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Note de lecture de Kangni Alem, blog "Lire est un plaisir", 2007
Doris Lessing, Nobel de littérature!
Pour saluer le prix Nobel de littérature attribué cette année 2007 à Doris Lessing, j'ai choisi de vous faire partager la lecture d'un de ses romans, paru en 2002, The Sweetest Dream. Un petit bijou de densité servi par une écriture classique et linéaire dont la romancière maîtrise parfaitement la complexité. Doris Lessing, une auteure à lire et relire, ou à découvrir absolument.
En toile de fond de cette saga familiale pour le moins tourmentée apparaît l'Afrique. Terrain de prédilection des révolutionnaires et humanitaires de tout poil, elle fait fantasmer Camarade Johnny qui jamais n'y mettra les pieds, comme d'ailleurs il n'a jamais foulé le sol d'Espagne non plus, aux côtés des Brigades Internationales! En revanche, Sylvia, la fille unique de Phyllida, la nouvelle épouse de Johnny, fera le voyage, une fois devenue médecin, comme elle l'avait promis à Julia. L'Afrique qu'elle rencontre a quelque chose de désolé, d'épuisant, mais pas de désespéré. Et c'est là toute la force, l'acuité du regard de Doris Lessing, qui traque de près la réalité mortifère du continent sans tomber ni dans le cliché ni dans le misérabilisme. Le combat presque solitaire de Sylvia contre le dénuement hospitalier et les ravages chez ses patients de l'épidémie du sida reflète un constat juste: pourquoi s'apitoyer, quand il suffirait, peut-être, de relever les manches, et d'aller au charbon ? Quitte à y laisser sa propre santé, avec l'espoir, néanmoins, que le don de soi nourrisse la prise de conscience généralisée. L'imagination au pouvoir, en somme, l'application sur le terrain en sus, loin des théories faciles d'un certain Camarade Johnny!
Quand s'achève le récit, trente années plus tard, nous sommes de nouveau au même endroit, à Hampstead. Frances s'est remariée; quant à Camarade Johnny, éternellement fauché, vieilli et pitoyable mais toujours aussi mythomane et têtu avec ses illusions, il est à son tour recueilli dans l'ancienne demeure de ses défunts parents, au milieu de ses petits-fils et des reliques de ce capitalisme qu'il a toujours rejeté. Les taquineries de Celia, sa petite fille, le laissent de marbre: « poor little Johnny »! Mais pas à plaindre tant que cela, puisque l'homme a désormais des disciples à qui il prend plaisir à enseigner, bien au chaud dans ses pantoufles, la Méditation et les voies tortueuses de la Révolution totale. Sacré Johnny!
Kangni Alem 28 décembre 2007
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Doris Lessing. The Sweetest Dream. London: Harper Collins Publishers, 2001, 487 pages. (Coll. Flamingo).
D'autres notes de lecture Lire les femmes et les littératures africaines [email protected] janvier 2012 https://aflit.arts.uwa.edu.au/lessing_kangni_alem_07.html |
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