L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Note de lecture de Liss Kihindou proposée sur son blog "Liss dans la vallée des livres", 2009
Oui, je sais, je sais, je n'ai pas donné signe de vie ces derniers temps. Pourtant ce n'est pas faute de lecture. Que voulez-vous que je vous dise? Je suis actuellement une grande pécheresse: je passe des jours et des jours sans avoir le temps ni de lire ni d'écrire, mais je vais essayer de me faire pardonner en vous parlant de ma dernière lecture: le second roman d'Aurore Costa.
Aurore Costa fait partie de ces auteurs dont le talent dormait tranquillement, attendant son heure et des circonstances favorables pour éclore. Ayant été muselé trop longtemps, ce talent s'exprime maintenant avec force et vigueur. Son premier projet d'écriture, Aurore Costa n'a pu le traiter en un seul volume. Ainsi, après Nika l'Africaine, que je m'étais empressé de recommander aux internautes car j'avais moi-même trouvé du plaisir à le lire, voici Perles de verre et cauris brisés, qui se présente comme la suite de Nika l'Africaine.
Si le premier volume raconte l'Afrique avant l'arrivée des Européens et la colonisation et s'achève au moment de la découverte des uns et des autres, dans Perles de verre, c'est cette rencontre entre les deux continents, cette fréquentation mutuelle qui est au cœur du roman. Le titre d'ailleurs met les deux civilisations en présence à travers les mots "perles" et "cauris". Quant à l'illustration de couverture, elle va jusqu'à suggérer le brassage, l'union: on voit en effet un jeune homme blanc aux pieds d'une belle jeune fille noire, en posture galante.
Mais il n'est pas question de vous raconter toute l'histoire, il vous suffit d'imaginer une jeune adolescente, choyée, gâtée par ses parents qui exaucent le moindre de ses désirs, le moindre de ses caprices. Les nombreux employés de la maison l'ont compris: la fille des maîtres est reine chez elle et tous lui doivent obéissance, mais encore faut-il que les désirs de la reine ou de la princesse soient dans la limite du raisonnable.
Or voilà que Laulinda jette les yeux sur Miguel, le jardinier, et lui cause toutes sortes de misères pour attirer son attention? Miguel sait que s'intéresser à la fille des maîtres ne lui attirera que des ennuis. Il résiste farouchement, mais l'amour se glisse malicieusement dans leurs deux cœurs et les pousse à assumer leur attirance mutuelle. Les conséquences sont immédiates et irréversibles: comme punition, Miguel est envoyé en colonie, au grand désespoir de Laulinda qui, contre toute attente, ne renonce pas à son amoureux malgré les menaces de ses parents. Elle préfère quitter le manoir familial, le confort, l'amour des siens, elle préfère quitter son Portugal natal pour essayer de retrouver son Miguel aux colonies. Point n'est besoin de préciser que du coup ses parents la renient.
Voilà comment Laulinda débarque sur les côtes africaines, avec quelques économies qui seront vite dilapidées au contact de compatriotes cupides qui ne voient en elle qu'une "fille à papa" dont ils pourront profiter. Lorsqu'ils apprennent ses déboires, tous lui tournent le dos. Laulinda se retrouve à la rue et seule une autochtone d'un certain âge, Naboa, lui tend la main: c'est le début d'une amitié sincère entre une jeune fille blanche et une dame noire; elles ne se quitteront plus.
J'ai apprécié la subtilité avec laquelle Aurore Costa fait le lien avec le premier roman, comment le destin de Laulinda et de Miguel croise progressivement celui de Kinia, la fille de Nika, héroïne du premier volume.
Bref si vous ne connaissez pas encore cet auteur et si vous cherchez une lecture agréable pour le week-end qui s'annonce, alors vous savez quels titres demander à votre libraire.
Bonne lecture !
Liss 7 mai 2009
https://lissdanslavalleedeslivres.blogspot.com
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] Novembre 2011 https://aflit.arts.uwa.edu.au/costa_liss_09.html |
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