L'AFRIQUE ECRITE AU FEMININ Notes de lecture |
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Préface de la réédition de "Rencontres essentielles" par l'Harmattan, 1995
Préface de "Rencontres essentielles"
La réédition de Rencontres essentielles répond à une demande croissante des lecteurs, mais aussi aux préoccupations communes de la recherche universitaire et de l'enseignement secondaire toujours plus soucieux d'appréhender la littérature francophone dans sa grande diversité.
La publication en 1969 de Rencontres essentielles, fut un acte d'exception dans l'histoire de la littérature romanesque de l'Afrique noire francophone où seuls les hommes avaient su s'illustrer. À la liste de romanciers tels que Ferdinand Oyono, Mongo Beti, Sembène Ousmanne, Bemard Dadié, Olympe Behly Quénum, Badiane Kouyaté, Francis Bebey, Yambo Ouologuem, etc., venait très modestement s'ajouter un nom de femme : Thérèse Kuoh Moukoury. L'ouvrage qui n'avait rien de magistral, reçut cependant un accueil favorable sans pour autant accéder au grand public.
L'historien Robert Cornevin salua l'auteur d'"un délicieux petit roman". Henry de Julliot poète et prêtre, loua "un roman bien émouvant, un bel hymne à l'amour". Le grammairien et poète Léopold Sédar Senghor releva "des qualités de rigueur dans le style et de subtile justesse dans l'analyse des caractères".
Tout en reconnaissant également des qualités à cet ouvrage, Léon G. Damas nota néanmoins son caractère inaugural en ses termes : "En Rencontres essentielles, l'Afrique vient de produire son premier roman de Delly." Sans être accablante la remarque était fortement péjorative. Mais elle soulignait bien, d'elle-même, la nouveauté que ce texte introduisait.
En effet, les auteurs africains d'alors, en grande majorité, concevaient le roman comme le cadre d'un discours de revendication, de dénonciation, de promotion ancré, directement ou indirectement, dans l'univers social. Avec Rencontres essentielles, une Afrique plus intimiste, individuelle, dans sa dimension psychologique et sentimentale, se trouvait soudain révélée. Le roman traite du couple (parmi d'autres thèmes) comme sujet unique.
Rencontres essentielles fait le tracé d'un drame qui projette Joël, Flo et Doris dans une relation triangulaire qu'offre le hasard d'un destin sur lequel ils ne peuvent guère influer. Ces personnages ne sont pas des héros de la société. Ils sont des êtres simples, plongés dans leur ordinaire humanité, à la recherche d'un bonheur, qui à peine saisi, se dérobe... Dans l'alternance des joies et des peines tissant avec une rigueur rituellique la trame de leur quotidienneté, ils livrent des émotions authentiquement humaines. C'est cette authenticité qui encore aujourd'hui, semble toucher dans ce texte
"écrit d'un style simple et dépouillé qui convient tout à fait à ce type de roman où le drame intérieur prend le pas sur l'action et le dialogue. De plus, l'absence de toute description encourage l'esprit à
"planter le décor". Entre les lignes, on sent la chaleur et les senteurs de l'Afrique. On entend les bruits d'une grande métropole africaine et les cris des enfants d'un village perdu dans la brousse. Ce style ressemble dans un tout autre genre au film de François Truffaut où les états d'âme priment sur l'action (l'époque et la pellicule noir et blanc y sont peut-être pour quelque chose).
Ce récit d'un drame intérieur... est une merveilleuse analyse du couple et de leurs Rencontres essentielles. Un très beau livre dont la lecture superficielle pourrait donner l'impression d'un vulgaire roman à l'eau de rose." (P. Pézres) |
"Je viens de relire Rencontres essentielles. C'est merveilleux. Il faut avoir beaucoup vécu et souffert pour écrire et bien lire un tel texte, ai je pensé à l'instant de le terminer.
L'amour passion... "Venus tout entière à sa proie attachée". Le style ! Quelle réussite ! Une voix qui dit d'un ton calme, comme détaché, les choses les plus bouleversantes. Le personnage de Zimba confère une résonance toute particulière au récit du drame. Et puis, il y a l'opposition si éphémère entre les êtres forts et les êtres faibles... Le livre a extraordinairement bien démontré que, dans certains cas les problèmes ne sont absolument pas liés au fait d'appartenir à telle ou telle race." (Annie Claire Jaccard) |
Thérèse Kuoh Moukoury Paris, 7 février 1995
© L'Harmattan 1995
https://www.librairieharmattan.com
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] mars 2012 https://aflit.arts.uwa.edu.au/kuoh_moukoury_harmattan_95.html |
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