Hommage à David Ndachi Tagne : Mort le 09 octobre 2006 à Yaoundé et inhumé le 21 octobre 2006 à Baleng. Poème de Marie Julie Nguetsé |
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« A DIEU ! ... PELERIN DE PASSAGE ... »
Tu as tant exploré, tu as tant parcouru, Douala Londres Tunis Paris ...
La vie de chacun est une pièce de théâtre qu'il faut jouer jusqu'à la fin.
Et toi, l'as-tu accomplie la tienne ? L'as-tu vraiment bue, ta coupe de la vie et cela jusqu'à la lie?
Tu étais encore sur scène lorsqu' est survenu le coup de théâtre.
« Mort sur scène ! » Cela, même les grands classiques ne l'ont pas prévu.
Brusquerie ! Soudaineté ! Coup de foudre ! Et nous sommes foudroyés, déchirés. Et nous avons mal. Et j'ai mal !
Tu n'as pas eu le temps de faire la dernière révérence que le lourd rideau est tombé sur la scène de ta vie.
Grand pèlerin de passage, adieu tous tes voyages : Douala Londres Tunis Paris...
A ta célèbre vie, toujours tu avais hâte d'ajouter un peu plus : un peu plus de travail... un peu plus de reportage et puis enfin un peu de repos. Et tu avais hâte d'y être à Paris.
L'homme ne se connaît pas lui-même, Montaigne l'a dit. Pourtant en chacun de nous sommeille un moi profond qui toujours a sur nous un peu d'avance.
Tu l'as peut-être tirée, ta dernière révérence ! Pour un peu de repos, tu l'as dis, à tous tes amis : « Je vole pour Paris » ...
Et tu as pris tes congés à la SOPECAM.
Et tu avais hâte d'y être à Paris. Mais Paris a pris la « ad » ... et l'avalant, t'avalant, Paris est devenu paradis. Et te voilà parti... ! Et quel vide tu laisses ! Je n'ose y croire...
Depuis plus d'une décennie on travaille ensemble. Je revois ta force de frappe lorsqu'il t'a fallu éditer mon roman D'Amour et de Flèches. Je revois tes conseils, tes conseils d'éditeur, tes conseils d'ami, tes conseils d'aîné qui tient la main de celui qui encore chancelle et l'aide à traverser le pont. Comment pourrais je te remercier ...?
Pour te rendre hommage mon cher éditeur j'ai pleuré à ton chevet.
Trois jours durant, me joignant à tous les tiens éprouvés, j'ai marché à ta suite :
T'accompagnant dans ton dernier pèlerinage. Ici, dans ton ouest natal, s'achève ton grand cortège. « Lag Binam » on l'appelle c'est-à-dire « la Province du soleil couchant ».
Mais si ici se repose le soleil, ce n'est point pour mourir. C'est bien pour se reposer, et se lever le matin encore plus beau, encore plus propre. Puisse-tu talentueux écrivain, suivre toujours sa courbe ascendante ! Puisse-tu l'Africain, te lever encore et encore pour éclairer les tiens. Et ta voix de correspondant de RFI, qui va s'amincissant pour s'éteindre dans la tombe nous répond qu'il n'en pourra pas être autrement, puisque tu nous lègues une grande �uvre littéraire qui à coup s�r te survivra. En effet, comme l'a si bien dit Cheikh Hamidou Kane « la parole se suspend mais la vie, elle, ne se suspend pas. » ...
Et à ce moment solennel où tu quittes définitivement la scène, ô ! grand combattant qui a su marquer son temps, la sérénité qui se lit sur ton visage vaut peut-être mieux que toutes le guerres que tu pouvais encore entreprendre sur terre. Et cela nous console. Me console un peu. Et puis... !
Comme l'a dit Birago Diop, en Afrique, « les morts ne sont pas morts ».
Fort de cela, je pense « DAVE » que tu n'es pas mort ! Tu reposes juste un peu ton corps juste un peu en dessous de la terre, juste un peu à coté de tes pères. Et tu attends comme tous ceux qui t'y ont précédé le dernier appel du père !
Marie Julie Nguetsè
Auteur de D'AMOUR ET DE FLECHES, roman publié par le regretté David Ndachi en 1998 aux éditions du CRAC.
Editor: ([email protected])
Created: 16 October 2007
https://aflit.arts.uwa.edu.au/IneditNguetse06.html