L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Note de lecture de Koffi Anyinefa proposée dans "Le Togo Littéraire: comptes-rendus", 2008
Constance est mariée à Gilles Dini. Celui-ci a une maîtresse, Sylphide (Cristal), qui, apparemment, est décidée à l'arracher à l'épouse... quel qu'en soit le prix. C'est sur ce fond de mélodrame que se déroule le deuxième roman de Jeannette Ahonsou dont le cadre est l'Ile du Falcon (vraisemblablement Madagascar).
La vie de Constance est menacée, à plusieurs reprises (coups de fil mystérieux, guet-apens, messages suggestifs évoquant le népenthès une plante carnivore de Madagascar , tentative d'empoisonnement), mais elle s'en sort toujours quoiqu'un peu plus fragile psychologiquement chaque fois.
Mais qui menace ainsi sa vie ? La rivale est toute désignée, qui semble s'être spécialisée dans la séduction d'hommes qu'elle épouse après la mort énigmatique de leur femme. Alors que Gilles ne cache plus ses relations avec Sylphide, Constance quant à elle, toujours fidèle, vole de succès en succès professionnels, aidée et encouragée par Ray, son médecin qui s'est épris d'elle. Vers la fin du roman, nous apprenons que c'est bien Sylphide qui est à l'origine de la persécution psychologique de sa rivale et que Mirba, la bonne de celle-ci, qui n'est en fait que la mère de celle-là, était celle qui au début du roman voulait poignarder Constance. Elle a toujours voulu assurer à sa fille un mariage profitable, mais cette attention maternelle a presque toujours pris un caractère meurtrier. Ainsi, elle a éliminé Mme Raoul, la femme d'un Blanc que sa fille avait fini par épouser. Monsieur Raoul, pris de remord, s'est suicidé.
A la fin, Sylphide et sa mère meurent dans un accident de la route dont Gilles qui conduisait sort indemne. Quelques années plus tard, comme nous l'apprenons de l'épilogue, Gilles va se mettre en ménage avec Nora, la confidente et amie de Sylphide... et Constance a épousé Ray, frère (cousin ?) de Sylphide. Elle lui a fait le garçon qu'elle ne pouvait faire à Gilles, ce qui fut apparemment selon ce dernier la raison de son adultère.
La veine populaire de ce roman est évidente qui n'est du reste pas sans rappeler le roman-photo que l'auteur d'ailleurs évoque rapidement: « Elle [Constance] y [une petite table dans un coin] tira son mari en disant: 'Nous deux', [...] comme dans ce magazine hebdomadaire avec ses histoires d'amour qui se terminent toujours bien. » (153) Il prend aussi des allures de policier, lorsque Ray se charge d'éclaircir le mystère de l'auteur de la tentative d'empoisonnement de Constance.
Tout est bien qui finit bien, justement comme dans les romans-photos. Si le caractère invraisemblable (ou fantastique) de certaines situations (qui peut s'expliquer par la condition psychologique peu stable de Constance) est un peu rébarbatif, et la mort de Sylphide et de sa mère un peu surprenante et trop facile, l'auteur a cependant su maintenir le suspense de la persécution de son héroïne jusqu'à la fin et offrir un roman somme toute divertissant.
Koffi Anyinefa mars 2008
https://togolitteraire.haverford.edu/
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/ahonsou_anyinefa_08.html |
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