L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
Recensions proposées dans divers blogs, sur la toile et partout où la lecture est au rendez-vous de l'écriture du monde africain |
Allez savoir pourquoi certains romans nous touchent plus que d'autres. Les pistes sont nombreuses : le talent de l'auteur, la construction de son oeuvre, le sujet abordé, l'identification à un personnage, le contexte de la lecture, la sincérité, la rage, l'humour, la capacité à se projeter positivement vers l'avenir, etc. La liste n'est pas exhaustive. Je vous encourage d'ailleurs à la compléter.
Dans Une si longue lettre de la romancière sénégalaise Mariama Bâ, il y a d'abord une identification à un personnage central de mon existence qui a capté mon attention. Partielle bien entendu, car le contexte congolais est quelque peu différent. Ensuite, la qualité de l'écriture, le courage et la lucidité de Mariama Bâ dans son analyse de la société urbaine de son pays. Elle met le doigt sur la souffrance trop souvent tue de nombreuses femmes africaines écrasées par le diktat de traditions patriarcales. En 1979, elle questionne la polygamie, les castes. Elle souhaite une émancipation que l'on pourrait qualifier de "raisonnée" de la femme sénégalaise. Sans sombrer dans un discours féministe aux accents occidentaux, elle relate ainsi l'histoire de deux femmes par le biais de la correspondance de Ramatoulaye à son amie d'enfance Aïssatou. Durant la période de deuil qui suit le décès de Modou Fall son mari, Ramatoulaye se remémore la constitution et l'évolution de leurs différents couples, l'influence des familles, la question des castes, la trahison ou la lâcheté de leurs hommes, les choix réalisés face à la polygamie imposée malgré l'idéal de départ. Elle dresse également le portrait de plusieurs femmes allant de la belle-mère d'Aïssatou, gardienne du sang noble de sa famille, à la mère de sa jeune co-épouse qui pousse sa jeune fille et amie de Daba, dans les bras du vieux Modou Fall... Femmes, tantôt bourreaux et surtout victimes de l'histoire et du présent.
C'est surtout l'histoire d'une amitié qui me rappelle celle des deux héroïnes du roman Sula de Toni Morrison entre Nel et Sula si je me souviens bien.
Il semble trop complexe à une femme d'expliquer à un homme le poids, la violence, l'abandon que prend la forme d'une polygamie dans les grandes villes africaines sous le joug d'un matérialisme chaque jour plus conquérant et d'un égoïsme masculin triomphant. Une femme parle donc à une femme.
Très belle lettre africaine.
A bon entendeur salut!
LaRéus Gangouéus mercredi 3 octobre 2007
https://gangoueus.blogspot.com
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D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/ba_gangoueus_07.html |
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