérard Leclaire au bureau d'appui pédagogique. C'est là que j'ai perfectionné mes traits en dessin. Professionnellement, je suis secrétaire auprès de l'atelier de graphisme et d'Infographie de N'Djaména. J'ai exercée le métier d'hôtesse d'accueil, milite dans plusieurs associations et finalement, je suis caricaturiste et rédactrice du journal satirique "Le Miroir". J'interviens parallèlement au Centre culturel Al Mouna comme rédactrice et caricaturiste.
Comment vous est venue l'idée d'écrire un livre ?
L'idée d'écrire un livre est un rêve d'enfance, pour imiter juste mon père qui rédigeait entre temps sa thèse de doctorat. Pour mon recueil de poésie, j'ai d'abord eu l'idée d'essayer de rédiger quelques poésies, genre Alphonse de Lamartine ou Victor Hugo. Suite à cela, j'ai finalement découvert en moi l'âme d'une poétesse et la passion d'écrire, ce qui m'a conduit à écrire plein de poésie. Pourquoi ne pas chercher un éditeur? me suis-je dit.
Pouvez-vous nous présenter votre livre. De quoi parle-t-il ?
Mon livre est un recueil de poésie de 90 pages. Il s'intitule "Passion de la pensée" et il parle d'amour, du romantisme comme de la souffrance. C'est en somme, le reflet de ma conception par rapport à ce monde.
Pourquoi avoir opté pour la poésie qui paraît difficile pour le commun des mortels ?
Il est évident que la poésie apparaît difficile pour le commun des mortels. Moi, particulièrement, je n'ai pas opté de façon objective pour la poésie. C'est plutôt le choix de ma passion.
Racontez-nous comment "Le Manuscrit" a accepté de vous publier. Avez-vous eu des difficultés dans ce sens ?
Au début, ce n'était pas du tout facile car "Le Manuscrit" ne reçoit les textes que par internet. Et pour cela, il fallait saisir les textes. Heureusement, j'ai reçu l'aide de l'atelier de graphisme et d'infographie, du directeur général de l'organisation africaine de la propriété intellectuelle, de mon père et de l'historien Akouya Djallah.
A l'atelier d'infographie et de graphisme éditeur du journal satirique "Le Miroir", vous êtes caricaturiste ou journaliste ?
Caricaturiste ou journaliste ? Je ne vois pas la différence puisque le caricaturiste dessine une situation donnée par les exagérations pour aboutir à un sens déterminé. Donc, comme le journaliste passe son message par l'écriture, le caricaturiste s'exprime à travers le dessin. Je suis caricaturiste journaliste.
Poétesse, caricaturiste, vous aimez les domaines où les femmes sont rares...
Cela montre aussi que la femme peut exercer dans ces domaines, tout comme les hommes. Au début, la caricature me paraissait un peu compliquée. Heureusement, Adji Moussa, le directeur de publication du journal "Le Miroir" et Abou, le caricaturiste en chef, m'ont facilité la tâche en m'encourageant.
Avez-vous des projets ?
Bien sûr ! Je cherche un éditeur pour mon livre pour enfants que je viens de finir. Je compte aussi finir le roman que j'ai commencé. Par ailleurs, je n'oublie pas mes études qui comptent énormément pour moi et que je compte poursuivre bientôt.
Quel commentaire faites-vous de l'habillement des jeunes filles d'aujourd'hui ?
Je ne pense pas que ce soit une bonne chose que de futures éducatrices s'habillent de façon exhibitionniste. Cela porte atteinte à nos mœurs africaines. On peut bien porter ce que les occidentaux portent tout comme eux ils portent les nôtres. Mais il ne faut pas exagérer. La dignité passe avant la séduction.
D'où votre coup de gueule à l'endroit de la jeune fille tchadienne...
Je demande aux jeunes filles tchadiennes d'oublier l'imitation négative et la chance sera leur alliée.
Propos recueillis
par Aline Taroum
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