L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Note de lecture de Richard Joffo, "Diasporas news" no 25 (Décembre 2011), p.25.
"Le chant de Yaye", dépeint le portrait d'une femme aux valeurs exceptionnelles et qui a marqué de son empreinte philosophique et humaniste la vie de Kaïssa, une fillette qui fit ses premiers pas aux côtés de sa grand-mère.
C'est donc l'histoire d'une femme surnommée "Yaye", aux vertus exemplaires qui influença la vie de sa petite-fille Kaïssa. Cette dernière, imprégnée par la pensée de Yaye qui lui a appris que le chant est porteur de bonnes nouvelles, nous invite à un voyage au pays de l'enfance, là où les valeurs se fondent dans notre identité, là où nos esprits s'imprègnent pour forger nos personnalités. Dans ce récit, Kaïssa magnifie la mémoire d'une grand-mère dite la Fondatrice, la Conseillère, la Confidente et dont le plus riche des héritages reste ce souvenir inébranlable du modèle social et culturel.
"Le chant de Yaye" est donc un hymne à la sagesse, à l'amour et, surtout, aux grandes valeurs d'une civilisation qui honore, respecte et tire enseignement des anciens.
Divisé en onze chapitres, ce récit met en lumière les sentiment de mélancolie et de nostalgie qu'éprouve la petite Kaïssa face à la disparition de sa grand-mère et de certains des membres de la famille qui lui étaient chers tels Mam'bya, tante Méyè, Papio et bien d'autres. En outre, le récit nous fait découvrir les secrets de la vie au village. Cette vie qui était jadis, un tabernacle de savoir et de traditions que l'auteur contribue à préserver. Ainsi, le « chant de Yaye » valorise la culture des rites, des saveurs culinaires et surtout des chants le soir autour du feu, pendant le clair de lune.
Née à Port-Gentil après les indépendances, Clotilde Alléla-Kwévi, l'auteur de cet ouvrage, est la septime d'une famille de dix enfants. Passionnée de musique et de peinture, sa vie est partagée entre le chef-lieu de province du Moyen-Ogooué, Lambaréné, et la capitale gabonaise Libreville. "Le chant de Yaye" est donc un voyage, un hymne, à son enfance, et une ode au métissage.
L'AUTEURE, CLOTILDE CHANTAL ALLÉLA-KWÉVI, A BIEN VOULU RÉPONDRE À QUELQUES QUESTIONS.
COMMENT EST NÉ CE LIVRE ?
Suite à une visite de ma mère à Montpellier, alors que je venais d'accoucher de mon premier fils en 1993, ma mère et moi eûmes à échanger sur bon nombre de sujets, et notamment sur l'histoire de la famille, de son enfance, de sa mère, donc de ma grand-mère.
Au fur et à mesure de nos échanges, je compris très vite que ma mère était intéressée par mon initiative, car elle se mit à me révéler une partie de son histoire et celle de sa lignée. Un témoignage si touchant que je décidai alors d'enregistrer l'entretien, car il s'agissait vraiment d'un entretien au cours duquel je posais les question et elle y répondait avec beaucoup de sérénité. Je rangeai précieusement ces enregistrements sur cassette dans le même lot que mes disquettes de travaux de thèse.
En 1997, ma thèse en poche, et bien d'autres diplômes en plus, je rentrais au Gabon. pour célébrer ce glorieux retour, ma mère arriva de Lambaréné pour Libreville trois jours après, et ironie du sort, trois jours plus tard, elle était victime d'un accident cardio-vasculaire Elle en garda des séquelles effroyables, car elle perdait l'usage de la parole ainsi que la mobilité de son hémisphère droit, bras et jambe. Choquée, je décidai de parler pour elle, d'écrire ce qu'elle m'avait révélé et de témoigner sur l'histoire de ma grand-mère, une façon pour moi de faire revivre la mémoire de Yaye et à travers elle celle de ma mère.
QUE REPRÉSENTE DONC CE LIVRE ?
Cependant, ce livre a été fortement inspiré par les mélodies de la voix de ma grand-mère, personnage éponyme. C'est donc l'inspiration de ma grand-mère qui a rendu possible l'écriture de ce récit. En l'écrivant, j'ai eu l'impression de la sentir près de moi, fredonnant ces airs qui ont bercé mon enfance.
J'entends par airs, non pas simplement le chant mais aussi toutes les valeurs qu'elle a pu me transmettre. Le chant de Yaye est pour moi, une manière de magnifier cette grande dame qui m'a léguée le plus noble des héritages : les valeurs essentielles de la vie telles que, la liberté, le travail, le goût de l'effort, le respect de l'être (moi-même/les autres).
Pour conclure, l'écriture est pour moi, une sorte de création qui m'aide à retranscrire le passé, une histoire, c'est une ode à toutes les femmes d'antan, à toutes les grand-mères détentrices du savoirs ; je penses que nos grand-mères avaient un savoir qui s'est enfoui trop vite et qu'il nous revient de faire revivre.
POURQUOI AVOIR ATTENDU SI LONGTEMPS POUR ÉCRIRE CE LIVRE ?
Le temps pour moi n'a pas d'importance. C'est vrai que de longues années se sont écoulées entre le début de l'écriture et sa parution, mais pour moi, je ne sais pas si le chant de Yaye est réellement achevé, car il y a encore des choses à dire...
L'histoire a suivi son cours et on peut se rendre compte qu'il s'agit dans ce témoignage d'un itinéraire, de tracés de vie, enfin d'un parcours marqué par différents moments de la vie de la narratrice et du personnage principal. L'histoire prend fin avec la mort de Mam'bya fille de Yaye et aussi mère de Kaïssa. Tout le nœud de la narration se trouve dans cette trilogie Yaye/Mambya/Kaïssa
Richard Joffo Décembre 2011
Diasporas news
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] janvier 2012 https://aflit.arts.uwa.edu.au/kaissa_joffo_11.html |
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