Jeannine HERRMANN-GRISIUS Click here for English translation |
Jeannine Herrmann-Grisius s'est établie en Suisse en 1977. Elle enseigne l'allemand à Genève. Née au Rwanda où elle a passé sa petite enfance, elle a été séparée de sa mère qui était rwandaise alors qu'elle n'avait que six ans. Elle a été élevée par son père au Luxembourg. Ce n'est qu'au terme d'une séparation de 29 ans que Jeannine Herrmann-Grisius retrouve sa mère.
Ouvrage publié
Le visage oublié. Lausanne/La Tour d'Aigues: Editions d'en bas/Editions de l'Aube, 2001. (158p.). ISBN 2-8290-0256-3/2-87678-679-6. Autobiographie.
J'avais six ans lorsque j'ai dû quitter ma mère. Un enfant de l'Occupation, aurait-on soupçonné en Allemagne. Un enfant de l'après-guerre: l'âge et la couleur concordent. Mais dans mon cas, c'est ma mère qui est noire, et non le soldat américain. Je suis née en Afrique. Je sais peu de choses sur la relation de mes parents. Ma mère est venue chez mon père, elle était noire, elle était jeune, et elle était la gouvernante de sa maison. Plus tard, mon père m'a parfois parlé d'elle, de sa beauté, de sa fierté. L'a-t-il aimée, l'a-t-elle aimé? Un ami africain m'a raconté récemment que ma mère était la fille d'un aristocrate, d'un baron chef de terre, issu d'une longue dynastie. Des amis de mon père me l'ont dit également. Il était intéressant de savoir que j'étais le produit de la classe bourgeoise européenne et de la noblesse africaine. J'en fus fière pendant un instant. Se sont-ils aimés ? Ils se sont respectés, je le sais maintenant. Mais c'est tout ce que je sais. C'est beaucoup. Lorsque ma mère m'a mise au monde, mon père était en congé en Europe. Les agents coloniaux devaient prendre un congé européen de six mois tous les trois ans, je crois. Mon père a épousé une femme blanche de son pays quelques mois après ma naissance. Ma maman Zaïna, après le départ de mon père, était retourné vivre dans son village, près de sa famille. C'est là que je suis née, c'est là que j'ai passé mes premières années d'enfance. |
« J'écris mon histoire comme je la raconterais. Il y a
quelques années déjà, je l'avais écrite en allemand
à la demande d'Adelheid. J'en fais l'adaptation pour mes deux enfants,
Magali et Zaïna, pour ma sœur-Hélène, pour mes amis
francophones, afin qu'ils puissent m'accompagner dans mes souvenirs. Je manie
la langue française avec l'insouciance d'une non-francophone, mais aussi
avec le respect que je voue à cette belle langue. Musset a écrit: "Quelles solitudes que tous ces corps humains. C'est tout un monde que chacun porte en lui." L'histoire de chacun est unique et combien précieuse. J'écris une partie de la mienne, parce qu'un jour mes enfants m'ont dit: "Nous ne savons rien de toi, maman." » (Quatrième de couverture) |
Pour en savoir plus
"La métisse Luxembourgeoise". afrik.com. Jeudi 28 novembre 2002. [Consulté le 2 mars 2005].
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Created: 16 July 2003
Modified: 2 March 2005
Archived: 2 March 2012
https://aflit.arts.uwa.edu.au/HerrmannGrisius.html