L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
Recensions proposées dans divers blogs, sur la toile et partout où la lecture est au rendez-vous de l'écriture du monde africain |
La vie suit son cours au quartier de Yopoungo (Abidjan)... et à Paris.
Grégoire qui officiait en tant que faux pasteur est démasqué par Bintou et emprisonné à la MACA (Maison d'Arrêt Centrale d'Abidjan) où il rencontre Moussa Sissoko que son père a fait enfermer pour avoir dilapidé une partie de sa fortune.
Jeanne quitte Gervais, ne supportant plus la cohabitation avec sa belle-mère; elle retourne chez ses parents avec ses deux enfants.
Aya est invitée à une soirée chez Didier, le jeune et séduisant magistrat qui la courtise; elle découvre que le parrain de son prétendant est son professeur biologie qui a tenté de la violer et abuse de ses étudiantes en Médecine. Aya humiliée, tombe malade; elle est hospitalisée d'urgence. Ses amies Bintou et Adjoua vont parler à Didier et le somme d'agir. Ils tendent un piège au pervers qui, pris sur les faits, est aussitôt arrêté.
La mère de Sébastien est victime d'un malaise. Innocent qui a déclaré sa flamme à son ami, l'accompagne à Lille pour visiter la malade à l'hôpital. Le père découvre l'homosexualité de son fils et le chasse de chez lui. En même temps, Innocent est confronté à son statut illégal, tentant désespérément d'obtenir sa carte de séjour, mais il se heurte à la lourde machine administrative française.
Albert renvoie sa fiancée Isidorine au village, convaincu que son père est au courant de son homosexualité et qu'il l'accepte; lorsque le quiproquo est levé, ce dernier manque d'avoir une arrêt cardiaque.
Mamadou revient à la raison et cesse de monnayer son corps avec la riche Monique. Hervé, le patron du garage dans lequel il travaille, lui prête de l'argent. Il achète un deux pièces à Yopoungo, pour y habiter avec Adjoua et son fils Bobby.
On retrouve toujours avec le même bonheur les aventures de tous les personnages imaginés par Marguerite Abouet.
Les dessins colorés et réalistes de Clément Oubrerie nous plongent dans le quartier de Yopoungo, dans le maquis d'Adjoua, dans la luxueuse maison des Sissiko ou tout simplement dans les rues animées d'Abidjan.
Les dialogues tout aussi colorés que les vignettes, nous rappellent qu'il existe un français différent de celui académique, également riche, avec ses expressions imagées (être dans tous les gombos; verser la figure par terre; avoir le dos glacé...), ses exclamations (Dêh! Même!) et son vocabulaire local (une go = une fille; un glôglô = une fête...) qui régénère notre langue.
Comme dans chaque tome, l'auteure propose un petit lexique dans son «bonus ivoirien».
Derrière l'aspect amusant de cette saga, Marguerite Abouet montre un tableau plus sombre de la Côte d'Ivoire : les églises évangélistes corrompues qui pullulent; la misère sociale qui pousse les gens à l'extrême; la condition des femmes et des homosexuels; la toute puissance de l'argent; le reflet trompeur de l'occident...
Dans ce sixième et avant-dernier tome, les situations cocasses se dénouent peu à peu, mais tous ne sont pas encore prêts à entendre la vérité.
Marguerite Abouet et Clément Oubrerie préparent déjà l'adaptation cinématographique de leur bande-dessinée qui, nous l'espérons, sera aussi réussie que celle de Marjane Satrapi.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Aya et le quartier de Yopoungo : découvrez-les d'urgence !
Frédéric Aranzueque-Arrieta 19 December 2010
https://faranzuequearrieta.free.fr
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2013 https://aflit.arts.uwa.edu.au/abouet_AranzuequeArrieta_13.html |
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