Date: Sat, 27 Nov 2004 22:36:23 +0100 (CET)
From: BRUNO KASONGA <[email protected]>
Subject: JOURNEES D'ETUDE EN HOMMAGE A LA POETESSE CLEMENTINE
FAÏK NZUJI
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Le professeur Ngalamulume Bululu, l'un des organisateurs de ces «journées», l'a annoncé ce mercredi 17 novembre 2004 au cours d'un point de presse qu,il a tenu à l'Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication dont le lancement officiel sera donné le 27 novembre 2004 à la paroisse Notre dame Fatima/Gombe, sous le patronage de la division urbaine de la culture et des arts.
Cette première journée sera marquée par la tenue d'un atelier de lecture à l'intention des élèves avec la participation du critique littéraire Mbuyamba Kankolongo et des poètes Ngalamulume Bululu et Yamaïna Mandala.
Selon le programme d'animation littéraire arrêté, la journée du 30 novembre 2004 se tiendra au Lycée Motema Mpiko (commune de Kasa-Vubu) avec les Editions «Tigre noir» de Ngalamulume Bululu.
Le sénateur et écrivain Gervais Chiralwira saisira cette opportunité pour lancer le «Prix littéraire Clémentine Nzuji» qui récompensera les élèves de 18 à 19 ans.
Dans ce cadre, l'Union des écrivains congolais (Ueco) organisera le 2 décembre 2004 à l'Ifasic une grande conférence scientifique animée par son secrétaire général M. Fortuné Richard Badibanga Kabawu sous le thème: «La parole aux femmes, événement littéraire ou signe d'une mutation sociale».
Le professeur Ngalamulume a également annoncé l'organisation d'une messe d'action de grâce le vendredi 3 décembre 2004 à Notre dame de Fatima à l'intention des écrivains décédés notamment Thomas Kanza, Tchakatumba et Kisinga Bitondo.
Le clou de ces "Journées d'études en hommage à Clémentine Faïk Nzuji " sera, sans aucun doute, la journée du 4 décembre 2004 qui se déroulera sous le triple patronage des ministères de la Culture et des arts, de l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel (Epsp) et de l'Enseignement Supérieur et Universitaire (Esu).
Potentiel Edition no 3261 du mercredi 27 octobre 2004.
Professeur à l'Université de Louvain, Mme Clémentine Faïk Nzuji Madiya est originaire de la province du Kasaï Oriental. Cette femme écrivain est née le 21 janvier 1944 à Tshofa dans la même province. En janvier dernier, elle a totalisé ses soixante ans d'âge. Ainsi, pour commémorer l'anniversaire de cette grande poétesse africaine, le Centre de diffusion et de littérature (Cedilic), l'Union des écrivains congolais et les Editions tigres, avec l'appui du ministère de la Culture et des Arts, organiseront une journée scientifique et culturelle le samedi 04 décembre 2004 à l'Institut supérieur pédagogique de la Gombe.
Plusieurs activités sont prévues à cette occasion. l'on peut citer des animations littéraires. En outre, un concours littéraire sera également lancé à l'intention des jeunes congolais et sera sanctionné par un prix « Clémentine ». Une initiative qui voudrait stimuler la jeunesse, particulièrement les filles, dans le domaine de la littérature.
Fille de Nicolas Kadima et de Bernadette Mwauke Madimba, Clémentine Madiya est issue d'une grande famille dont la moitié est douée pour la recherche scientifique et la littérature. Elle est mariée à M.Faïk et mère de cinq enfants. En 1967, elle décroche son diplôme de graduat à l'école normale Moyenne du Sacré-cœur, Institut supérieur pédagogique de la Gombe actuellement. En 1972, elle obtient sa licence en philologie africaine à l'Université de Lubumbashi. Elle est docteur ès lettres et sciences humaines de la Sorbonne en 1983. l'histoire renseigne qu,elle appartient à cette lignée d'intellectuels zaïrois des années 70.
En 1965, poète à ses débuts, Clémentine Faïk fonde « la Pléiade du Congo ». Il s,agit d'un premier cercle littéraire du pays d'où est issue une génération d'écrivains zaïrois doués en poésie. Elle obtient le premier prix de Poésie avec son recueil «Murmures». Autour des années 70, Madiya est une femme célèbre des lettres au Zaïre. Elle représente à ce titre le pays au festival des arts nègres de Dakar et participe à plusieurs rencontres littéraires en Afrique et partout dans le monde.
Première poétesse de la Rdc
Clémentine Madiya figure parmi les rares écrivains en Afrique francophone qui unissent dans leur création une réflexion sur la poétique. Poétique, linguistique et anthropologue, elle s,intéresse aux fonctions sociales de la langue, aux aspects communicationnels et donc à l'intégration de la parole dans la pratique sociale.
Elle reste la première femme poétesse de ce pays. Elle est auteur de plusieurs recueils de poèmes, de contes et de nouvelles. Elle a également publié une série d'articles dans le souci de faire connaître les richesses de l'art oral traditionnel en Rdc. Les thèmes de la femme, de sa condition et de sa responsabilité sous-tendent ses poèmes. «Je suis née poétesse, gardienne de la parole ancestrale, déesse et détentrice des charmes. Je suis née messagère détentrice de semences de la race de ceux qui façonnent la beauté». C'est en ces termes qu,elle se décrit elle-même.
Sa poésie s,insère dans la vie concrète : elle n,hésite pas à utiliser sa langue pour exprimer son moi profond. Clémentine Faïk passe facilement, sans transition, des textes en français aux textes en tshiluba. Ses œuvres poétiques, écrit Crispin Ngalamulume Bululu, transpirent cette «africanité» qui plonge ses lecteurs dans un univers originel. Et de faire remarquer, chez cette poétesse, un éveil de conscience orientant ses écrits et ses recherches.
Conservatrice d'une culture
Elle se concentre particulièrement sur le « Kasala ». Un genre de la littérature luba/Kasaï que Clémentine aborde en y associant une valeur esthétique. Chanté dans les différentes circonstances de la vie des individus (deuil' joie, combat, etc.), «Kasala» est un long poème évoquant les différentes personnes et les événements d'un clan, exalte par de grandes louanges ses membres défunts et/ou vivants et déclame leurs hauts faits ainsi que leurs gestes.
La poursuite de ses investigations sur ce genre l'amènera à présenter une thèse de doctorat avec comme thème «Analyse formelle et anthroponymique du Kasala, genre poétique traditionnel». Parallèlement à cette recherche pointue, elle entreprend des travaux sur les symboles dans les cultures africaines. l'immensité de son œuvre fera d'elle, en plus de ses créations littéraires, une spécialiste des cultures africaines, des arts nègres et du symbolisme graphique qui scrute l'homme africain dans tout ce qu,il a de plus profond.
La symbolique
Depuis une décennie, Madiya s,est investie dans des travaux de recherche qui mettent plus d'accent sur des objets d'art que sur des textes. Cette évolution l'amène à sillonner plusieurs fois l'Afrique afin de décrypter le langage des signes. Pour information, c'est elle qui a fondé le Centre des langues, littératures et traditions d'Afrique au service du développement (Ciltade). C'est dans ce centre qu,elle poursuit ses recherches sur la linguistique bantu en général et les symboles africains en particulier.
Ses recherches sur la symbolique l'amènent à écrire de nombreux articles, à participer à beaucoup de colloques et à animer des sessions de formations surtout dans les milieux ecclésiastiques qui méritent plus que d'autres la nécessité d'une inculturation en profondeur. d'autre part, l'exploitation du monde symbolique des traditions africaines lui permet de faire connaître ce monde immense des symboles africains et leur usage socio-religieux. Selon elle, les symboles africains sont le lieu des forces qui s,accordent ou qui s,affrontent. Elle ajoute qu,ils sont signes d'alliance, passerelle qui relie la source première. « Ils nous relèvent la puissance et l'omniprésence du sacré », écrit-elle.
Pour Clémentine Madiya, la pensée symbolique est un des instruments fondamentaux de la communication entre le monde visible et celui dit spirituel. Se basant sur l'analyse de certaines langues africaines et surtout de la pratique sociale et religieuse des Africains, elle mentionne que le symbole est tout ce qui accorde l'homme avec son destin, le fait correspondre à sa propre personnalité et le rend libre.
Un grand intérêt pour la recherche
Au-delà de tous ces signes tracés, sculptés, inscrits, dessinés, gravés, scarifiés, peints ... on découvre avec ses graphiques que l'Afrique traditionnelle possédait des systèmes sémiologiques complexes et sophistiqués capables de transmettre correctement et intelligemment des messages dans des contextes précis. Un intérêt de la recherche qu,elle s,efforce de mettre à la disposition du public.
Clémentine Nzuji est l'une des rares femmes écrivains d'Afrique noire qui a le mérite de contribuer à la sauvegarde d'un large échantillon de cultures de ce continent. Elle compte parmi les écrivains les plus importants de la littérature congolaise où elle occupe une place particulière. Elle poursuit de front sa profession d'enseignante à l'Université de chercheur, de ménagère, de créatrice d'œuvre de valeurs et de formatrice. Elle est considérée, par certains auteurs, comme une voie nourrie d'une expérience personnelle qu,elle tente de porter à un niveau plus large.
Espérance Tshibuabua
Mme Faïk Nzuji est professeur d'université en Belgique. Elle figure parmi les fondateurs du mouvement littéraire appelé «La pléiade du Congo». A l'époque, elle a obtenu le «prix Léopold Sédar Senghor» de la poésie en 1969.
Elle est une grande dame des Lettres congolaises qui a marqué son temps à travers une abondante publication en poésie, en anthropologie et en art. Sa thèse de doctorat intitulée «Kasala» est bien appréciée à travers le monde. Faïk Nzuji est la grande soeur de l'écrivain congolais Kadima Nzuji Mukala, auteur du roman «La chorale des mouches».
Editor ([email protected])
The University of Western Australia/French
Archived: 18 December 2012
https://aflit.arts.uwa.edu.au/Nzuji60ans.html